Voyage à Narbonne
Notice
Au cours d'un voyage officiel dans le Sud-Est, le général de Gaulle prononce un discours à Narbonne, où il évoque l'indépendance de la France, puis la question de la bombe atomique française. Il tourne en ridicule l'opposition systématique qui se manifeste à propos de cette bombe dans certains milieux.
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Éclairage
De février 1959 à juin 1965, le général de Gaulle réalise un gigantesque tour de France qui le conduit d'un bout à l'autre de la métropole, dans toutes les provinces, dans toutes les régions. C'est pour lui l'occasion de créer un contact direct avec les Français, de " récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques " sur les grandes questions de l'heure. Le neuvième voyage officiel - du 25 au 28 février 1960 - se déroule dans le Languedoc.
Le 26 février, après avoir quitté Carcassonne et visité Limoux, le Général parvient à Narbonne. Là, une foule nombreuse et massée sur la place de l'Hôtel de Ville acclame de Gaulle lorsqu'il sort de la mairie du socialiste Francis Vals. Autour de lui se déploie le cortège d'officiels et l'on reconnaît Joseph Fontanet (le secrétaire d'État au Commerce extérieur) ou Louis Raymond-Clergue (le député de l'Aude).
Le discours est tout entier tourné vers la " politique de grandeur " poursuivie par le général de Gaulle, c'est-à-dire la création d'une troisième voie - entre Etats-Unis et URSS - pour que la France puisse peser de tout son poids sur le destin du monde. Mais cette politique exige d'être maître de sa défense militaire, et surtout, de rendre sa diplomatie crédible. Treize jours plus tôt, le 13 février 1960, la première bombe atomique française explosait à Reggane, dans le Sahara, et des voix s'étaient élevées à travers le monde pour condamner " cette démonstration de son propre progrès scientifique et technique ". Mais la France est devenue une puissance atomique, et elle peut désormais se tenir " debout à l'égard de ses amis ", sans que ceux-ci se transforment pour autant en " protecteurs ". Ainsi, le général de Gaulle cherche-t-il à créer un sentiment national qui permette de surmonter les clivages traditionnels de la vie politique et de renforcer le consensus autour de lui.
Ce document, qui n'est qu'un extrait du discours, a été diffusé au journal télévisé : il donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).