Charles de gaulle

Éclairage

Du 25 au 30 octobre 1968, le général de Gaulle accomplit un voyage officiel en Turquie. Reçu à l'aéroport d'Ankara par le président de la République turque Cevdet Sunay, il répond à son allocution de bienvenue par un discours protocolaire dans lequel il souligne l'estime et l'attirance des peuples turcs et français l'un envers l'autre, rend hommage à Ataturk, fondateur de la Turquie moderne, insiste sur le désir d'indépendance de la Turquie (ce qui rejoint sa préoccupation majeure sur l'indépendance des peuples).

Après avoir gagné leur résidence du Palais des Affaires Etrangères, le Général et Mme de Gaulle se rendent au mausolée d'Ataturk où de Gaulle dépose une gerbe. Puis les hôtes de la Turquie visitent le musée Ataturk.

Serge Berstein

Transcription

(Silence)

Sunay Cevdet

[Turc]

Traducteur

Monsieur le Président, votre arrivée coïncide avec une période riche en événements d'une importance toute particulière pour la vie politique internationale.

Sunay Cevdet

[Turc]

Traducteur

Pour ces raisons, monsieur le Président, votre visite constituera sans doute un événement mémorable dans la promotion de l'amitié turco-française.

Sunay Cevdet

[Turc]

Traducteur

Les relations entre nos deux pays désormais porteront l'empreinte de votre personnalité et de cette visite.

(Applaudissements)

Monsieur le Président, je suis très heureux et très honoré d'être ici à votre aimable invitation. Comme vous l'avez dit, monsieur le Président, il y a bien longtemps que la Turquie et la France sont en relation étroite comme toutes deux ont été, de tout temps, aux prises avec l'histoire, c'est-à-dire avec l'épreuve, ces relations furent variables à mesure des événements. Mais quoi qu'il soit arrivé, jamais nos deux peuples n'ont cessé de s'estimer et d'être attirés l'un vers l'autre. Nous le pensons, d'autant plus, nous, les Français, monsieur le Président, que nous mesurons l'immense transformation qui est en train de s'accomplir chez vous. Depuis qu'à l'appel du Grand Atatürk, votre pays en a fait son premier but national. Et aussi, nous savons quelles sont, d'une part, la volonté d'indépendance de la Turquie et d'autre part, l'importance qu'elle a dans la partie essentielle du monde où elle se trouve située. C'est dire que nous souhaitons que la coopération franco-turque se resserre pour la marche vers le progrès et que nous sommes tout disposés à rapprocher notre politique de la sienne. C'est dire aussi, monsieur le Président, quelle portée peuvent avoir les entretiens que nous aurons avec vous-même, avec monsieur le Premier Ministre, avec le gouvernement turc. Samimî dostluklarimla Fransa'nin selâmini sunarim. [En toute amitié, j'apporte au grand et vaillant peuple turc le salut de la France.]

(Silence)

Journaliste

Dès leur arrivée à Ankara, le Président de la République et madame de Gaulle devaient se rendre à leur résidence, le Palais du Ministre des Affaires Etrangères. Puis, le premier geste officiel du général de Gaulle dans cette ville dont Atatürk fit la capitale de la Turquie, devait être précisément un hommage au fondateur de la République, au créateur de la Turquie moderne. Construit sur une acropole dominant la ville, le mausolée d'Atatürk auquel on accède par une chaussée bordée de lions inspirés de la sculpture hittite, a été achevé en 1953. C'est au pied du mausolée que le général de Gaulle devait déposer une couronne de fleurs. Le corps d'Atatürk, qui mourut à Istanbul le 10 novembre 1938, repose, là, sous un bloc de marbre de quarante tonnes.

(Silence)

Journaliste

Après une visite du musée Atatürk où sont rassemblés quelques souvenirs personnels et des documents, rappelant la vie du héros, le Président de la République devait regagner sa résidence située dans ce vaste parc, tout à côté du Palais présidentiel. C'est là qu'habiteront le général et madame de Gaulle pendant tout leur séjour à Ankara. Un dîner officiel de cent couverts devait avoir lieu ce soir, offert par le Président de la République et madame Sunay dans les salons du Palais présidentiel, suivi d'une réception. Et c'est seulement ce soir vers 23h30 que le Président et madame de Gaulle doivent regagner leur résidence.