Conférence de presse à Matignon
Notice
Avant l'ouverture de la campagne pour l'élection de la nouvelle Assemblée nationale, le général de Gaulle convoque la presse à Matignon. La conférence est diffusée dans le cadre du JT de 20 heures. Le général revient d'abord sur le référendum du 28 septembre, et souligne l'importance des élections législatives à venir. Il aborde ensuite la question de l'Algérie, le rôle qu'y tient l'armée française, les actions menées par le FLN. Il évoque ensuite le problème du désarmement et la question de l'arme atomique en France.
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Éclairage
Après le succès du référendum du 28 septembre 1958 où 80% des Français ont approuvé la constitution de la V République et alors que s'ouvre la campagne électorale pour la désignation des députés à l'Assemblée nationale qui doit avoir lieu les 23 et 30 novembre, le général de Gaulle réunit à l'Hôtel Matignon, siège de la présidence du Conseil, une conférence de presse, la première depuis son retour au pouvoir, pour faire le point de la politique de son gouvernement.
Après une introduction liminaire dans laquelle il exalte l'oeuvre accomplie depuis son accession à la tête du gouvernement, il répond aux questions des journalistes qui l'interrogent sur les grands problèmes du moment. Deux d'entre eux retiennent particulièrement l'attention, la situation en Algérie et la position française sur la cessation des expériences nucléaires. Sur le premier point, de Gaulle fait l'éloge de l'action de l'armée en Algérie qui combat le terrorisme, protège les vies et les récoltes, aide la population musulmane sur tous les plans. Considérant comme sans issue le combat du FLN, il invite les membres de celui-ci à déposer les armes et à retourner à leur travail et à leur famille, leur proposant la "paix des braves ". Quant à l'avenir de l'Algérie, il refuse d'en décider, jugeant que des solutions se dégageront à mesure que se dérouleront des consultations démocratiques et que les progrès économiques du Plan de Constantine transformeront le visage de l'Algérie. Mais il envisage l'avenir comme celui d'une "personnalité algérienne" liée à la France.
Sur le second point, le refus de la délégation française à l'ONU d'accepter la cessation des expériences nucléaires s'explique pour le général de Gaulle par le rejet de la manoeuvre des trois puissances atomiques que sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la "Russie" afin d'empêcher que d'autres Etats accèdent à l'armement nucléaire et, spécifiquement la France qui est sur le point d'y parvenir. Or si de Gaulle se déclare partisan d'un désarmement nucléaire généralisé, il se refuse à le pratiquer unilatéralement, dès lors que les autres grandes puissances conserveraient leur arsenal. Il est clair qu'à ses yeux, il y va du prestige et du rang de la France dans le monde.