Quelles institutions pour l'Europe ?
Notice
En juillet 1953, un armistice est signé en Corée mais les Etats-Unis accentuent leur pression pour la création d'une armée européenne placée sous leur contrôle. Le septennat du Président de la République Vincent Auriol s'achève en décembre de la même année. Le général convoque le 12 novembre une conférence de presse pour faire l'analyse de la situation internationale, rappeller les solutions qu'il préconise et commenter le rôle du RPF.
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Éclairage
L'année 1953 est dominée, dans le monde, par le début d'une "première détente" des relations internationales après la mort de Staline en mars et la fin de la guerre de Corée en juillet. En Europe, l'heure est à la construction : la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) est installée et le traité de Paris du 27 mai 1952 a institué la Communauté Européenne de Défense (CED). Mais il reste, en France, à ratifier le traité de la CED ce qui n'a pu être fait un an et demi après sa signature tant le débat fait rage dans les milieux politiques. Dès le 6 juin 1952, de Gaulle a pris position contre la CED et les gaullistes, comme les communistes - et parfois ensemble dans des tribunes ou affiches communes voire dans des meetings communs - figurent parmi les plus grands adversaires de la CED dont ils rejettent l'atteinte à l'indépendance nationale, le réarmement de l'Allemagne, la fusion des armées nationales dans une armée européenne, trop soumise aux Etats-Unis. Aucun gouvernement n'inscrit la ratification à l'ordre du jour par peur de voir sa majorité éclater.
Ce combat gaulliste n'a pas faibli malgré les déboires du RPF. Mal remis du semi-échec électoral de 1951 et de la déchirure du groupe gaulliste face à Pinay en 1952, le RPF vient d'essuyer au printemps 1953 une très grosse défaite aux municipales. De Gaulle en a tiré une leçon : le 6 mai 1953, il retire le RPF de la vie électorale et parlementaire tout en affirmant :"il est plus que jamais d'intérêt public que le Rassemblement, dégagé de l'impasse électorale et parlementaire, s'organise et s'étende dans le pays pour accomplir sa mission. . .".
Dans son discours du 12 novembre 1953, de Gaulle a rappelé tous les axes forts de son projet pour la France dans le monde. De Gaulle intervient désormais essentiellement sur les questions de politique extérieure, concentrant son combat sur l'opposition à la CED et sur ses propositions en faveur de l'Europe, attaquant "l'inspirateur" (Monnet) auquel tout l'oppose quant à l'avenir de l'Europe. Il accuse les gouvernements de la IVe République de faiblesse.
La position du général de Gaulle est importante car la France doit élire un nouveau président de la République et l'élection - le 23 décembre - a montré l'importance des clivages entre "cédistes" et "anti-cédistes". Le 30 août 1954, fidèles aux conceptions du général de Gaulle, les députés gaullistes - issus du RPF - contribuent par leur vote à la non ratification du traité de Paris et à l'échec de la CED.
Bibliographie :
Fondation Charles de Gaulle-Université de Bordeaux 3, De Gaulle et le RPF 1947-1955, Paris, Armand Colin, 1998.