Plaidoyer pour l'"association" dans les entreprises
Notice
Le général de Gaulle a appelé les délégués des groupes d'entreprises du RPF à venir l'entendre et c'est devant la salle comble du Vélodrome d'hiver à Paris qu'il stigmatise le communisme international, rappelle son objectif de réformes sociales et exprime le souhait que le peuple soit rapidement consulté.
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Éclairage
Le discours du général de Gaulle s'inscrit dans un double contexte international et national où les questions sociales occupent une place majeure. La guerre froide, née en 1947, ne voit-elle pas l'opposition de deux modèles, l'un occidental, porté par les Etats-Unis, celui de la démocratie libérale, de l'économie de marché et du capitalisme et l'autre, porté par l'URSS, celui de la démocratie marxiste, de l'économie collectivisée et du socialisme ? A l'intérieur, la France a connu en 1947-1948 un climat social et politique tendu et très agité, marqué par de très importants conflits sociaux - les plus forts depuis 1936 -, avec des grèves longues et insurrectionnelles et par une rupture entre le PCF et les autres partis du tripartisme (SFIO-MRP). L'anticommunisme de la Troisième Force au pouvoir et des gaullistes dans l'opposition s'est exprimé avec vigueur pour empêcher une dérive politique du mouvement social.
De Gaulle ne s'est pourtant jamais contenté de s'opposer aux communistes (qualifiés de "séparatistes" depuis le discours de Rennes en 1947). Dès la naissance du RPF, il a présenté la transformation sociale comme un des objectifs majeurs du gaullisme. Il en a présenté les fondements dans son discours de Saint-Etienne le 4 janvier 1948. C'est le projet d'Association Capital-travail, volet social du gaullisme, troisième voie entre capitalisme et communisme. Soutenu par de Gaulle, théorisé et défendu par des gaullistes comme Baumel, Capitant, Vallon, Bridier, cet objectif n'a pas été réalisé, au temps du RPF et à peine ébauché sous la Ve République, sous la forme de la "participation". L'Association n'a pas rencontré dans l'électorat et les milieux gaullistes le soutien voulu : n'était-elle pas à la fois trop à gauche, trop ambitieuse et trop difficile à mettre en oeuvre concrètement pour être mise en oeuvre ?
Bibliographie :
Patrick Guiol, L'impasse sociale du gaullisme. Le RPF et l'Action ouvrière, Paris, Presses de la FNSP, 1985.
Fondation Charles de Gaulle-Université de Bordeaux 3, De Gaulle et le RPF 1947-1955, Paris, Armand Colin, 1998.