Visite à Sud-Aviation, Toulouse

14 février 1959
09m 35s
Réf. 00026

Notice

Résumé :

Le 14 février 1959, lors d'un voyage officiel dans le Sud-Ouest, le général de Gaulle prend la parole à l'usine "Sud Aviation" de Toulouse, devant les très nombreux ouvriers venus l'écouter. Après avoir visité les ateliers, le Général rend hommage au travail des ouvriers et les remercie pour leur action, qui fait briller dans le monde la technologie, le progrès et l'innovation française, et dont la "Caravelle" constitue un des fleurons.

Type de média :
Date de diffusion :
14 février 1959

Éclairage

De février 1959 à juin 1965, le général de Gaulle réalise un gigantesque tour de France qui le conduit d'un bout à l'autre de la métropole, dans toutes les provinces, dans toutes les régions. C'est pour lui l'occasion de créer un contact direct avec les Français, de "récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques" sur les grandes questions de l'heure. C'est par le Sud-ouest qu'il entame sa tournée, qui le mène de Toulouse à Foix, de Perpignan à Lacq et à Pau.

Première étape de son voyage officiel, le 14 février : Sud-Aviation, ancêtre d'Airbus, d'où sort "la rapide, la sûre, la douce Caravelle". Le Général - qui est entouré des ministres Berthoin, Bouloche et Buron - est guidé par le président Georges Hereil à travers la chaîne de montage. Puis de Gaulle accède à la tribune et prend la parole devant les très nombreux ouvriers et employés venus l'écouter.

L'un des thèmes dominants du discours est celui de la modernisation de la France et de la région, du redressement de leur économie et du dynamisme de leur jeunesse. La mise en place du Plan Pinay-Rueff et la planification (IIIe Plan) de 1958 offrent le cadre nécessaire au surgissement des industries de pointe dont Sud-Aviation - félicitée et remerciée par le Général - est un glorieux exemple (les différents modèles de la Caravelle seront commercialisés dans le monde entier).

En ce début 1959, il s'agit aussi de roder les institutions de la Cinquième République, mais surtout, de sortir de l'impasse algérienne. Ainsi, sans jamais l'évoquer directement, le Général appelle-t-il néanmoins à l'union nationale et au redressement "au-dedans et au-dehors" d'une France dont la mission est "de servir l'homme partout où il est sur notre terre".

Diffusé au journal télévisé, ce reportage était alors commenté en direct, mais les propos du journaliste n'ont pas été enregistrés : c'est pourquoi une partie du document est muette. Pour le général de Gaulle, la retransmission de ces voyages - qui confine au rituel - est essentielle : elle donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).

Aude Vassallo

Transcription

(Silence)
Charles de Gaulle
Je suis profondément impressionné, Messieurs, de ce que je vois en venant à Sud-Aviation. Ce qui m'a été montré très rapidement m'a frappé. La splendeur, je peux le dire, l'immensité, ce qu'il y a de moderne, de neuf, de bien fait, dans les halls de montage où j'ai été rapidement conduit, et aussi dans le hall d'essai que je viens de voir une minute. Et puis, c'est vous tous, et vous toutes aussi mesdames, ici réunis, qui m'impressionnez. Vous avez de la chance, permettez-moi de vous le dire, parce que tous, toutes, autant que vous êtes avec ce qui sont, ce que sont, inévitablement vos soucis, vos ennuis, souvent vos peines. Cependant, vous faites partie d'une grande oeuvre. Vous avez un beau et grand travail à accomplir ensemble. Vous réussissez. Il sort de chez vous, en exemplaire de plus en plus nombreux, la rapide, la sûre, la douce Caravelle qui s'en va par le ciel, bientôt dans tous les pays du monde, pour représenter la France, mais oui, ce qu'elle est capable de faire, ce qu'elle sait faire quand elle le veut, et quand ses enfants se mettent ensemble pour l'accomplir. Vous avez de la chance, moi aussi. Moi aussi, puisque sur la route assez difficile qu'il me faut suivre, depuis déjà pas mal d'années, pour le service de notre pays, c'est pour moi un réconfort, c'est une aide de me retrouver au milieu de vous, et de constater, à mon tour, sur place, ce que la Nation sait faire quand elle s'en donne la peine, et ici, c'est le cas. Alors je le répète, ici je sens que j'ai rencontré la chance. La France aussi a de la chance, malgré ses difficultés, malgré tous les obstacles qui se dressent devant son redressement au dedans d'elle-même et au dehors. Des réalisations comme les vôtres lui prouvent, autrement dit, vous lui prouvez qu'elle est digne d'elle-même, qu'elle est la France. Qu'elle le montre et qu'elle fait en sorte qu'on le sache, partout dans le monde. Non pas pour braver personne, non pas bien sûr pour insulter personne, mais pour remplir sa mission, sa vocation, qui est de servir l'Homme, partout où il est sur notre terre. Votre travail y contribue et la France vous en dit : merci. Je n'ai rien d'autre à ajouter sinon quel plaisir vous m'avez fait en vous trouvant toutes et tous, ici, autour de moi ce matin, tous mes voeux, je vous les laisse, si vous voulez bien, à chacune, à chacun de vous, à vos familles, à Sud-Aviation, à la grande oeuvre que vous accomplissez ensemble. Vive la République, vive la France !