Matthias Langhoff met en scène Désir sous les ormes d'Eugene O'Neill au Théâtre Nanterre-Amandiers
Notice
En 1993, Matthias Langhoff reprend au Théâtre Nanterre-Amandiers sa mise en scène de Désir sous les ormes d'Eugene O'Neill. La pièce représente le destin tragique d'une famille installée au XIXe siècle dans une ferme de la Nouvelle Angleterre. Entre mise à distance et réalisme, le dispositif scénographique est impressionnant. Interviews de Matthias Langhoff et d'Evelyne Didi, comédienne.
Éclairage
Né en 1888 et mort en 1953, Eugene O'Neill était un auteur de théâtre américain d'origine irlandaise. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1936, il a composé une quarantaine de pièces dont plusieurs marquèrent l'histoire du théâtre nord-américain. Entre réalisme et expressionnisme, son esthétique renvoie à l'univers particulier du super-naturalisme qui trouve ses racines chez August Strindberg. Le dramaturge s'inspire du désespoir familial et de son désenchantement personnel pour élaborer une œuvre analysant les comportements intimes et sociaux d'une Amérique en construction.
Écrit en 1924, Désir sous les ormes représente le drame d'une famille installée en Nouvelle Angleterre. L'action se passe en 1850. Ephraïm Cabot, un vieil immigré irlandais, revient dans sa ferme auprès de ses trois fils, nés de deux mariages précédents. Il est accompagné d'Abbie, sa troisième femme, qui convoite la propriété du fermier. Tandis que les deux fils aînés d'Ephraïm rêvent de partir à l'Ouest, Eben demeure viscéralement attaché à cette terre « ingrate » où le blé pousse à travers les pierres. La relation adultérine qu'il noue avec sa belle-mère précipite les personnages vers un destin tragique.
En 1992, Matthias Langhoff met en scène la pièce, traduite par Françoise Morvan, au Théâtre National de Bretagne à Rennes. Le reportage, diffusé le 13 janvier 1993 lors du journal de 20h (France 2), est réalisé à l'occasion de la reprise du spectacle au Théâtre Nanterre-Amandiers. Aux peintures de Catherine Rankl, qui représentent un crépuscule tourmenté, s'ajoute la scénographie conçue par le metteur en scène. Le dispositif se présente de prime abord par la présence d'un immense cylindre de tulle vertical qui isole la scène de la salle. Envahi par le brouillard, le plateau est incliné et recouvert de terre et de pierraille. Outre les multiples outils agricoles, notons la présence d'une vache et d'un cheval de trait. La pièce s'ouvre avec la voix « off » d'Alain Cuny lisant les didascalies liminaires avec lesquelles Matthias Langhoff a pris une grande liberté. Parmi les acteurs figurent Jean-Marc Stehlé (également créateur des costumes de la pièce), qui interprète le personnage d'Ephraïm, Clovis Cornillac (Eben) et Evelyne Didi (Abbie). Le reportage insiste sur l'importance du puritanisme qui traverse la pièce, tandis que Matthias Langhoff, dans une interview, souligne la richesse du travail d'O'Neill sur la psychologie de ces personnages rongés par le désir et la cupidité. Evelyne Didi revient enfin sur la place de la femme qui cherche à exister dans un monde rustre et masculin.