L'Acte inconnu de Valère Novarina en ouverture du Festival d'Avignon

07 juillet 2007
02m 27s
Réf. 00025

Notice

Résumé :

Répétitions de L'Acte inconnu de Valère Novarina, mise en scène par l'auteur, dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, avant l'ouverture du Festival d'Avignon 2007. Interviews de Valère Novarina et de Dominique Pinon.

Date de diffusion :
07 juillet 2007
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 journal )
Fiche CNT :

Éclairage

Le reportage, diffusé au cours du journal Soir 3 le 7 juillet 2007, présente L'Acte inconnu, pièce écrite et mise en scène par Valère Novarina et qui sera créée le soir même dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes en ouverture du Festival d'Avignon. Il comprend plusieurs extraits des répétitions et les interviews de l'auteur/metteur en scène et de Dominique Pinon, comédien.

La composition de la pièce fut notamment l'occasion pour Valère Novarina de réécrire des formes déjà expérimentées en vue de leur confrontation avec l'espace exceptionnel de la Cour d'Honneur. Comme dans les œuvres antérieures du dramaturge, la dérision et la provocation aident l'écriture à revenir aux racines du théâtre et de la langue. Construit en quatre parties, le spectacle fait régulièrement intervenir le jeu avec la marionnette où le comédien devient parfois pantin. A la faveur du jeu théâtral, le comédien fait ici l'expérience répétée de la mort et du verbe. L'ensemble de la représentation souligne ainsi la précarité du corps de l'homme. Le masque devient mortuaire et convoque la présence de Daniel Znyk, comédien et compagnon de route de l'écriture de Valère Novarina, décédé le 12 septembre 2006.

Dominique Pinon, qui fait partie de la distribution, avait interprété seul en scène un précédent texte du dramaturge : Pour Louis de Funès (créé en 1998 dans une mise en scène de Renaud Cojo) offrait déjà une intense réflexion sur le travail de l'acteur. Le témoignage du comédien dans le reportage insiste sur la façon dont le langage à l'œuvre dans la pièce met à l'épreuve le corps et le souffle de l'acteur dont la virtuosité est sans cesse requise.

L'Acte inconnu détourne et déforme le discours politique ainsi que les stratégies langagières d'information et de communication utilisées par les médias. « La Machine à dire beaucoup », protagoniste récurrent du théâtre de Valère Novarina, participe de cette dénonciation. A l'inverse, l'auteur tend à retrouver, à l'intérieur du drame, le « mystère » de la parole que le comédien porte en « offrande » à l'espace théâtral. La représentation apparaît alors comme l'expression du rapport organique entre le corps de l'acteur et le texte dramatique. Ce rapport est constamment mis en avant dans la scénographie de Philippe Marioge.

Celle-ci contraste avec l'architecture séculaire de la Cour d'Honneur du Palais des Papes. Le Festival fête cette année-là son soixantième anniversaire. L'ouverture du Festival est traditionnellement un événement très attendu par la critique et le public. Le reportage revient sur les réactions passionnées suscitées par les créations antérieures de Valère Novarina qui entretient avec le Festival une relation privilégiée. Le journaliste semble anticiper les réactions de l'assistance en rappelant l'originalité mais aussi l'exigence de la dramaturgie ici présentée.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentateur
Cela fait 60 ans qu’Avignon se transforme chaque été en capitale du théâtre. La consécration est de pouvoir jouer dans la cour d’honneur du Palais des papes. Cette année, Valère Novarina avec sa nouvelle pièce L’acte inconnu a l’honneur, justement, de s’y produire. Dans le passé pourtant ses créations n’avaient pas toujours fait l’unanimité. Présentation Michel Vial et Laurent Fabioux.
Comédien 1
Avec vous, ici bas et là-bas vers ici !
Comédienne 1
L’eau du bain !
Journaliste
Valère Novarina est un habitué d’Avignon. Il y suscite régulièrement des polémiques depuis 20 ans et sa nouvelle pièce qui fait en ce moment même l’ouverture du festival "in" dans la prestigieuse Cour d’honneur du palais des Papes n’échappera sans doute pas à la tradition.
Comédien 2
… ne peut pas tenir tout seul en repos dans un seul cadavre, il en a trop fait le tour.
Journaliste
Il faut dire que les 2 heures et 25 minutes d’un texte très dense au langage incroyablement riche ont de quoi déconcerter 2000 spectateurs, même s’ils sont charmés par un vocabulaire, un rythme et une syntaxe plutôt rarement utilisés.
Comédien 2
J’ai mal au trou de lumière. Ici bas dans ma cahute.
Valère Novarina
Par rapport au langage mécanisé par exemple des médias ou ce qu’on est en train de faire en ce moment avec l’industrie de l’explication, l’industrie de la communication, retrouver un volume dans le langage, un mystère de parler, une danse de la parole, une offrande de la parole.
Journaliste
Valère Novarina aime les listes, les litanies, l’accumulation des noms familiers ou bizarres égrenés de manière obsédante. Sa langue polymorphe exige une virtuosité admirable des comédiens.
Dominique Pinon
Mort à la mort ! Mort à la mort ! Il y a cette façon de creuser le langage, de travailler le langage, de s’amuser avec la mémoire des acteurs. Il y a quelque chose de très physique, de très énergétique qui me plaît et que j’ai beaucoup de plaisir à retrouver à chaque fois.
Comédien 4
La délégation à la concordance des utopies possibles dans la différence plurielle, les désanimés vitaux…
Journaliste
Créé ce soir en Avignon, dans le décor intemporel de la nuit et de la pierre, L’acte inconnu de Valère Novarina cristallise les angoisses d’un auteur qui ne dédaigne ni la dérision ni la provocation. Sa verve brillante transforme une nouvelle fois le vieux bastion de la papauté en un lieu inspiré, même si son jeu verbal peut ne toucher qu’un public averti.