La Classe morte de Tadeusz Kantor

29 février 2000
01m 05s
Réf. 00119

Notice

Résumé :

Dans le cadre du Festival Mondial du Théâtre de Nancy de 1975, Tadeusz Kantor présente sa dernière création, La Classe morte, qui met en scène des vieillards dans une salle de classe, accompagnés de mannequins figurant leur double plus jeune. Kantor était déjà venu à Nancy en 1971 avec La Poule d'eau.

Date de diffusion :
29 février 2000
Fiche CNT :

Éclairage

Tadeusz Kantor (1915-1990) est un peintre et metteur en scène polonais, formé à l'Académie des Beaux-Arts de Cracovie. Il fut un des metteurs en scène les plus importants du XXe siècle, et un des personnages incontournables de la vie artistique occidentale du siècle dernier. Sa conception radicale du théâtre, héritière du dadaïsme, d'Antonin Artaud ou des futuristes, ne cessera de surprendre et de questionner les spectateurs. La mort traverse toute son œuvre, fil rouge effroyable, qui rappelle sans arrêt que l'humanité a fait son lit de l'horreur et du désastre. La Classe morte, présentée en 1975 au Festival mondial du théâtre de Nancy, offre la vision d'une classe de vieillards, portant chacun sur leur dos la figure de l'enfant qu'ils ont été un jour, et qui est mort il y a bien longtemps. Une classe en décomposition, qui joue une danse macabre, chaque personnage replié sur ses obsessions puériles. Fortement marqué par la Seconde Guerre mondiale - durant laquelle il fonda le Théâtre Clandestin Indépendant - et les camps de concentration, dans lesquels son père a trouvé la mort en 1944, ainsi que par l'attitude de ses compatriotes, Tadeusz Kantor n'a de cesse de montrer la face sombre de l'humain. Il publie un manifeste en 1975, intitulé Le Théâtre de la Mort - qui n'est pas sans rappeler le Théâtre de la Cruauté d'Artaud - dans lequel il écrit : « Tout cela a commencé longtemps, longtemps auparavant avant le spectacle dont il est question ici. Dans mon imagination, et peut-être dans ma nature était ancrée très nettement l'image de la fin, de la fin de la vie, de la mort, de la catastrophe, de la fin du monde, Non sans raison ! »

Le théâtre de Kantor est un théâtre qui s'appuie plus sur le visuel que sur le texte. Il travaille de manière approfondie sur les corps des acteurs, les scénographies et les éléments plastiques du spectacle, ainsi que sur le son. Toujours présent sur le plateau, il continue de diriger les comédiens pendant les représentations, comme un chef d'orchestre dans l'ombre. Dans cet extrait de La Classe Morte, on le voit battre la mesure de cette ronde macabre, dont il semble tirer les ficelles et où le spectateur ne distingue plus très bien quels sont les vivants et quels sont les inanimés. La Classe morte est le deuxième spectacle que Kantor présente en France. Il était déjà venu en 1971 au Festival de Nancy avec La Poule d'eau de Witckiewicz. En 1977, La Classe morte est reprise au Festival d'Automne à Paris, qui touche un public différent de celui du Festival de Nancy, et élargit encore la réputation du metteur en scène polonais en France. Kantor continue de mener ses projets artistiques jusqu'en 1990, année de sa mort.

Sidonie Han

Transcription

Journaliste
Loin des grands lieux scéniques du festival, le public se presse chaque jour devant un gymnase qui accueille une classe. Ce ne sont pas des enfants qui sont sur les bancs de l’école, mais des vieillards sinistres. C’est Kantor lui-même, revenu à Nancy qui dirige La Classe morte, un cauchemar destiné à réveiller la conscience endormie des spectateurs.
(Musique)