L'Orestie par Olivier Py au Théâtre de l'Odéon

18 juin 2008
03m 57s
Réf. 00316

Notice

Résumé :

Extrait du 3e épisode d'Agamemnon, première pièce de la trilogie, avec le dialogue d'Agamemnon et de Clytemnestre. Entretien avec Olivier Py, qui commente la présence d'une DS noire sur scène pour figurer le char d'Agamemnon et revendique l'enracinement de son théâtre dans une tradition. Extrait d'une interview de Roland Barthes sur la valeur symbolique de la DS.

Date de diffusion :
18 juin 2008
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Seule trilogie conservée du théâtre tragique grec, L'Orestie est jouée en 458 av. J.-C. et obtient le premier prix au concours dramatique des Dionysies, comme toutes les précédentes pièces d'Eschyle. L'enchaînement des trois tragédies permet de suivre les derniers chocs de la malédiction des Atrides, l'assassinat d'Agamemnon de retour de Troie par Clytemnestre et son amant Egisthe, puis la mise à mort des assassins par Oreste, et enfin les tourments que les Erinyes, déesses vengeresses, infligent à ce dernier ; la spirale de la violence finit cependant par être dépassée grâce à l'intervention d'un tribunal impartial réuni par Athéna, l'Aréopage, qui proclame l'acquittement d'Oreste et transforme les Erinyes en Euménides, déesses « bienveillantes » chargées de garantir le respect des lois. Ainsi la violence archaïque trouve sa résolution dans la naissance des institutions démocratiques, qui assurent une justice équitable.

Pour sa mise en scène de L'Orestie au Théâtre de l'Odéon en 2008, Olivier Py a retraduit entièrement le texte d'Eschyle afin de lui rendre ses effets directs et incisifs. Les parties chorales, portées par un quatuor à cordes sur une musique de Stéphane Leach, sont dites en grec ancien et surtitrées en français, ponctuant ainsi l'action tragique d'un chant solennel aux allures liturgiques. La scénographie, chargée et volontiers monumentale, mêlant statuaire antique et objets modernes, s'organise dans la verticalité du combat qui se joue entre les divinités infernales et les dieux olympiens : de l'espace des morts, situé sous une trappe en soubassement de la scène, on monte jusqu'au surplomb d'Athéna, qui appelle les hommes à voter pour juger Oreste.

Céline Candiard

Transcription

Présentateur
Agamemnon, première partie de la trilogie de l’Orestie, d’Eschyle. C’est jusqu’au 21 juin. Extrait Philippe Gérard, Frédérique Gille Rotrou.
Nada Stranscard
Puis Dieu de Léda, gardienne de ma maison. Mon absence, comme ta parole, ont été trop longues. Quand il vient de sa propre famille. [Inaudible] est obscène. Ce cérémonial ne peut que m’endormir. Nous ne sommes pas chez les barbares, inutile de te prosterner, de pousser des cris, inutile aussi de dérouler ce tapis rouge. Je ne veux pas créer de jalousie. Ce sont les Dieux qui ont droit à cela. J’ai comme peur de ce tissu éblouissant. Je ne suis pas un dieu. Je suis un homme.
(Silence)
Olivier Py
Voilà, c’était Nada Strancar dans le rôle de Clytemnestre mais qu’on n’a pas entendu.
Présentateur
Voilà, on ne l'a pas entendu. Et enfin il rentre au pays après Troie, quoi, hein, donc... Il va se passer des choses assez, assez dures. Alors, par rapport à ce qu’on a vu là et par rapport à la critique de certains de mes confrères, j’ai pu lire Py a plutôt une conception classique du théâtre. Or, on va regarder en image une chose qui se passe sur votre scène dans Agamemnon. Et je me disais que ben là, il y avait une manière de finalement de faire un pied de nez à cette critique qui vous reproche un certain classicisme dans la mise en scène.
Olivier Py
Non, mais vous savez, comme toujours. On me reproche à la fois d’être iconoclaste et à la fois d’être classique puisqu’il y a un malentendu sur le théâtre. Le théâtre, je crois, ne s’invente pas ex-nihilo. Il faut faire très attention à l’invention des formes au théâtre puisque tout disparaît chaque soir. Donc, le théâtre est toujours fait à la fois d'héritages et à la fois d’innovations formelles.
Présentateur
En voilà une ?
Olivier Py
Oh oui. C’est une... pas vraiment une innovation. C’est pas la première fois qu'il y a une voiture qui rentre sur...
Présentateur
Enfin dans une tragédie d’Eschyle, à ma connaissance à peu près, hein.
Olivier Py
Il y a un char... Il y a un char qui est censé incarner à la fois le pouvoir et le pillage. Donc, ce qui m’intéressait c’était surtout qu’ils aient volé des statues à Troie.
Présentateur
Alors, j'ai retrouvé, je vais vous faire... c'est un petit clin d’œil, mais Lecture pour tous, Pierre Desgraupes, 29 mai 1957. Il reçoit Roland Barthes, pour Mythologie. Et dans Mythologie, il parle de la DS. Et écoutez ce que Barthes dit de la DS et qui vous renvoie aux Dieux. Regardez bien.
Rolland Barthes
Je crois, en effet, que maintenant une automobile, surtout, une automobile nationale, n’est-ce pas, appartenant à une marque nationale est vraiment à la fois le produit d’un travail collectif anonyme d’ouvriers, d’ingénieurs et en même temps, rencontre une très grande consommation collective exactement comme pouvaient être à la fois produits et consommés les grands édifices religieux du Moyen-Age.
Journaliste
Oui ! Mais vous pensez qu’il y a un mythe citroëniste ?
Rolland Barthes
Oui, c’est bien possible ! Enfin, la nouvelle Citroën, en tout cas, quand elle est apparue, la DS 19 a vraiment fonctionné comme alors aussi un objet magique luisant sans jointure avec beaucoup de vitres, une sorte d’objet tombé du ciel comme dans les contes de Voltaire.
Présentateur
Donc, vous restez classique ?
Olivier Py
On y avait, effectivement, un petit peu pensé mais je crois que Citroën aussi en appelant cette voiture une DS c’était pas tout à fait innocent.