Prométhée d'Eschyle au TNS
Notice
Stéphane Braunschweig, jeune directeur du Théâtre National de Strasbourg, dirige ses élèves de l'Ecole du TNS dans leur travail de plateau. Il est ensuite interrogé sur son nouveau spectacle, Prométhée enchaîné, dont trois extraits sont montrés.
Éclairage
Dans sa Théogonie, Hésiode dépeint Prométhée sous les traits d'un fourbe et d'un fauteur de troubles qui n'aurait donné le feu aux hommes que pour mieux ébranler la puissance ordonnatrice de Zeus. Tout autre est le portrait qu'Eschyle fait de lui dans Prométhée enchaîné, premier volet d'une trilogie dont la suite a été perdue : Prométhée y devient le bienfaiteur de l'humanité, un héros sacrificiel auquel le chœur des Océanides chante sa compassion. Le monde divin et le pouvoir de Zeus, le roi des dieux, y sont représentés sous des couleurs brutales et tyranniques. Il est cependant à croire que les deux volets suivants de la trilogie, Prométhée délivré et Prométhée Porte-feu, donnaient à voir l'abandon de la violence primitive et l'avènement d'un ordre juste.
Directeur du Théâtre National de Strasbourg depuis 2000, le jeune metteur en scène Stéphane Braunschweig met en écho l'histoire de Prométhée avec les audaces et les ambitions de la science à l'aube du XXIe siècle. Les débats qui agitent le monde des dieux sont alors donnés à entendre dans tout ce qu'ils ont de complexe et d'indécidable, Prométhée apparaissant tour à tour comme un champion de la liberté ou comme un apprenti-sorcier frappé d'hybris. Le recours à une scénographie résolument technologique, avec un plateau tournant, un écran vidéo et la planche pivotante où Prométhée est attaché rappelle tout au long du spectacle cette actualité du mythe. L'immobilité dans laquelle est maintenu Prométhée jusqu'à la fin de la pièce, contrastant avec l'énergie de son verbe, figure quant à elle de manière concrète les limites de son désir d'absolu : malgré ses ambitions infinies, le savoir humain se heurtera aux bornes inexorables de la finitude.