Les Atrides, mis en scène par Ariane Mnouchkine

08 janvier 1992
02m 29s
Réf. 00321

Notice

Résumé :

Les Atrides, d'après Euripide et Eschyle sont mis en scène par Ariane Mnouchkine à la Halle Tony-Garnier de Lyon. Le spectacle, qui réunit Iphigénie à Aulis d'Euripide et la trilogie de l'Orestie d'Eschyle, est en tournée après avoir été créé à la Cartoucherie de Vincennes. Répétition de la troupe du Théâtre du Soleil à la Halle Tony-Garnier, sous la direction d'Ariane Mnouchkine qui demande aux membres du chœur de ressentir les émotions qu'ils doivent exprimer.

Date de diffusion :
08 janvier 1992
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Pour former les quatre volets de son spectacle Les Atrides, créé à la Cartoucherie de Vincennes en 1990, Ariane Mnouchkine a choisi de faire précéder les trois pièces formant L'Orestie d'Eschyle de l'Iphigénie à Aulis d'Euripide : il s'agit ainsi de raconter dans son ensemble la spirale de mises à mort qui traverse la famille d'Agamemnon, depuis le sacrifice d'Iphigénie jusqu'à la vengeance d'Oreste. L'ordre choisi est donc bien celui de l'histoire des Atrides, et non celui de la création des pièces, puisque la tragédie d'Euripide est postérieure de plus d'un demi-siècle à la trilogie d'Eschyle. Servies par des traductions de Jean Bollack, Ariane Mnouchkine et Hélène Cixous, les quatre volets du spectacle s'efforcent de restituer au plus près les nuances et les obscurités du texte original.

Pour sa mise en scène, Ariane Mnouchkine a trouvé dans les traditions théâtrales du Sud de l'Inde, particulièrement celles du kathakali et du kûtiyattam, ainsi que dans la danse du bharata natyam, une forme spectaculaire exigeante qui permet de donner aux passions extrêmes des personnages une traduction corporelle à leur mesure. À l'aide de costumes très fastueux, de hautes coiffures et d'un maquillage proche du masque, les acteurs sont comme magnifiés, ce qui donne une réalité visuelle à la grandeur solennelle, presque surnaturelle des personnages tragiques. La musique de Jean-Jacques Lemêtre, aux accents orientaux, vient rythmer l'action et les danses du chœur, transportant le spectateur dans un ailleurs qui tient plutôt de la distance mythologique que de l'exotisme géographique.

Céline Candiard

Transcription

Présentatrice
Pour sanglants que soit parfois nos faits divers, bien peu sont aussi monstrueusement destructeurs que dans la famille des Atrides, héros grecs décrits dans la tragédie, les tragédies d’Eschyle somptueusement mises en scène par Ariane Mnouchkine. A partir de ce soir, ce grand metteur en scène revient à Lyon après quinze ans d’absence avec son incandescent Théâtre du Soleil. Le TNP qui les invite, sa troupe et elle, le fait à la Halle Tony Garnier.
(Bruit)
Ariane Mnouchkine
Attention, chaque geste, chaque pas de danse, chaque moment, ça a été justifié par un état. Au moment où vous sentez que vous faites ça sans état, c’est que ça va pas.
Comédienne 1
Que ceux qui sont sous terre, accusent de toute leur colère et grondent contre leur meurtrier. Ah !
Journaliste
Depuis Atrée meurtrier des enfants de son frère, la malédiction est sur les Atrides. Iphigénie, et Agamemnon, Clytemnestre, Oreste enfin, fils du couple fatal qui, bien des années plus tard, tue sa mère. Telle est l’histoire que raconte par la voix d'Euripide et d’Eschyle, des acteurs et de la musique Ariane Mnouchkine.
Ariane Mnouchkine
Je me rends compte d’une chose c’est que ça comme… ça défend un petit peu. Bon, ce spectacle est beaucoup plus jeune. Alors, je dirais c’est comme s’il avait l’arrogance de la jeunesse. Il croit qu’il sait, alors on ne sait pas encore, on ne sait rien, on ne saura rien avant la dernière.
Journaliste
Quelque part entre l’Inde et Rome, pour parler de sa tragédie, Ariane Mnouchkine se plaît à citer Nietzsch car pour elle ce quelque part contient la Grèce, d’où ses costumes, ses masques, ses danses. Pour l’instant, seuls trois épisodes sur quatre sont joués : Iphigénie à Aulis, Agamemnon et les Choéphores, Les Euménides ne commençant qu’en mai.
Comédien 1
Contiens-toi, ne laisse pas la joie massacrer ta raison.
Journaliste
En attendant, place au théâtre que vivent plus que jamais Ariane Mnouchkine et sa troupe.