La Fausse suivante de Marivaux
Notice
Reportage avec extraits du spectacle La Fausse suivante de Marivaux par Lambert Wilson, et interviews d'Anne Brochet, de Francis Leplay et de Lambert Wilson.
Éclairage
La Fausse suivante ou le Fourbe puni, comédie 3 actes, a été créée en 1724 au Théâtre des Italiens et n'est entrée au répertoire de la Comédie-Française qu'en 1991. Une jeune femme se déguise en Chevalier pour approcher Lélio avant de l'épouser. Ce dernier, n'ayant pas conscience de l'identité de celle à qui il se confie, lui avoue son amour et engage le Chevalier à séduire une Comtesse avec qui Lélio devait se marier mais dont il s'est dédit en apprenant que la « demoiselle de Paris » (le Chevalier) est bien mieux dotée. Sur l'aveu de cette perfidie, le Chevalier entreprend de venger l'honneur de la Comtesse et les deux mariages sont finalement cassés.
La thématique de la femme qui se fait passer pour un homme pour commencer une relation d'amour sous le travers des liens de l'amitié est exploitée à plusieurs reprises chez Marivaux, notamment dans Le Triomphe de l'amour (voir ce document), et celle de la femme travestie pour sonder le cœur et l'esprit de celui qu'elle aime, peut se retrouver aussi, par exemple, dans Le Jeu de l'amour et du hasard (voir ce document). Le procédé n'est pas propre à Marivaux qui emprunte par là à la tradition des Italiens et de la Commedia dell'arte et fait de l'équivoque à la fois un ressort comique et un moyen d'organiser la péripétie. Comme dans bon nombre de comédies, c'est surtout l'argent qui prend ici une place de première importance. Lélio est un amant fourbe, qui court bien plus après l'enrichissement qu'après l'amour. Le dédit dont Marivaux fait la pierre d'angle de sa pièce brosse un tableau intéressant des mœurs du XVIIIe siècle : l'amour ou plutôt le mariage se monnaie comme une marchandise et la promesse d'une alliance rompue s'indemnise (le fameux billet de 10.000 écus que Lélio devra rendre à la Comtesse en cas de rupture fait l'objet de tous les intérêts).
On peut noter dans le rôle de Trivelin, un valet, toutes les caractéristiques et des éléments de discours dont Beaumarchais se servira pour dessiner le personnage de Figaro, en particulier si l'on se reporte à ses tirades de l'acte I.
Lambert Wilson, quand il monte la pièce aux Bouffes du Nord en 2010 avec Anne Brochet dans le rôle du Chevalier, profite de la silhouette androgyne de l'actrice, comme l'avait fait quelques années auparavant Patrice Chéreau en 1985, avec Jane Birkin, au théâtre des Amandiers de Nanterre ou comme a pu le faire également Benoît Jacquot, dans une adaptation filmée de la pièce en 2000, avec Sandrine Kiberlain.