Est-il bon ? Est-il méchant ? de Diderot
Notice
Un extrait d'une adaptation télévisée d'une pièce peu connue de Diderot, Est-il bon ? est-il méchant ?
Éclairage
Est-il bon ? est-il méchant ? dit aussi L'Officieux persifleur, ou celui qui les sert tous et qui n'en contente aucun n'a jamais été joué du vivant de l'auteur et fait partie, comme les autres opus théâtraux de Diderot (Le Fils naturel, Le Père de famille), des pièces lues et beaucoup commentées par les critiques ou les universitaires, mais très rarement mises en scène. Cette comédie est longtemps restée dans les fonds de tiroir de Diderot, qui retravailla son canevas à plusieurs reprises, entre 1776 et 1784 ; elle est dédicacée à Mme de Meaux, l'une de ses maîtresses - dont on peut reconnaître le nom, dans la pièce, sous le personnage de Mme de Malves.
L'intérêt dramaturgique de cette comédie en quatre actes et en prose, qui doit se lire comme une pièce de circonstance destinée à être représentée dans un cadre privé, est de présenter un bon exemple des « divertissements domestiques » qui se donnaient autrefois dans les salons de société où se réunissaient intellectuels et gens de bonne maison.
Dans Est-il bon ? est-il méchant ? Diderot propose de plus une mise en abyme intéressante de la figure de l'auteur dramatique sous l'égide de son personnage principal, Hardouin, dont le profil reste caractéristique des valets de comédie, manipulateurs et faiseurs d'intrigues qui tirent plus ou moins bien leur épingle du jeu à la fin de la pièce. Mme de Chépy cherche à monter un divertissement, une petite pièce dont Hardouin sera l'auteur, pour amuser la maison de Mme de Malves, où se situe l'action. Chaque personnage est empêtré dans des histoires de succession, de procès, de pension à reverser, de mariage à conclure. Hardouin, en bon intriguant, s'engage auprès de chacun à résoudre leurs affaires quitte à employer des moyens retors mais par la fourberie de ses procédés ne fera finalement que des mécontents.
Le texte conserve de nos jours encore beaucoup de fraîcheur, notamment grâce à la conduite parallèle de plusieurs fils narratifs, qui donnent de l'épaisseur et du rythme à l'intrigue tout en jouant sur un principe de retardement de la résolution.
La captation télévisuelle de cette pièce, réalisée en 1965, laisse un document d'archive doublement intéressant : d'une part parce qu'il s'agit d'un témoignage précieux si l'on se souvient qu'à ce jour, cette pièce de Diderot n'a été mise en scène que quatre fois depuis le XVIIIe siècle : par Henri Demay en 1971 et 1983 au théâtre de l'Equipe ; par Henri Rollan en 1955, et par Jean Dautremay en 1984, à la Comédie-Française ; d'autre part parce que cette version télévisée est accompagnée d'un commentaire en voix off, cherchant à éclairer le spectateur sur les enjeux de la situation.