1987 : les états généraux de la culture

03 octobre 1987
02m 29s
Réf. 00386

Notice

Résumé :

À l'initiative de Jack Ralite, les états généraux de la culture voient le jour en 1987. Un très grand nombre d'artistes et d'acteurs du secteur culturel de tous bords se rallient à ce mouvement. Le mouvement aboutit notamment à une déclaration des droits de la culture et pèse dans les négociations sur la culture à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Date de diffusion :
03 octobre 1987
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )
Artistes et personnalités :

Éclairage

En 1987, Jack Ralite, alors député et rapporteur du budget du cinéma à l'Assemblée Nationale, décide de lancer une pétition contre la marchandisation de la culture suite aux différents problèmes rencontrés par les artistes, dont il est le témoin. Suite à cette pétition une réunion se tient, le 9 février 1987, au Théâtre de l'Est Parisien, alors dirigé par Guy Rétoré – acteur incontournable de la décentralisation théâtrale en France. Devant l'enthousiasme remporté par cette réunion, les états généraux de la culture sont nés, et entreprennent un tour de France. Ils se réunissent dans la plupart des théâtres et Centres Dramatiques Nationaux des grandes villes de France, avant de finir le 16 novembre 1987 au Zénith de Paris, devant une salle comble, où est lue la déclaration des droits de la culture à laquelle ont abouti les différentes réunions.

La forte mobilisation fait suite notamment à la privatisation de TF1 et à l'arrivée de la cinquième chaîne, puis de Canal + et de M6, trois chaînes privées. La déclaration des droits de la culture est traduite en 14 langues et le mouvement des états généraux s'exportent un peu partout dans le monde. Plusieurs représentants voyagent en Allemagne, en Afrique ou encore au Chili sous le régime de Pinochet. Les deux grandes batailles des états généraux ont été l'instauration de quotas en Europe permettant de diffuser 60% d'œuvres européennes et nationales à la télévision, et l'ajout de l'« exception culturelle » dans les accords généraux sur les service (AGCS) de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) – petite victoire, remise régulièrement en cause et amendée depuis par plusieurs accords.

Les états généraux de la culture poursuivent leur chemin encore aujourd'hui. Ils ont malgré tout connu une baisse de mobilisation de plus en plus prononcée.

Sidonie Han

Transcription

Journaliste
Lancée par Jack Ralite en février, cette initiative pour défendre la culture nationale a déjà mobilisé hommes de cinéma, de théâtre, plasticiens, musiciens, danseurs aux opinions politiques variées : communistes, socialiste ou acteurs de droite. 2000 d’entre eux ont déjà signé cet appel et discuté de l’intrusion du monde des affaires dans leurs secteurs professionnels respectifs. Il y a eu aussi une quarantaine d’assises régionales comme cet après-midi à Rennes où une soixantaine de personnes se sont réunies. Jack Ralite qui écoute les créateurs depuis huit mois, y a dressé un premier bilan de ce mouvement d’artistes.
Jack Ralite
Il y avait vraiment besoin en France d’un espace où les artistes quelles que soient leurs disciplines ou leurs sensibilités puissent se rencontrer et prendre en main leurs propres affaires. C’est ça qui se dégage d’abord. Ensuite, il se dégage une deuxième idée, c’est que vraiment l’argent cesse d’être un moyen pour devenir une fin en ce moment, et que on se rend compte qu'à ce moment-là les artistes deviennent un moyen alors qu’ils sont une fin. C’est quand même un problème d’éthique qui est aujourd’hui posé à un pays comme la nation française. Et la troisième idée, c’est qu’il est temps, mais vraiment grand temps que soit établie en France une responsabilité publique et nationale en matière de culture et en matière de création. Voilà les 3 grandes idées qui ressortent. Ça a fait l’objet d’une élaboration d’une charte de la culture qui insiste sur la nécessité de l’audace de création, de l’obligation de production ; de l’élan du pluralisme, de la maîtrise nationale de la distribution, de l’atout d’un large public et de la coopération internationale. Et bien, si la déclaration des droits de la culture, elle arrive à être si forte et portée par tant de gens au-delà de leurs engagements personnels de citoyens, c’est un peu une nouvelle citoyenneté. Et bien, si elle arrive à être portée par tant de gens, elle deviendra une force et il faudra bien que l’argent en tienne compte et cesse d’être un abrasif du tissu culturel français.
Journaliste
Cette déclaration des droits de la culture sera proclamée au Zénith le 16 novembre par des artistes français et étrangers qui auront composé des textes à cette occasion. Un orchestre des états généraux de la culture jouera pour cette soirée unique. Reste au public à suivre ce mouvement.
Jack Ralite
C’est une grande cause nationale quoi, et finalement populaire qui est posée là par les artistes en fonction de leurs propres mouvements individuels et collectifs ; mais qui concerne en premier lieu le peuple parce que comme disait Aragon : « J’imagine mal un écrivain qui écrirait pour ne pas être lu ».