Occupation du Théâtre de l'Odéon
Notice
En mai 1968, au plus fort de la contestation sociale, ouvriers, étudiants et artistes investissent et occupent le théâtre de l'Odéon – Théâtre de France. Plus de 3000 personnes sont présentes dans le théâtre et débattent de la place de la culture et de la création.
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Éclairage
Suite au grand défilé du 13 mai 1968, des intellectuels et des artistes se réunissent pour préparer une action symbolique : ce sera la prise de l'Odéon. L'occupation du Théâtre de France est un des points d'orgue de cette année de contestation, pendant laquelle a également lieu la plate-forme de Villeurbanne, un rassemblement qui réunit trente directeurs des théâtres populaires et des Maisons de la culture, sous la direction de Roger Planchon et de François Jeanson (voir ce document). La déclaration signée le 25 mai 1968, dite « Déclaration de Villeurbanne », prône une radicalisation de l'idéologie du théâtre populaire. Quelques semaines plus tard, c'est le Festival d'Avignon et son directeur, Jean Vilar, qui sont « contestés », par une coalition dont fait partie le Living Theatre qui était venu présenter sa dernière création Paradise Now (voir ce document).
A Paris, après deux jours d'organisation et de préparation, plus de 3000 personnes envahissent l'Odéon, le 15 mai au soir, qui devient, pendant plus d'un mois, l'un des centres de débats, avec la Sorbonne. Le théâtre est occupé et transformé en lieu de libre expression où ouvriers, artistes, intellectuels et politiques s'affrontent parfois violemment. Dès le 16 mai, un drapeau noir et un drapeau rouge flottent au fronton de l'Odéon, encadrant une large banderole qui proclame « Etudiants, Ouvriers, l'Odéon est ouvert ». Au cours de la journée, Daniel Cohn-Bendit fait une brève intervention pour soutenir et maintenir l'occupation du lieu.
Jean-Louis Barrault qui avait eu consigne du Ministère des Affaires culturelles de ne pas empêcher l'occupation et d'entamer le dialogue, est mis à l'épreuve. Malraux lui reproche finalement d'avoir cédé devant l'émeute, et le metteur en scène perd son théâtre de France, après un sursis suite au scandale des Paravents de Genet en 1966 qui avait divisé la classe politique française jusque dans les rangs de l'Assemblée Nationale.