Le Magic Circus, Good bye Mister Freud, et Micheline Presle

05 octobre 1974
03m 04s
Réf. 00408

Notice

Résumé :

Entretien de Jérôme Savary avec Danièle Gilbert à propos de la comédie musicale Good bye Mister Freud (1974) par la troupe du Magic Circus et extrait du spectacle avec Micheline Presle sur le plateau de l'émission de télévision.

Date de diffusion :
05 octobre 1974
Source :
ORTF (Collection: Midi trente )
Lieux :

Éclairage

Good bye Mister Freud est une comédie musicale ou, pour reprendre les mots de Jérôme Savary, un opéra tango. Le spectacle est une fantaisie sur la mère de Freud, plus que sur l'inventeur de la psychanalyse lui-même. Selon Savary, Mimi Freud serait une mère abusive. « Lingère à Paris, elle se retrouve au Kremlin par amour pour le tsar de toutes les Russies. Celui-ci, qui a mis son pays en faillite, organise la révolution pour cacher ses méfaits à son peuple. Mimi, par une nuit glacée, se fait violer par Marcello Marx et connaît l'orgasme pour la première fois. Elle s'enfuit ensuite aux Etats-Unis où elle devient matrone » [1] d'une maison close. A cette description, il faut ajouter que chaque soir, quarante spectateurs et spectatrices jouent sur scène, installés dans des loges à vue, ils sont invités à se vêtir d'un frac pour les hommes, à se présenter seins nus pour les femmes afin de former la communauté des clients du bordel.

Le spectacle est créé au Théâtre de la Porte Saint Martin en 1974. Il s'agit du premier grand décor construit par la troupe du Grand Magic Circus qui a invité, pour l'occasion, Micheline Presle, spectatrice assidue des précédents spectacles de la compagnie, à jouer le rôle de la mère de Freud. A ses côtés, il y a aussi Copi, dessinateur et dramaturge argentin, qui collabora à plusieurs spectacles de la compagnie et dont Jérôme Savary mis en scène plusieurs pièces.

Jérôme Savary est le maître d'œuvre des spectacles de cette troupe. Né en 1942 à Buenos Aires, il est acteur, metteur en scène et, à partir des années quatre-vingt, directeur de théâtre et d'opéra. A dix-neuf ans, il passe par New-York où il côtoie des musiciens de jazz (Count Basie, Thelonious Monk) qui l'influencent fortement dans sa conception musicale des spectacles. En 1962, il part faire son service militaire en Argentine, puis travaille à Buenos Aires comme illustrateur. C'est à cette époque qu'il rencontre Copi. En 1965, il rentre en France où il monte la Compagnie Jérôme Savary qui devient Le Grand Panic Circus, puis Le Grand Magic Circus et enfin, Le Grand Magic Circus et ses animaux tristes – animaux qui ne sont autres que les humains puisque « l'homme est un animal triste car il a perdu le sens de l'animalité ». A partir des années quatre-vingt, il dirige plusieurs institutions dont le Théâtre National de Chaillot (1988-2000) ou l'Opéra Comique (2000-2006) avant de retrouver son indépendance.

Fortement influencé par le cirque, le music-hall et le théâtre épique, Jérôme Savary défend un théâtre de la fête, un théâtre total où les différents arts mêlent textes, musiques, danses, plaçant l'acteur au centre du plateau. A contre-courant d'un théâtre de texte ou littéraire, il privilégie l'image comme moyen d'expression. Les actions, les effets priment sur la langue. Dans les années soixante et soixante-dix, cette conception de la fête théâtrale l'amène à créer de grands spectacles populaires à l'image de Good bye Mister Freud (Zartan, frère mal aimé de Tarzan, 1970 ou De Moïse à Mao, 1974) ou des spectacles de rue, des parades qui investissent l'espace public. D'ailleurs, selon Jérôme Savary, « La parade de rue est la meilleure école pour ôter à l'acteur ses inhibitions. » [2] Dans la lignée de mai 68 et des grandes révolutions sociales et culturelles, Le Grand Magic Circus revendique la fête permanente c'est-à-dire « avant tout la liberté, pour tous, de s'exprimer comme ils l'entendent. C'est le droit pour les enfants de marcher sur le gazon. C'est le droit pour tous de chanter et de faire de la musique dans la rue et les parcs, en dehors des catafalques culturels et des syndicats de la trompinette, etc., autant dire que la fête est pratiquement impossible. » [3] Dans le mouvement révolutionnaire de ces décennies, le Grand Magic Circus participe ainsi activement au renouvellement du théâtre populaire, entre transgression et subversion.

[1] Jérôme Savary, Le Magic Circus. 1966-1996. Paris, Théâtre National de Chaillot/ BC Editions, 1996, p. 66.

[2] Idem, p.46.

[3] Id.

Marie-Aude Hemmerlé

Transcription

Journaliste
Et nous nous aimerions bien voir un extrait de ce spectacle que vous préparez Good Bye Mister Freud. Et au départ nous allons voir une très jolie dame que nous connaissons dans d’autres emplois. Présentez-la !
Jérôme Savary
Bien Micheline Presle est une des premières spectatrices du Magic Circus. Nous l’avons vue très souvent à la cité internationale un peu partout et elle est venue tellement souvent qu’elle a fini par faire partie de la troupe. Et on a fait un film ensemble, qui sortira pour les fêtes c'est-à-dire peut-être pour la Toussaint ou pour la fête des Mères.
Journaliste
Enfin, vous nous préviendrez quand même qu’on aille le voir.
Jérôme Savary
Et quand on a pensé à faire cette grande comédie musicale, ce grand opéra de tango qui s’appelle Good Bye Mister Freud, qui est entièrement basé d’ailleurs sur le personnage de la mère de Freud qui est beaucoup plus important que Freud lui-même, nous avons pensé à prendre comme guest star, Micheline Presle, à qui je tiens à rendre publiquement hommage.
Journaliste
En tout cas, on dirait maintenant une très jolie princesse, tout de suite regardez, écoutez.
(Chant)