Chantecler d'Edmond Rostand

25 novembre 1994
02m 15s
Réf. 00340

Notice

Résumé :

Jean-Claude Dreyfus dans Chantecler d'Edmond Rostand mis en scène par Jérôme Savary à Chaillot en 1994. Extraits du spectacle et interview de Jean-Claude Dreyfus.

Date de diffusion :
25 novembre 1994
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Fiche CNT :

Éclairage

On pourrait penser que la mise en scène de Savary est tout à fait exubérante, avec ces acteurs animalisés au jeu roublard, ces effets comiques et visuels qui tirent vers le cabaret, mais la pièce d'Edmond Rostand tient à la fois de la fantaisie et de la farce, tout en pointant un aspect tragique : Chantecler, le coq de basse-cour, pense que son chant fait lever le soleil chaque matin. Il règne en roi absolu sur ses poules jusqu'à l'arrivée d'une faisane... Le sujet de Chantecler, la satire sociale et politique par l'animalisation des personnages, sont audacieux et leur traitement dramaturgique ne l'est pas moins. Rostand propose en effet un texte versifié pour un genre comique, ce qui est bien loin des modèles conventionnels de la « pièce bien faite ».

La pièce devait être originellement jouée par le grand Coquelin (créateur du rôle de Cyrano, voir ce document), mais ce dernier n'eut que le temps de répéter le rôle, il mourut avant la première. C'est Lucien Guitry qui prit la relève et la pièce fut créée en 1910 au Théâtre de la Porte Saint-Martin (on peut voir à quoi ressemblaient les costumes animaliers du début du XXe siècle grâce à des photos du studio Nadar, où l'on voit Romuald Joube, en costume de coq) [1]. Après le succès de Cyrano et de L'Aiglon, et après son élection à l'Académie française, critiques et spectateurs attendent Rostand au tournant. Mais la truculence de Chantecler et le développement de la pièce sous forme de poème lyrique, la difficulté de sa réalisation scénique en regard de l'immensité du projet de l'auteur, vont déconcerter et finalement décevoir le public. Après cet échec cuisant, Rostand en est pour ses frais et cesse d'écrire pour le théâtre.

Depuis, malgré la qualité poétique et la gageure que ce texte peut constituer pour un metteur en scène, peu ont osé s'attaquer à ce morceau du répertoire : Jean-Luc Tardieu en 1986, avec des costumes de Christian Lacroix, à l'Espace 44 de Nantes ; Jean-Paul Lucet en 1986 au Grand théâtre romain de Fourvière (Lyon). Signalons aussi un téléfilm de Jean-Christophe Averty en 1977.

[1] Cf. la médiathèque en ligne (archives photographiques) du Ministère de la culture

Céline Hersant

Transcription

Présentateur
Je vous propose de terminer ce journal par un petit détour au palais de Chaillot où le Chanteclerc d’Edmond Rostand prend des allures de bandes dessinées lorsqu’il est revu par Jérôme Savary et cela pour le plus grand plaisir des jeunes et des moins jeunes. Reportage Georges Bégou, Daniel Lefèvre.
Journaliste
Un coq vivait en paix, et chantait le soleil.
Jean-Claude Dreyfus
Attend !
Comédienne 1
Oh oui.
Jean-Claude Dreyfus
Soleil ! Tu mets dans l’air des roses, des flammes dans la source, un dieu dans le buisson. Tu prends un arbre obscur et tu l’apothéoses. Oh soleil, toi sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont.
Journaliste
Tout allait bien dans la basse-cour, Chanteclerc était choyé par les poules et leur apprenait à marcher à danser, il les protégeait.
Jean-Claude Dreyfus
Un [inaudible].
Comédiennes
Ahhh
Journaliste
Seulement voilà, poursuivie par les chasseurs, une poule faisane, se réfugie dans le poulailler, adieu la paix, le coq tombe amoureux, et le coq fait la roue.
Agnès Soral
Monsieur, j’aime mieux vous dire tout de suite que si c’est pour moi…
Jean-Claude Dreyfus
Quoi ?
Agnès Soral
L’oeil, la courbe décrite, l'aile qui pend, le "Cô..."...
Jean-Claude Dreyfus
Mais je…
Agnès Soral
C’est très bien fait, seulement ça ne me fait pas le moindre effet.
Jean-Claude Dreyfus
Madame.
Agnès Soral
Oh !
Jean-Claude Dreyfus
Quand Savary m’a demandé de le faire, il voulait faire une chose, un petit peu BD, un peu, un peu, un peu [grimace], oui bonjour monsieur, je remets ma crête quoi. Un petit peu sur le côté. A la Chevalier. Et en même temps avoir ce côté grandiloquent de théâtre que je peux avoir, comme on faisait dans le temps. Avec les vers de Rostand et puis ça a un côté aussi simple et émouvant. Cocorico. Je crois qu’on a vraiment une féérie. Une féérie, aves des sentiments, avec des grands moments pathétiques. Ahhh.
Journaliste
Clin d’oeil et hommage à Coluche, scène de cabaret. Enfin quoi, Rostand dans l’univers de Savary, Savary qui adore les livres d’images et qui élève ses volailles au bon grain de la folie.
Jean-Claude Dreyfus
Cocorico.