Tout fou to fly

2003
03m 23s
Réf. 00510

Notice

Résumé :

Sous chapiteau, la compagnie Tout Fou To Fly, métissant les techniques aériennes, les arts dramatiques et chorégraphiques, les influences culturelles – notamment brésiliennes – propose une version circassienne de la légende d'Orphée de la mythologie grecque, Orfeu.

Type de média :
Date de diffusion :
2003
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Compagnie :
Fiche CNT :

Éclairage

La compagnie Tout Fou To Fly s'empare des airs en 1993. Deux ans plus tôt, Elsa Renoud et Jean-Michel Poitreau, élèves de l'Ecole de trapèze Jean Palacy, s'étaient produits dans un duo de cadre aérien, au CIRCA d'Auch. C'est autour d'eux que se constitue le groupe de dix-sept artistes. Leur première création Les Ombres de la nuit plonge leur technique de prédilection, les arts aériens, dans un univers théâtralisé. Sous son monumental portique à ciel ouvert, ils développent leur démarche axée « sur l'aérien, la comédie et la musique vivante ». [1] J.-M. Poitreau déclare que leur « travail est axé sur la théâtralisation tout en partant du désir de faire de l'aérien léger, décontracté, où l'écriture du spectacle n'est pas basée sur la possibilité de la chute ». [2] Mêlant les pratiques, trapèze volant, trapèze fixe, élastiques et cordes volantes, les volants de Tout Fou To Fly, drapés des costumes de leurs personnages, s'engagent à raconter des histoires. E. Renoud soutient que « l'apport de la comédie permet de masquer l'appréhension de la chute ». [3] Ainsi, la peur de la chute intrinsèquement liée au désir de vol, qui rive les yeux des spectateurs sur l'exploit, est désamorcée par l'inscription dans la fiction. L'espace de représentation, délimité par l'important portique, éloigne le spectateur et impose des modalités spécifiques de jeu qui privilégient l'expression corporelle au détriment de celle du visage, moins perceptible. Elles nécessitent également d'inscrire l'intrigue dans un contexte fortement marqué apte à convoquer un imaginaire collectif. Ainsi, dans La Fiancée d'Igor (1995) les personnages typés, un facteur, une mariée, une pin-up, un barman... déroulent leurs multiples relations dans un petit village avec le "bistrot" pour centre de vie, dans le registre du burlesque. Avec La Sœur d'Icare s'appelle Illusion (1998), la compagnie aborde le mythe de Prométhée et inscrit le désir de vol d'Icare dans une problématique contemporaine, celle de la solitude et de l'isolement. L'évolution esthétique est significative de celle qui parcourt la majorité des créations du théâtre de rue ou du nouveau cirque de cette période. En effet, après avoir théâtralisé les productions en "habillant" les artistes, en leur donnant des caractéristiques identifiables à des personnages issus du réel quotidien, la recherche formelle conduit à développer une réflexion sur l'univers qu'ils convoquent et à l'ancrer en relation avec une thématique, située historiquement et à même d'entrer en résonnance avec des questions de société.

Dans Orfeu [4], sous chapiteau, la diversité des références convoquées donne de la profondeur à cet opéra cirque, mis en scène par Pierrot Bidon. Inspirée de la légende d'Orphée – le héros poète qui savait par les mélodies de sa lyre charmer les animaux sauvages et les êtres inanimés et qui n'a pu, dans les entrailles de l'enfer, s'interdire de se retourner vers Eurydice, qu'il perdit ainsi à tout jamais – la proposition fait référence au film musical franco-italo-brésilien de Marcel Camus, Orfeu Negro (1959), adaptation de la pièce de Vinícius de Moraes, Orfeu da Conceição (1956) qui place le drame dans les favelas brésiliens et dont la chanson Manha de carnaval [5] est restée dans le patrimoine musical brésilien. Ainsi, croisement des techniques du cirque, mais également des arts et des cultures inscrivent l'œuvre dans un champ artistique qui dépasse les frontières du cirque.

[1] Jean-Michel, Poitreau est cité dans « Au trapèze volant », Bordeaux, Sud-Ouest, 5 septembre 1997).

[2] Jean-Michel Poitreau, « Table ronde avec les compagnies de prouesses aériennes », propos retranscrits par Jean-Christophe Baudet, Paris, Arts de la Piste, n°4, HorsLesMurs, novembre 1996, p. 32.

[3] Elsa Renoud est citée dans « Au trapèze volant », Bordeaux, Sud-Ouest, Op. cit..

[4] Un documentaire relate le processus de création d'Orfeu, Christophe Gaillard, Atout prix, Réal production, Planète & France 3, 52 mn.

[5] Paroles et musique de Luiz Bonfa et Antonio Maria

Martine Maleval

Transcription

(Musique)