Les portés démultipliés du Grand C
Notice
Extraits du spectacle Le Grand C. Les 17 acrobates de la Compagnie XY Grand C occupent l'espace en démultipliant les figures : main à main, porté acrobatique, bascule, banquine, pyramides humaines inversées...
- Marc Perrone - Musicien(ne)
- Abdeliazide Senhadji - Artiste de cirque
- Mahmoud Louertani - Artiste de cirque
- Anne (de) Buck - Artiste de cirque
- Denis Dulon - Artiste de cirque
- Airelle Caen - Artiste de cirque
- Mikis Minier-Matsakis - Artiste de cirque
- Michaël Pallandre - Artiste de cirque
- Thibault Berthias - Artiste de cirque
- Europe > France > Nord-Pas de Calais > Nord > Lille
Éclairage
C'est au milieu des années 2000, fort de leur longue expérience dans le porté acrobatique, que les acrobates Abdeliazide Senhadji et Mahmoud Louertani décident de créer des spectacles basés entièrement sur leur discipline. Tous deux sortis du CNAC en 1994, ils ont ensuite travaillé avec Pierre Doussaint, la compagnie MPTA, François Verret, le Cirque Baroque, HDVZ... En 2005, ils fondent la compagnie XY avec deux duo d'élèves, formés par leurs soins, à l'école de cirque de Lomme (Nord) : Denis Dulon / Airelle Caen et Anne De Buck / Mikis Minier-Matsakis. Mêlant volonté de partage et de transmission, le credo édicté par la compagnie sonne comme une profession de foi,: « On s'est retrouvé, à l'initiative des anciens, pour faire un bout de chemin ensemble. Histoire de mixer les générations et parler de notre régression, avec les mots qui nous restent, avec ce qui nous parle : la loi du "Pliez-Sautez", la nécessité de s'envoyer en l'air et de ne jamais redescendre. S'ériger en haut quand tout s'effondre. Ca ne sert peut-être à rien, mais c'est comme ça qu'on existe, c'est comme ça qu'on résiste. Le plaisir d'être ensemble, ne rien jouer, afin de mieux suggérer, laisser transpirer le travail, le travail, et encore le travail... C'est notre terreau, notre ciment, c'est grâce à lui qu'on est passé d'une somme d'individu à un grand collectif. » [1]
En mai 2005, le premier spectacle Laissez-porter voit le jour. Quatre ans plus tard, Le Grand C fait le pari un peu insensé de convier 17 acrobates au plateau. « Le Grand C, c'est un peu ce qu'on veut : le grand chantier, le grand chambardement, le grand collectif... Ca ne raconte pas une histoire, chacun se la fait », Thibault Berthias, acrobate. [2] Le spectacle raconte l'histoire de la prise de risque conjointe, mais repose surtout sur son impact visuel. Au plateau, onze garçons et six filles occupent l'espace de manière époustouflante. Sur l'accordéon de Marc Perrone, le mouvement se propage telle une onde, démultipliant les points de fuite. Impression enivrante de kaléidoscope humain, quand les équilibres en main à main se démultiplient à vue ; images inspirées de la mêlée de rugby, vol plané, pyramides humaines, clin d'oeil aux Boîtes à musique des Frères Jacques... L'harmonie visuelle - touches grenat pour les voltigeuses, vert d'eau pour les porteurs - renforce la cohésion du collectif ; dans le même temps, la singularité de chaque acrobate se détache. « La richesse d'un groupe nombreux nous a permis de nous amuser à essayer des choses plus ou moins improbables », Michaël Pallandre, acrobate. [2] Comme demander à une frêle voltigeuse de soulever son massif porteur : « quand Eve porte Antoine, on remarque sa fragilité ; c'est différent de quand elle est en haut de la colonne, où il y a une espèce d'évidence. Une façon de mettre un physique en valeur, c'est aussi de le mettre dans une situation qui n'est pas évidente pour lui », Anne De Buck, acrobate. [2].
Le Grand C se décline aussi hors les murs, en forme courte : « Les impromptus sont une manière pour le collectif d'aller à la rencontre des gens dans leur quotidien. Une carte blanche qui se propose en complément du spectacle, ou qui peut se concevoir de manière indépendante. Des acrobates se fondent dans la foule. Ils s'imprègnent de son rythme, s'immergent dans son flux, se confondent avec les passants. Chargés de cette sensation, ils commencent à évoluer acrobatiquement. Propulsion au-dessus de la foule. (...) Instant d'interrogation, de répondant, d'interaction entre le public et les artistes. Différents espaces sont investis, touchant parfois une foule entière et parfois des petits groupes de personnes, s'il s'agit d'un bar, d'un guichet, d'un arrêt de bus, d'une cage d'escalier par exemple. » [1]
[1] Sur le site de la compagnie XY.
[2] Citations tirées d'un reportage de Sophie Torlotin, RFI, 15 juillet 2012