Dario Moreno chante l'air du Brésilien dans La Vie parisienne d'Offenbach
Notice
Dans cet extrait de L'Ecole des Vedettes, émission présentée par l'ex-chanteuse d'opéra Aimée Mortimer, Dario Moreno chante les célèbres Couplets du Brésilien extraits du finale de l'acte I de La Vie parisienne, puis il adresse quelques mots affectueux à la présentatrice.
Éclairage
En 1866, Jacques Offenbach est un compositeur aimé qui a connu d'immenses succès avec Orphée aux enfers, La Belle Hélène ou Barbe-Bleue. En prévision de l'Exposition Universelle de 1867, dont les transformation de Paris par le baron Hausmann annoncent qu'elle sera de toute première importance, Offenbach décide d'écrire un opéra-bouffe qui met en scène ses contemporains. Pour la première fois, le livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy ne raille pas la société française du Second Empire par le biais de la métaphore antique, comme dans La Belle Hélène ou Orphée, mais il met au contraire en scène les types les plus actuels: femmes du (demi-)monde, grisettes, jeunes bourgeois viveurs, aristocrates encanaillés, domestiques roués et touristes venus dans la Ville Lumière pour s'en «fourrer jusque là!». Le comique de situation fonctionne à plein, d'autant que le Baron Suédois et sa femme qui servent de fil rouge aux différents tableaux de l'ouvrage se retrouvent à visiter un Paris factice: le Grand Hôtel où il descend n'est que l'appartement privé d'un bourgeois qui veut séduire son épouse, la grande réception dans un hôtel particulier est en réalité donnée par des domestiques singeant leurs maîtres, etc.
Emmenée à un train d'enfer dans des numéros du meilleur Offenbach, la partition finit d'assurer le succès à cette Vie parisienne qui devient le spectacle le plus couru de son temps: après la création, ce ne sont pas moins de 265 représentations qui se succèdent, et l'ouvrage, que de nombreux visiteurs de l'Exposition Universelle ont vu, part bientôt à la conquête du monde. A Paris, il est repris sans cesse, d'autant qu'il a eu dès son origine une fonction de «carte postale lyrique».
Parmi les personages hauts-en-couleur de ce bijou d'opéra-bouffe, on trouve plusieurs touristes venus s'encanailler dans la capitale. Aux côté du baron et de la baronne Gondremark en provenance de Suède, un Brésilien débarque à Paris à la fin du premier acte. On le retrouvera dans la scène finale de l'ouvrage, à l'acte IV. Ce personnage est donc très secondaire, mais ses couplets à son arrivée, «Je suis Brésilien j'ai de l'or», débités à un rythme haletant et syllabiques, sont devenus si populaires qu'il est de tradition de confier ce rôle secondaire à des vedettes. En l'occurrence Dario Moreno, artiste extrêmement populaire dans les années 50 et 60. Turc d'origine sépharade, il est devenu un chanteur à succès de chansons latino-américaines et d'opérettes, notamment aux côtés de Luis Mariano. Il a aussi tourné dans des films, cultivant un accent exotique du meilleur effet pour entonner les couplets du Brésilien...