Nomination de Hugues Gall administrateur de l'Opéra de Paris

25 novembre 1993
01m 52s
Réf. 01057

Notice

Résumé :

Interview de Hugues Gall sur sa politique globale pour l'Opéra.

Date de diffusion :
25 novembre 1993
Artistes et personnalités :

Éclairage

Secrétaire général de la RTLN en 1969, Hugues Gall est d'abord, à l'Opéra de Paris, de 1973 à 1980, l'adjoint de Rolf Liebermann - dont il est l'un des artisans de la nomination. Il prend ensuite la direction générale du Grand Théâtre de Genève, de 1980 à 1995, où il se bâtit une réputation de grand directeur, efficace, et est salué pour l'ouverture de son projet artistique à tous les genres de l'opéra. Il donne ainsi un rang premier à cette scène avec des spectacles de grande renommée, en invitant de fortes personnalités, de Maurice Béjart montant Don Giovanni et Salomé à Liebermann montant Parsifal, et à Robert Carsen y faisant ses débuts internationaux en montant Mefistofele, puis Lohengrin et Faust. Il assure un niveau exceptionnel à l'Orchestre de la Suisse romande avec des chefs comme Armin Jordan, Riccardo Chailly, Horst Stein, ou Christian Thielemann, et offre un haut rang de qualité vocale à la scène genevoise, où passent Pavarotti, Jones, Rysanek, Ricciarelli, Raimondi... Tout cela ne pouvait que l'amener à revenir à Paris, où il est attendu comme le sauveur dans la situation d'instabilité des quelques années qui suivent l'inauguration de l'Opéra-Bastille. Rédigeant d'abord un rapport sans indulgence sur l'état de la Maison, il peut renégocier la totalité des conventions collectives, et changer les statuts, évitant le partage nuisible des pouvoirs qui a contribué au déclin de l'institution. Il fait renaître, après travaux, la splendeur de l'Opéra-Garnier en y confirmant la réinstallation d'une partie du répertoire lyrique. A son départ en 2004, il laisse un Opéra de Paris - devenu à sa nomination Etablissement public (EVIP) - en état de marche, malgré de sévères grèves, jouant 365 jours par an, au service du public, et assumant un programme dont le but est bien défini dans l'interview : assurer le divertissement (« au sens pascalien ») de ce dernier, par la qualité et la diversité.

Fidèle à ceux qui ont accompagné son parcours, il confie la scène à Jorge Lavelli, Jérôme Savary, Andrei Serban (Les Indes galantes), Francesca Zambello (Billy Budd), Robert Carsen (Alcina, Rusalka, Les Boréades, les Contes d'Hoffmann, Capriccio), mais aussi à Lev Dodin (La Dame de Pique), Herbert Wernicke (Le Chevalier à la rose), Willy Decker (Lulu), Graham Vick (Peter Grimes, Don Carlo), et Laurent Pelly (Platée). Il confie l'orchestre à James Conlon, garant d'une qualité d'ensemble indiscutable, tandis que défilent à Paris presque tout ce qui compte de gosiers neufs ou célébrés, de Mmes Varady, Fleming, Mattila ou Graham, à MM Ramey, Shicoff, Domingo...

Pierre Flinois

Transcription

Présentatrice
Je vous le disais dans les titres, il n’y aura bientôt plus qu’un fauteuil pour deux à l’Opéra de Paris. Dès le mois de février, un seul homme s’installera progressivement à la tête de l’Opéra Bastille et de l’Opéra Garnier. Il s’agit d’Hugues Gall actuellement à l’Opéra de Genève. Il a été choisi par Jacques Toubon pour diriger la grande maison parisienne. Tout de suite, les explications de Marie-Claire Gautier et d’Alain Rabechault.
Hugues Gall
Un rêve d'Opéra, c’est d’avoir tous les soirs dans la salle un public heureux, applaudissant et repartant content de s’être diverti au sens pascalien du terme.
Journaliste
Très ferme, le futur directeur de l’Opéra National de Paris, c’est ainsi que se nommera en août 95 la réunion de la Bastille et du Palais Garnier. Qui a l'ambition d’offrir au public 365 jours de représentation par an, de revoir des statuts avec un patron unique sur le plan artistique et administratif et de proposer moins de places plus chères et plus de places moins chères. Très décidé, Hugues Gall, à ce qu’un projet mal conçu, mal né et mal élevé, selon ses propres termes, devienne malgré certains défauts incorrigibles un Opéra digne de ce nom.
Hugues Gall
Ce qui va à Paris, c’est la qualité de l’orchestre, la qualité des chœurs, la qualité des techniciens. Ce qui ne va pas, c’est l’absence de ligne de programmation, et curieusement, en dépit de succès indéniables, l’absence de crédibilité et de rayonnement de cette maison ; qui n’est pas à la hauteur de l’investissement public, pas à la hauteur de son passé. Et de dire que l’Opéra est ingérable est faux, cette maison existe depuis 1669. Elle a subi comme notre pays des hauts et des bas. Elle a été bien dirigée, j’espère pouvoir faire la preuve qu’elle le sera encore demain.
Journaliste
Première initiative, le Palais Garnier fermera en septembre prochain pour des travaux de rénovation qui dureront entre quinze et dix-huit mois. En attendant, on dansera également à la Bastille.