Hugues Gall à l'Opéra de Paris avec Nabucco de Verdi
Notice
Présentation de la nouvelle mise en scène de Nabucco de Verdi mis en scène par Robert Carsen et dirigé par Pinchas Steinberg, premier spectacle du mandat de Hugues Gall comme directeur général de l'Opéra de Paris en 1995. Des extraits de l'œuvre accompagnent des interviews du baryton français Jean-Philippe Lafont, interprète de Nabucco, et du ténor argentin José Cura, interprète d'Ismaele.
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Éclairage
En 1995, la nomination de Hugues Gall comme Administrateur de l'Opéra de Paris met fin à une longue période d'instabilité marquée par la multiplication des personnes à la tête de l'institution, reflet des indécisions des périodes de cohabitation politique qui marquent la naissance de l'Opéra Bastille. Hugues Gall, secrétaire général de la Réunion des théâtres lyriques nationaux de 1969 à 1973, formé à l'école de Rolf Liebermann (dont il a été l'assistant pendant son mandat parisien), prend en 1980 les rênes du Grand Théâtre de Genève, qu'il élève au rang des premières scènes d'Europe en matière lyrique. S'étant ainsi habilement mis en réserve, il apparaît en 1995 comme le sauveur possible d'une institution malmenée par la politique. Il obtient les pleins pouvoirs, et la possibilité de nommer lui-même son directeur musical (qui sera James Conlon), et renégocie conventions collectives et contrats comme préalable à la réouverture de l'institution.
L'inauguration de son mandat en septembre 1995 se fait avec une nouvelle production de Nabucco de Verdi. Cette œuvre est très populaire grâce à son fameux chœur Va pensiero, qui invoque l'amour de la patrie, et qui, bissé à la création le 9 mars 1842 à La Scala de Milan, déchaîne des torrents d'enthousiasme en Italie, et devient aussitôt l'équivalent d'un hymne national italien, par l'assimilation des souffrances du peuple hébreu sous le joug de Babylone, et de celles des Italiens du Nord sous l'occupation autrichienne. Hors cette portée symbolique considérable, l'œuvre, troisième opéra d'un compositeur encore peu connu, marque l'émergence de son style propre, énergique et puissamment évocateur et au souffle épique inspirant, qui devait supplanter rapidement l'influence de Donizetti et du Bel canto. C'est aussi l'un des rares opéras du répertoire où le chœur apparaît comme le protagoniste principal de l'oeuvre.
L'ouvrage est joué à Paris au Théâtre Italien dès le 16 octobre 1845, mais n'entre au répertoire de l'Opéra de Paris qu'en 1979, sous le mandat de Rolf Liebermann, qui en confie la production à Henry Ronse et Nello Santi.
La production de 1995, dirigée avec ardeur par Pinchas Steinberg, est donc la seconde, et est réalisée par Robert Carsen, l'un des metteurs en scène fétiches de Hugues Gall à Genève, qui assura quelques coups d'éclats de ce mandat (Alcina, Rusalka, Capriccio, Les Boréades...). La distribution, particulièrement éclatante, permet de retrouver à Paris, où elle fut trop rare (elle n'y a chanté qu'un seul soir Donna Elvira dans Don Giovanni, en 1977), la soprano Julia Varady, interprète verdienne atypique mais immense, qui donne à Abigaille une beauté et une puissance expressive majeures, et Samuel Ramey en Zaccaria. Violeta Urmana et José Cura, à l'aube de leurs formidables carrières, incarnent Fenena et Ismaele, et Jean-Philippe Lafont personnifie le roi de Babylone frappé de démence.
Hugues Gall a été directeur général de l'Opéra de Paris de 1995 à 2004, et son mandat a permis à la maison de retrouver une stabilité et une qualité artistique indiscutables.