Création mondiale de Montségur de Marcel Landowski

31 janvier 1985
05m 36s
Réf. 01076

Notice

Résumé :

Michel Plasson et Nicolas Joël, respectivement directeur musical et directeur général du Capitole de Toulouse, évoquent la création de Montségur, grand opéra historique de Marcel Landowski créé en 1985 à Toulouse. Les protagonistes du spectacle décrivent leurs rôles. Des extraits du spectacle ponctuent leurs propos.

Date de diffusion :
31 janvier 1985
Source :
FR3 (Collection: MAGAZINE )

Éclairage

Disciple à la fois de Marguerite Long pour le piano, de Pierre Monteux pour la direction d'orchestre et d'Arthur Honegger pour la composition, Marcel Landowski (1915-1999) a profondément marqué la vie culturelle française lorsqu'il a occupé la fonction de Directeur de la musique au Ministère de la culture entre 1966 et 1975, époque pendant laquelle il a modernisé l'enseignement dans les conservatoire et fondé les orchestres de région. En tant que compositeur, il a laissé une œuvre très diversifiée, comprenant plusieurs symphonies et concertos, ainsi que des opéras. Montségur demeure le plus significatif d'entre ces derniers.

Apôtre d'une musique qui garde des liens avec la tonalité et rejette le sérialisme, Landowski a trouvé dans un roman historique du Duc de Lévis-Mirepois, précisément intitulé Montségur, les ingrédients d'un opéra à la fois dramatique et spirituel, inspiré d'un épisode tragique de l'histoire de France. Le livret situe l'action dans le Midi en 1236, et raconte les amours de Gautier des Ormes, jeune officier catholique, et de Jordane de Montaure, suzeraine du fief hérité de son père, devenue secrètement Cathare. Or Gautier, avec les armées du Nord, prend d'assaut le château de Montségur, dans les Pyrénées, dernier bastion de l'hérésie Cathare, où Jordane de Montaure se bat pour préserver la forteresse. Gautier propose de la sauver, mais elle refuse de quitter ses frères en religion et d'abjurer sa foi. Elle finit par se jeter dans les flammes.

La musique de cet opéra laisse une grande place au lyrisme, à l'expression et à des oppositions instrumentales ou vocales relativement classiques, d'autant que les six solistes, le chœur et le ballet sont accompagnés par un orchestre symphonique standard. La création de Montségur a eu lieu le 1er février 1985 à la Halle aux Grains de Toulouse, dans la cadre de la saison du Capitole de Toulouse alors dirigé par Nicolas Joël, qui a d'ailleurs assuré la mise en scène de cette création mondiale placée sous la direction musicale de Michel Plasson, lequel a durablement marqué l'institution toulousaine, qui comprend l'un des meilleurs orchestre de l'Hexagone. L'ouvrage attend toujours d'être repris dans une nouvelle production.

Alain Perroux

Transcription

Journaliste
Maître Plasson, cette œuvre a-t-elle tous les critères pour devenir un succès maintenant ou faudra-t-il attendre des décades comme pour certains opéras ?
Michel Plasson
Vous n’aurez que très peu de temps à attendre pour voir Montségur sur la scène dans la Halle aux grains, et le succès, on verra. On a tout fait pour que le spectacle soit beau, la partition est fort intéressante et belle et expressive. Joël et Monloup ont réalisé une production que je trouve de tout premier ordre. Il y a une compagnie, comme on dit en italien, les chanteurs tout à fait de premier plan. Bon, nous allons voir maintenant comment sera l’accueil du public. Ce qui me réjouit en tout cas, c’est que Toulouse soit une capitale musicale car en effet, tout ce qui compte de journalistes et des personnalités importantes de la musique dans le monde sera là tout à l’heure.
Nicolas Joël
La Halle aux grains est un endroit qui n’est pas certainement fait pour un théâtre de type intimiste. Et en plus l’opéra, par essence, est un genre qui déplace beaucoup de monde, beaucoup de masses, et en particulier dans cet opéra-là, il y a beaucoup de monde. Il y a le chœur important, il y a une énorme masse orchestrale. Donc si vous voulez, c’est de la musique qui appelle le déploiement d’images, de visions assez importantes, grandes.
(Musique)
Journaliste
Kathleen Martin, avez-vous conscience que c’est votre longue intervention au début du spectacle qui donne le ton à cet opéra ?
Kathleen Martin
Oui, et je sais que j’ai cette responsabilité, je sais aussi que c’est à moi de capter en premier lieu l’attention du public. Effectivement, c’est donc une lourde responsabilité, mais je vous assure, je l’assume pleinement. Ce rôle de Jordane me plaît énormément.
Gino Quilico
C’est un risque de faire un nouveau rôle comme ça, une création mondiale. Mais j’ai vu Marcel Landowski avant et on a regardé bien musicalement et tout ça si ça m’allait bien pour ma voix. Et c’était tout à fait pour ma voix, il a écrit ça en pensant à ma voix. Et finalement en écoutant tout hier soir, c’est fantastique. Moi, je trouve que ça sera un succès énorme.
Journaliste
Jean-Philippe Laffont, vous voici de nouveau à Toulouse et vous tenez à la Halle aux grains un rôle que certains auraient préféré plus important.
Jean-Philippe Laffont
Moi le premier, mais vous savez, quand on participe à une création, c’est une aventure et je suis un aventurier du lyrique. Et il est certain que venant à Toulouse pour cette expérience, car c’en est une, qui je pense sera réussie, on a tout fait pour ; il n’y a pas de regret à participer à une expérience, même d’une façon quantitativement moins importante que ce que j’ai l’habitude de faire. Mais je suis très heureux d’être, peut-être, au départ d’une nouvelle œuvre lyrique, qui j’espère, fera son chemin. Et nous avons mis tout en œuvre pour que ça soit un succès.
(Musique)