Denise Duval chante un extrait de Dialogues des Carmélites de Poulenc
Notice
Interrogé par Bernard Gavoty, Francis Poulenc évoque brièvement la création de ses Mamelles de Tirésias, puis de Dialogues des Carmélites. Il laisse la place à Denise Duval, la créatrice de ses opéras en France, qui après que le présentateur ait résumé le début de l'œuvre de Georges Bernanos, chante un extrait du premier acte.
- Europe > France > Ile-de-France > Paris > Salle Gaveau
Éclairage
Membre du Groupe des Six, Francis Poulenc (1899-1963) en est le plus célèbre représentant, même s'il n'a ni renouvelé l'écriture musicale de son temps, ni théorisé la modernité comme Arthur Honegger et Darius Milhaud. Il a simplement écrit quelques unes des plus belles pages de la musique française du XXe siècle, en choisissant d'y affirmer un style éminemment personnel, à la fois léger et profond. Ses cycles de mélodies montrent très tôt son amour de la voix humaine comme de la poésie, et ses trois opéras sont de même composés sur de grands textes, signés Apollinaire, Bernanos et Cocteau.
Créé à La Scala de Milan le 26 janvier 1957, en italien, et repris le 21 juin à l'Opéra de Paris, avec Denise Duval, Régine Crespin, et Rita Gorr, Dialogues des Carmélites, son deuxième opéra, est une des rares œuvres où la religion n'apparaît pas comme dénaturée par son passage à la scène lyrique. Le texte de Bernanos, adapté d'un roman de Gertrud von Le Fort, lui-même bâti sur l'histoire réelle des Carmélites de Compiègne exécutées sous la Terreur en 1794 - où seul le personnage de Blanche est une invention de l'écrivaine allemand - est d'abord un scénario de film, réalisé bien plus tard, en 1960, puis une pièce adaptée après la mort de l'écrivain et créée au Théâtre Hebertot en 1953. Bernanos axe son drame sur le doute, la peur, et la communion des saints, faisant du sujet un échange libérateur entre les morts des deux personnages principaux que tout oppose.
Poulenc, qui dit de ce sujet qu'il est « la Grâce et le transfert de la Grâce », en offre une transcription d'une émotion infinie et unique, en privilégiant une intelligibilité absolue du texte, servie par des proportions musicales d'une justesse infinie, qui disent combien il est aussi un grand compositeur de musique religieuse, et plus encore un compositeur unique en son genre : on ne sort pas d'une représentation de Dialogues des Carmélites sans être profondément touché.