Stéphane Lissner prend la direction du Festival d'Aix-en-Provence
Notice
Dans un reportage en direct d'Aix-en-Provence, en juillet 1998, Bruno Albin s'entretient avec Stéphane Lissner, nouveau directeur du Festival d'Aix. Ce dernier évoque les réformes qu'il met en œuvre dès ce premier été, notamment la création de l'Académie européenne de musique. De courts extraits de deux productions, Curlew River et Didon et Enée, ponctuent ses propos.
Éclairage
En 1998, soit 50 ans après sa fondation, le Festival d'Aix-en-Provence connaît une mue profonde dûe aux orientations prises par son nouveau directeur, Stéphane Lissner. Ce dernier s'est illustré précédemment lorsqu'il était à la tête du Théâtre du Châtelet, à Paris, où il a mené pendant neuf ans une politique de prestige, invitant les plus grands chefs et metteurs en scène à signer des productions qui ont marqué leur époque.
Lorsqu'il prend la tête du Festival d'Aix-en-Provence, ce dernier sort d'une période de turbulences, où des problèmes financiers l'ont progressivement contraint à restreindre ses ambitions et son envergure internationale. Fort d'un soutien renouvelé des collectivités publiques et d'un nouvel accent mis sur le financement privé (à travers le mécénat) et les coproductions (qui permettent de partager les coûts des spectacles en s'associant à d'autres institutions), Stéphane Lissner rend de son lustre à la manifestation, qui va effectivement connaître une seconde jeunesse.
S'inspirant de l'initateur du Festival, Gabriel Dussurget, Lissner remet la jeunesse au cœur de la manifestation à travers l'Académie européenne de musique, qui accueille de jeunes chanteurs et instrumentistes pour des classes de maître et des spectacles. Dans la cour du Palais de l'Archevêché, lieu historique du Festival, on donne des spectacles confiés aux artistes majeurs de l'époque : cette année-là, Peter Brook et Claudio Abbado revisitent Don Giovanni de Mozart, René Jacobs et Trisha Brown réinventent L'Orfeo de Monteverdi, Pierre Boulez et Pina Bausch explorent Le Château de Barbe-Bleue de Bartok.
Par ailleurs, Lissner démultiplie les lieux de représentation; en plus de l'Archevêché, il investit d'autres endroits avant d'aller, l'année suivante, dans la cour d'une vieille bastide à l'extérieur d'Aix (le Grand Saint-Jean), puis dans un petit théâtre à l'italienne restauré (le Théâtre du Jeu de Paume). A la fin de son mandat, en 2007, il finit même par obtenir la construction d'une nouvelle salle aux larges dimensions, le Grand Théâtre de Provence, dans lequel sera créée une nouvelle mise en scène de la Tétralogie de Wagner.