West Side Story de Bernstein au Théâtre Musical de Paris en 1981

21 novembre 1981
03m 11s
Réf. 01098

Notice

Résumé :

Des images de répétitions montrent la troupe en train de danser «America» dans West Side Story. Le metteur en scène Gerald Freedman et l'assistant chorégraphe Richard Caceres expliquent l'actualité inentamée de cette comédie musicale de 1957, reprise en 1981 à l'identique, dans la mise en scène et les chorégraphies d'origine.

Date de diffusion :
21 novembre 1981
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Thèmes :

Éclairage

West Side Story demeure l'une des plus belles et singulières aventures de la comédie musicale américaine. Le chorégraphe Jerome Robbins donna la première l'impulsion en 1949, lorsqu'il proposa au compositeur Leonard Bernstein et au librettiste et metteur en scène Arthur Laurents d'écrire une comédie musicale qui transposerait l'intrigue de Roméo et Juliette dans le monde contemporain. Le projet fut mis de côté avant de ressurgir en 1955. Cette fois-ci les auteurs persévérèrent, d'autant qu'ils avaient intégré dans leur équipe un jeune compositeur et parolier prometteur : Stephen Sondheim. Il fallut placer l'intrigue dans le West Side, quartier alors pauvre de Manhattan, coutumier des rixes entre gangs américains et portoricains, puis convaincre des producteurs de financer un projet dont ils trouvaient le sujet trop sombre. Harold Prince finit par se porter volontaire et chercha de l'argent pour produire le spectacle. On trouva de jeunes chanteurs inconnus mais talentueux pour interpréter la difficile partition. Malgré l'incrédulité qui entoura la période de répétition, le succès public et critique fut immédiat dès les galops d'essai effectué à Washington et Philadelphie. Et le film que Robert Wise développa à partir du show original, bardé de ses 10 Oscars, le fit connaître dans le monde entier.

La force de West Side Story provient sans conteste de cette conjonction des talents. Les chansons de Bernstein sont devenues d'emblée universelles et les danses urbaines de Robbins ont fondé un style, à tel point que la plupart des revivals, c'est à dire des reprises de cet ouvrage, nombreuses depuis 1957, continuent de les reprendre à l'identique (et le film de Wise aussi). C'est précisément ce qui arrive en 1981, soit 24 ans après la création de l'ouvrage, lorsqu'une troupe américaine vint donner des représentations de West Side Story au Théâtre Musical de Paris (l'actuel Théâtre du Châtelet), encadrée par Gerald Freedmann qui était chargé de reprendre la mise en scène originale d'Arthur Laurents, et Richard Caceres, garant de ce que la chorégraphie de Robbins soit scrupuleusement respectée.

Cet exercice de «reproduction de l'original» a souvent été pratiqué, jusqu'à l'automne 2012, où une autre troupe américaine est venue reprendre West Side Story, avec les chorégraphies de Robbins et une mise en scène identique, dans des décors et costumes toutefois dépoussiérés, toujours au Théâtre du Châtelet, défenseur de longue date de la comédie musicale américaine.

Alain Perroux

Transcription

(Musique)
Marie-Claire Gautier
Qu’est-ce qui a changé dans la production d’aujourd’hui ?
Gerald Freedman
Absolument rien, tous les créateurs de la production originale de 57 sont devenus et ont retravaillé exactement dans les mêmes termes que ceux de 57. Donc, il n’y a absolument rien de changé, c’est la réplique exacte de la production de 57. Rien n’a été touché, sur le plan de la chorégraphie, c’est un classique qui reste vivant aujourd’hui.
Richard Caceres
Le monde a changé tellement de 1957. À cette époque, c’était vraiment une chose extraordinaire quand un jeune homme a tué quelqu’un d’autre. Ça a été une vraie tragédie, aujourd’hui on tue des présidents, on tue les papes, on tue n’importe qui, et c’est, on est habitué déjà à ça. Alors, au point de vue de l’histoire, je pense, en 1957, ça a dû avoir beaucoup plus de force et de terreur dedans, d’horreur dedans, qu’aujourd’hui ; parce que maintenant tu vois quelqu’un tuer un autre chaque jour sur la télévision, c’est…. Mais à cette époque, en 1957, c’était Lucy et Perry Como, et Ed Sullivan, ce n’était pas du tout ça qu’on voyait sur la télévision, ça a beaucoup changé maintenant. Mais en tout cas, c’est encore une tragédie, moi je pense. Et même nous, dans la compagnie, pensons la même chose. Alors pour nous, c’est aussi fort, parce que c’est là où la haine commence, dans la jeunesse.
(Musique)