Promenade sur le courant d'Huchet

11 juillet 1968
02m 21s
Réf. 00047

Notice

Résumé :

Du lac Léon à l'océan Atlantique, promenade à bord d'une barque sur le courant d'Huchet.

Date de diffusion :
11 juillet 1968

Éclairage

La côte landaise, de Bayonne à Sanguinet, est régulièrement échancrée par l'exutoire naturel de petits fleuves côtiers appelés "courants". Ils se jettent dans l'océan par des embouchures appelées localement bocaus, "bouches". Ce terme gascon explique, entre autres, le nom de la ville du Boucau ou Boucau nau, "nouveau débouché" de l'Adour, après les travaux de Louis de Foix opérés en 1578, alors que Vieux Boucau ou Bocau vielh rappelle l'ancien estuaire du fleuve qui longeait jadis la côte en remontant vers le nord. À Capbreton, le Bocau de Diu était par ailleurs un havre où accostaient les navires.

Le gascon uishet, "exutoire, déversoir, passage vers la mer" explique donc tout naturellement le déterminant qui qualifie le courant reliant l'étang de Léon à l'Océan, sur la commune de Moliets ; comme Horet, "porte, passage", ancien appellatif du Ferret, sur le Bassin d'Arcachon, qui signalait l'étroit goulot entre la pointe de sable du Cap et l'île du Matoc.

Classé dès 1934 comme monument naturel et site de caractère artistique, historique, scientifique et pittoresque, cet émissaire des eaux de l'étang de Léon serpente sur une dizaine de kilomètres vers la mer, dans une vallée étroite ombragée par une forêt-galerie miraculeusement épargnée, riche d'une faune et d'une flore exceptionnelles.

Si les années 1950 et le développement du tourisme de masse accroissent la popularité d'un lieu classé réserve naturelle nationale en 1981, c'est dès novembre 1905 que l'aventure commence lorsque Maurice Martin, l'inventeur de la "Côte d'Argent" [1], opère la première descente à vocation touristique. Quelques temps plus tard, s'embarquent autour de J.-H. Rosny Jeune et Maurice Martin tout un petit groupe d'écrivains et de personnalités en vue de l'époque, parmi lesquels Paul Margueritte, Charles Deresnes, le photographe M. Serini, et surtout l'écrivain italien Gabriele d'Annunzio au faîte de sa carrière. Cette "merveille de la France pittoresque" émeut Rosny qui publie en juillet 1911 un article dithyrambique dans L'Illustration [2].

La réputation du courant d'Huchet s'accroît rapidement. On le descend sur les embarcations locales appelées galups mais bien vite se pose le problème de la préservation de l'équilibre naturel de ce milieu fragile. Les pêcheurs locaux se muent en bateliers et signalent à la corne de brume, les burnas, l'arrivée de groupes de "touristes" de plus en plus nombreux, nécessitant la fondation de l'association des Bateliers de Léon, organisateurs des premières descentes. Au début des années 1930, le premier syndicat de bateliers regroupe une dizaine de membres venus d'horizons professionnels différents. En 1945, André Labadie, dit Dédé, entame une carrière de 50 ans et participe par son charisme et sa parfaite connaissance du milieu à la promotion de ce site exceptionnel.

Oubliées les anciennes querelles autour du "droit de nasse". La Nasse n'est plus qu'un nom de lieu sur le parcours avant le pont de Pichelèbe et le marais de la Pipe [3]. Le tourisme prévaut désormais depuis plus d'un siècle sur la pêche devenue anecdotique.

[1] FENIE, Jean-Jacques, L'invention de la Côte d'Argent, suivi du Vocabulaire de la Côte d'Argent, Bordeaux : éd. Confluences, 2005, 159 pages.

[2] L'Illustration est un magazine hebdomadaire français qui paraît de 1843 à 1944. C'est le premier journal à publier, en 1891, une photographie en noir et blanc et, en 1907, une photographie en couleurs.

[3] Le toponyme Pichelèbe (Pisha lèba), littéralement "pisse-lièvre", évoque un lieu fréquenté par l'animal, une sorte de garenne, tandis que La pipe (La Pipa) rappelle très certainement une anecdote liée aux naufrages, nombreux sur les côtes landaises. Pipa désigne, en gascon, une grande futaille contenant deux barriques, soit 600 litres environ...

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
A la découverte d’une région des Landes, tout commence sur le plan d’eau du lac de Léon. Les rives se resserrent et nous allons entrer dans le courant d’Huchet qui relie le lac à l’océan. Le touriste pénètre dans un univers silencieux sous une végétation luxuriante. Le temps s’écoule alors comme par enchantement. Et si ce n’était l’effort visible du batelier, rien ne laisserait supposer que 3 à 4 heures se sont écoulées durant cette promenade au cœur d’un site unique dans cette région.
(Musique)