Le musée Despiau-Wlérick de Mont-de-Marsan
Notice
Présentation du musée Despiau-Wlérick, musée des Beaux-Arts de Mont-de-Marsan entièrement consacré à la sculpture figurative de la première moitié du XXe siècle, et découverte de l'œuvre des deux sculpteurs montois, Charles Despiau et Robert Wlérick, tous deux élèves de Rodin.
Éclairage
Le chef-lieu du département, appelé toujours familièrement Lo Mont [1], se situe à la confluence du Midou et de la Douze, formant la Midouze, mais la paroisse primitive se trouve à Saint-Pierre-du-Mont qui se déploie au sud-ouest de l'agglomération, sur une hauteur. C'est là en effet que se dresse la vieille église romane sous la protection de saint Pierre, c'est là que l'on a exhumé des vestiges antiques datés des IIIe et IVe siècles.
Mont "de Marsan" est donc une bastide, une ville neuve fondée en 1133 par Pierre de Marsan [2], fils de Loup Aner dit Lobaner, sur un site occupé à haute époque où vivait une population de bateliers plus ou moins organisée autour du prieuré de Saint-Genès-des-Vallées.
Après la fondation du bourg par le vicomte de Marsan, des poblants [3] de Saint-Genès et de Saint-Pierre-du-Mont s'installent dans la ville neuve, exempte de taxes. Ce barri ou faubourg s'étend ensuite du site de la confluence jusqu'à un fossé, à l'est, reliant Midou et Douze, sous la protection d'un château-fort [4]. C'est l'emplacement du futur "donjon Lacataye" constitué en réalité de deux maisons fortes romanes jumelées datant des XIVe - XVe siècles.
Cet ensemble fortifié en pierre coquillière, servant sans doute de poste d'observation et de défense, fut propriété des vicomtes de Marsan et la légende raconte que Marguerite de Navarre, sœur de François Ier et grand-mère du futur Henri IV, y aurait séjourné.
Inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 22 juillet 1942, l'édifice donné en 1860 par le maire Antoine Lacaze à sa ville, héberge le musée Despiau-Wlérick depuis 1968 [5]. Mais ce n'est pas le premier musée de la ville.
Le 2 mars 1886 très exactement, Mont-de-Marsan avait déjà ouvert, en effet, un lieu d'exposition du patrimoine landais dans le théâtre municipal. À l'origine, un jeune pharmacien, Pierre Eudoxe Dubalen, au savoir éclectique, avait fait don à la ville de toutes ses collections. L'archétype de l'honnête homme qui met sa fortune au service de la culture et de ses concitoyens.
Lorsque se dessine, quelques années plus tard, le projet d'un transfert du musée au Cercle militaire [6] avec création d'une section "Beaux Arts", le mécène se met à nouveau à l'œuvre et constitue une structure divisée en trois sections : Art, Préhistoire et Sciences Naturelles. Dans un coin, on peut y admirer Le Petit paysan, sculpture d'un jeune artiste local.
Mais il faut attendre 1968 pour qu'un véritable musée dédié à la sculpture voie le jour, valorisant l'œuvre de deux artistes désormais reconnus, Charles Despiau et Robert Wlérick. Transféré en 1972 à la maison romane, il connaît bien des avatars avant de revêtir l'aspect actuel, fruit du travail de restructuration opéré par son conservateur Armand Amann, en 1977.
Tout entier consacré aux deux hommes, il raconte, à travers de nombreuses pièces, leur histoire intimement liée.
Né à Mont-de-Marsan le 4 novembre 1874, mort à Paris le 28 octobre 1946, Charles Despiau découvre sa vocation artistique au lycée de sa ville natale, ce qui le conduit à l'école des Beaux Arts de la capitale où il finit sa formation en 1899. Considéré comme l'un des pères de l'art moderne, il se fait connaître en 1907 en présentant le buste de Paulette, une jeune fille de onze ans, Paule Pallu, qu'il avait choisie pour modèle en raison de sa grande beauté.
Remarqué par Rodin, Charles Despiau travaille avec le maître à l'érection des premiers monuments aux morts de la Grande Guerre. Sa renommée grandit en Europe et dans le monde entier.
Né à Mont-de-Marsan le 13 avril 1882, mort à Paris le 7 mars 1944, Robert Wlérick suit un cursus qui le mène du lycée de Mont-de-Marsan à l'école des Beaux Arts de Toulouse où il étudie, entre 1898 et 1903, le dessin et le modelage. Il y obtient le premier prix et s'installe en 1905 à Paris où son compatriote Despiau le prend sous sa tutelle. Il enseigne à l'école professionnelle Bernard Palissy et, d'expositions en expositions, assure peu à peu sa notoriété. Inspiré par l'oeuvre de Houdon, il sculpte principalement des bustes - les femmes landaises l'inspirent particulièrement - mais réalise des commandes comme les monuments aux morts de Labrit, Morcenx ou Saugnac-et-Muret et la statue du maréchal Foch, sur la place du Trocadéro, à Paris.
[1] Forme gasconne du toponyme.
[2] le nom de la famille éponyme vient de la paroisse de Marsan, dans l'actuel département du Gers, qui procède elle-même du latin Martianus.
[3] Littéralement "peuplants" pour désigner, en gascon, les habitants nouvellement installés.
[4] Le toponyme Pujorin, dérivé du latin podium Jorii, "colline de Jori" l'une des variantes occitanes du nom de baptême Georges, indique le surplomb sur lequel s'élève l'ensemble monumental.
[5] Voir l'article de Philippe Camin publié en décembre 1995, dans Le Festin n°16 :" Le musée Despiau-Wlérick de Mont-de-Marsan" (lefestin.net, revue et édition d'art en Aquitaine)
[6] Le futur Hôtel de Ville.