Le musée Despiau-Wlérick de Mont-de-Marsan

17 juin 1985
06m 44s
Réf. 00547

Notice

Résumé :

Présentation du musée Despiau-Wlérick, musée des Beaux-Arts de Mont-de-Marsan entièrement consacré à la sculpture figurative de la première moitié du XXe siècle, et découverte de l'œuvre des deux sculpteurs montois, Charles Despiau et Robert Wlérick, tous deux élèves de Rodin.

Type de média :
Date de diffusion :
17 juin 1985
Source :

Éclairage

Le chef-lieu du département, appelé toujours familièrement Lo Mont [1], se situe à la confluence du Midou et de la Douze, formant la Midouze, mais la paroisse primitive se trouve à Saint-Pierre-du-Mont qui se déploie au sud-ouest de l'agglomération, sur une hauteur. C'est là en effet que se dresse la vieille église romane sous la protection de saint Pierre, c'est là que l'on a exhumé des vestiges antiques datés des IIIe et IVe siècles.

Mont "de Marsan" est donc une bastide, une ville neuve fondée en 1133 par Pierre de Marsan [2], fils de Loup Aner dit Lobaner, sur un site occupé à haute époque où vivait une population de bateliers plus ou moins organisée autour du prieuré de Saint-Genès-des-Vallées.

Après la fondation du bourg par le vicomte de Marsan, des poblants [3] de Saint-Genès et de Saint-Pierre-du-Mont s'installent dans la ville neuve, exempte de taxes. Ce barri ou faubourg s'étend ensuite du site de la confluence jusqu'à un fossé, à l'est, reliant Midou et Douze, sous la protection d'un château-fort [4]. C'est l'emplacement du futur "donjon Lacataye" constitué en réalité de deux maisons fortes romanes jumelées datant des XIVe - XVe siècles.

Cet ensemble fortifié en pierre coquillière, servant sans doute de poste d'observation et de défense, fut propriété des vicomtes de Marsan et la légende raconte que Marguerite de Navarre, sœur de François Ier et grand-mère du futur Henri IV, y aurait séjourné.

Inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 22 juillet 1942, l'édifice donné en 1860 par le maire Antoine Lacaze à sa ville, héberge le musée Despiau-Wlérick depuis 1968 [5]. Mais ce n'est pas le premier musée de la ville.

Le 2 mars 1886 très exactement, Mont-de-Marsan avait déjà ouvert, en effet, un lieu d'exposition du patrimoine landais dans le théâtre municipal. À l'origine, un jeune pharmacien, Pierre Eudoxe Dubalen, au savoir éclectique, avait fait don à la ville de toutes ses collections. L'archétype de l'honnête homme qui met sa fortune au service de la culture et de ses concitoyens.

Lorsque se dessine, quelques années plus tard, le projet d'un transfert du musée au Cercle militaire [6] avec création d'une section "Beaux Arts", le mécène se met à nouveau à l'œuvre et constitue une structure divisée en trois sections : Art, Préhistoire et Sciences Naturelles. Dans un coin, on peut y admirer Le Petit paysan, sculpture d'un jeune artiste local.

Mais il faut attendre 1968 pour qu'un véritable musée dédié à la sculpture voie le jour, valorisant l'œuvre de deux artistes désormais reconnus, Charles Despiau et Robert Wlérick. Transféré en 1972 à la maison romane, il connaît bien des avatars avant de revêtir l'aspect actuel, fruit du travail de restructuration opéré par son conservateur Armand Amann, en 1977.

Tout entier consacré aux deux hommes, il raconte, à travers de nombreuses pièces, leur histoire intimement liée.

Né à Mont-de-Marsan le 4 novembre 1874, mort à Paris le 28 octobre 1946, Charles Despiau découvre sa vocation artistique au lycée de sa ville natale, ce qui le conduit à l'école des Beaux Arts de la capitale où il finit sa formation en 1899. Considéré comme l'un des pères de l'art moderne, il se fait connaître en 1907 en présentant le buste de Paulette, une jeune fille de onze ans, Paule Pallu, qu'il avait choisie pour modèle en raison de sa grande beauté.

Remarqué par Rodin, Charles Despiau travaille avec le maître à l'érection des premiers monuments aux morts de la Grande Guerre. Sa renommée grandit en Europe et dans le monde entier.

Né à Mont-de-Marsan le 13 avril 1882, mort à Paris le 7 mars 1944, Robert Wlérick suit un cursus qui le mène du lycée de Mont-de-Marsan à l'école des Beaux Arts de Toulouse où il étudie, entre 1898 et 1903, le dessin et le modelage. Il y obtient le premier prix et s'installe en 1905 à Paris où son compatriote Despiau le prend sous sa tutelle. Il enseigne à l'école professionnelle Bernard Palissy et, d'expositions en expositions, assure peu à peu sa notoriété. Inspiré par l'oeuvre de Houdon, il sculpte principalement des bustes - les femmes landaises l'inspirent particulièrement - mais réalise des commandes comme les monuments aux morts de Labrit, Morcenx ou Saugnac-et-Muret et la statue du maréchal Foch, sur la place du Trocadéro, à Paris.

[1] Forme gasconne du toponyme.

[2] le nom de la famille éponyme vient de la paroisse de Marsan, dans l'actuel département du Gers, qui procède elle-même du latin Martianus.

[3] Littéralement "peuplants" pour désigner, en gascon, les habitants nouvellement installés.

[4] Le toponyme Pujorin, dérivé du latin podium Jorii, "colline de Jori" l'une des variantes occitanes du nom de baptême Georges, indique le surplomb sur lequel s'élève l'ensemble monumental.

[5] Voir l'article de Philippe Camin publié en décembre 1995, dans Le Festin n°16 :" Le musée Despiau-Wlérick de Mont-de-Marsan" (lefestin.net, revue et édition d'art en Aquitaine)

[6] Le futur Hôtel de Ville.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Intervenant
Voilà, nous nous retrouvons dans le cadre du musée de la ville de Mont-de-Marsan, qui est un musée consacré essentiellement à la sculpture. Le musée lui-même occupe un bâtiment du Moyen-Age, un des rares que la ville ait pu garder. Bâtiment qui remonte au XIIIe, XIVe siècle, et dont on connaît d’ailleurs très mal l’historique. Le bâtiment lui-même a été donné à la ville de Mont-de-Marsan par Antoine Lacaze, qui était maire de Mont-de-Marsan sous le Second Empire. Et au XIXe siècle, il a été essentiellement occupé comme caserne. Et on lui a donné d’ailleurs cet aspect crénelé et défensif qu’il a actuellement. Il faut attendre les années 1962, 1964 pour le voir occuper et obtenir une transformation un peu plus glorieuse par rapport à son passé ; qui est son utilisation comme musée de la ville de Mont-de-Marsan. Le musée de Mont-de-Marsan lui-même remonte à 1885, date à laquelle Pierre Eudoxe Dubalen fait don à la ville de Mont-de-Marsan de ses collections. Charles Despiau est né à Mont-de-Marsan en 1974. Charles Despiau occupe une place très importante au XXe siècle dans la sculpture française. C’est un praticien de Rodin, Despiau va dégager cette sculpture de l’emprise de Rodin. Despiau est surtout portraitiste et la grande nouveauté justement de l’art de Despiau, c’est d’avoir redonné à ses sculptures le calme.
(Musique)
Intervenant
Voici l’œuvre qui est importante dans la carrière de Charles Despiau, c’est le Buste de Paulette, et il a été remarqué par Rodin. Rodin a été très impressionné, il a envoyé une lettre à Charles Despiau, lui demandant de devenir son praticien.
(Musique)
Intervenant
Deuxième sculpteur né à Mont-de-Marsan, quelques années après Charles Despiau, c’est Robert Wlérick, Robert Wlérick va suivre la même carrière que Charles Despiau. Et il est amusant de constater que lui aussi va devenir connu et célèbre avec Rodin ; qui va remarquer son buste de la petite Landaise.
(Musique)
Intervenant
Une des œuvres importantes est le monument au maréchal Foch, qu’il a réalisé en collaboration avec Raymond Martin. Et ce monument est extrêmement important puisqu’il a déclenché sans le vouloir, ce que l’on a appelé la guerre des képis. En effet, comme vous pouvez le constater, le maréchal est représenté sans son képi avec le front entièrement dégarni. Et cette manière de représenter un maréchal avait déplu. Et c’était le ministre des Beaux-Arts de l’époque qui avait tranché en faveur des artistes, qui avait déclaré devant la commission : "Mais ce que l’on veut glorifier chez le maréchal, c’est quand même son intelligence".
(Musique)
Intervenant
La première moitié du XXe siècle est une période très faste pour les sculpteurs qui reçoivent énormément de commandes, exécutées pour les grandes expositions internationales. La première en 1900, ensuite celle de 1925, et pour terminer celle de 1937, où sont rassemblées ici un certain nombre d’œuvres qui décoraient les pavillons français de l’exposition.
(Musique)