Elevage des huîtres sur le lac marin d'Hossegor

16 juillet 2001
02m 18s
Réf. 00556

Notice

Résumé :

L'ostréiculture se pratique depuis plus d'un siècle sur le lac marin d'Hossegor. Si en 1876 une quarantaine d'ostréiculteurs y étaient installés, aujourd'hui seule une demi douzaine exploitent un hectare et demi du parc pour une production destinée à la consommation locale. Rencontre avec deux ostréiculteurs : Jérôme Labeguerie et Laure Lupuyau.

Date de diffusion :
16 juillet 2001

Éclairage

Étrange destin que celui du lac d'Hossegor : ce fut longtemps une simple étendue d'eau nichée derrière les premières dunes de l'Océan, jusqu'à ce que, vers 1400, les caprices de l'Adour qui délaissa son embouchure traditionnelle de Capbreton au profit du Vieux-Boucau, ne le transforment en un court tronçon de cette rivière entre Bayonne et l'Océan. En 1578, la volonté des Bayonnais et de la monarchie modifia une fois de plus le cours de l'Adour qui se jette depuis lors au Boucau neuf. Le lac d'Hossegor retrouva alors sa tranquillité première de lac fermé jusqu'à ce que, trois cents ans plus tard, par la volonté de Napoléon III, il ne soit de nouveau relié à la vaste mer par le canal que nous connaissons aujourd'hui. Ce creusement modifia profondément l'écosystème du lac, désormais soumis à l'influence des marées et à l'eau salée. Deux fois par jour, il se vide, plus ou moins complètement selon le coefficient des marées, et deux fois par jour, il se remplit, selon des modalités tout à fait semblables à celles que connaît son grand frère , le bassin d'Arcachon.

C'est sans doute ces similitudes qui ont poussé, en 1876 (ou 1878, selon d'autres sources) à l'implantation de l'ostréiculture dans le lac, avec des huîtres importées d'Arcachon, à une époque où le tourisme commençait à se développer. D'abord pratiquée par un grand nombre d'ostréiculteurs, cette activité est aujourd'hui concentrée aux mains de quelques familles et sa production est insignifiante à l'échelle de notre pays. La France est de très loin le plus gros producteur d'huîtres en Europe, avec environ 130 000 tonnes par an, soit environ 95% de la production de l'Union. L'Aquitaine, c'est-à-dire essentiellement le Bassin d'Arcachon, produit moins de 10% des huîtres élevées en France ; on y compte environ 270 entreprises ostréicoles contre 5 ou 6 à Hossegor, produisant, bon an, mal an, 150 à 200 tonnes. C'est donc localement, dans les Landes et le Pays Basque, que cette production est écoulée, par la vente directe sur les marchés, sur place au fond du lac d'Hossegor où sont implantées ces entreprises ou par l'intermédiaire de détaillants. Il s'agit d'entreprises familiales, employant peu de main-d'œuvre extérieure. Les producteurs bénéficient de conditions de travail favorables, en particulier la proximité des parcs à huîtres qui leur évite des investissements coûteux en moyens de transport et de manutention. Par ailleurs, la forte présence touristique, assez bien répartie au long de l'année, leur permet d'échapper en partie à ce qui est une des difficultés de ce métier, à savoir la concentration des ventes sur un mois de l'année, au moment des fêtes.

L'ostréiculture, dans les lieux où elle est implantée, subit la concurrence d'autres activités, comme la pêche, l'agriculture ou le tourisme avec les risques de pollution qu'elles font courir aux eaux dans lesquelles sont élevées les huîtres. La vidange du lac et l'entrée biquotidienne de l'eau de l'Océan permettent de limiter ces risques et de maintenir la qualité reconnue aux huîtres élevées dans le lac marin d'Hossegor.

Francis Brumont

Transcription

(Musique)
Journaliste
Le lac d’Hossegor n’a pas toujours été relié à la mer. Il vit au rythme des marées depuis 130 ans, grâce à un canal percé sous Napoléon III.
(Musique)
Journaliste
En 1876, une quarantaine d’ostréiculteurs étaient installés ici. Aujourd’hui, seule une demi-douzaine poursuit l’activité en exploitant 2 hectares et demi de parc.
(Musique)
(Bruit)
Journaliste
Alors Jérôme, même au mois de juillet, il y a encore du travail dans les parcs à huîtres ?
Jérôme Labeguerie
Oui, au mois de juillet, il y a pas mal de travail parce qu’en fait on prépare les marchés d’été. Et puis, on a aussi la reproduction des huîtres qui va arriver le 15 juillet et donc, il va falloir mettre des capteurs sur les parcs à huîtres. La particularité des huîtres d’Hossegor, c’est qu’elles poussent quand même beaucoup plus vite que les autres, enfin du moins sur la côte atlantique, c’est celles qui poussent le plus vite. On met à peu près 2 ans pour faire une huître vendable, du numéro 3. Et ensuite au niveau gustatif et au point de vue de la chair surtout, elles sont toujours pleines, toute l’année.
Journaliste
Des huîtres à la saveur caractéristique, un goût de noisette disent les connaisseurs, transmis par le phytoplancton unique du lac marin. Contrairement à leurs confrères arcachonnais, les ostréiculteurs d’Hossegor n’ont pas besoin d’embarcations pour récolter leur production. À marée basse, il suffit de se pencher pour cueillir, un travail d’agriculteur de la mer.
Laure Lupuyau
On les trie par catégorie, on les met en poche, on les lave, on les met dans les bassins pendant 48 heures donc de purification et ensuite, on les met… on les vend sur les étals, donc sur les marchés. Pour une femme, c’est assez difficile quand même parce que bon, c’est un travail assez dur, donc il faut être bien accompagnée, c’est surtout ça. Parce que vraiment, pour une femme, c’est assez physique. Il faut des bras !
(Musique)
Journaliste
Les parcs d’Hossegor produisent en moyenne 250 tonnes d’huîtres pas an, des fruits de mer que l’on retrouve sur les tables des restaurants de la région ou sur les marchés des environs. Une consommation locale pour l’une des habitantes les plus discrètes du lac d’Hossegor.