Les gorges de l'Estampon
Notice
Ballade dans les gorges de l'Estampon au cœur de la forêt de Gascogne... Cette rivière a creusé de profonds couloirs de navigation dans des parois remplies de fossiles.
Éclairage
Issu des marais du Gabardan, plus précisément des confins des Landes (Parleboscq) et du Gers (commune de Cazaubon), l'Estampon a un cours de 52 km. Cette petite rivière de la pointe orientale du triangle des Landes de Gascogne est évidemment moins connue que la Leyre, deux fois plus longue (115 km exactement) et de plus grande notoriété du fait de son inscription dans le territoire du Parc naturel régional qui regroupe des communes landaises et girondines et qui y a développé, dès les années 1970, la pratique du canoë-kayak.
Cependant, passé le pont du Gua Berdat à Herré (1), le discret Estampon ressemble à la Grande ou à la Petite Leyre (2) et, tout pareillement, inscrit son cours sinueux en un thalweg bien marqué incisant la couche sablonneuse. Pourtant, dans le secteur de Roquefort, la rivière –sur laquelle se pratique aussi le canoë-kayak à partir des années 2000 – présente quelques curiosités. Avant la confluence avec la Douze elle traverse une zone encaissée ou affleure le calcaire (3). Sous un véritable couloir végétal – forêt-galerie où voisinent en particulier chênes, pins, vernhes (4) ou fougères de type Osmonde royale (Osmunda regalis) – on découvre des abrupts rocheux dans lesquels se repèrent aisément ou desquels se détachent même d'intéressants fossiles (coquillages foraminifères, mollusques, bivalves et autres gastéropodes) révélateurs des modifications climatiques et des variations des rivages aquitains (5).
À ces curiosités géologiques s'ajoute l'agrément de la découverte, dans la solitude boisée, d'un biotope favorables aux "libellules" (Anisoptera au sens strict), notamment aux demoiselles (Zygoptera) ou aux agrions tel l'Agrion jouvencelle (Coenagrion puella), ou bien – pourtant rare et peu visible – au vison d'Europe (Mustela lutreola) qui a été aussi repéré sur la Grande Leyre.
(1) De manière assez rare, dans ses premiers kilomètres, la petite rivière est d'abord sur la carte topographique appelée "Canal du Marais". En effet, les eaux incertaines de cette zone furent drainées à la fin du XVIIIe siècle sous l'autorité du gentilhomme Jean-François Capot de Feuillide (1750-1794). En ces temps où triomphaient les idées physiocratiques, on avait à cœur d'assainir les marécages insalubres et de bonifier les terres.
(2) La première prend naissance dans les marais de Luglon, la seconde est issue du camp militaire de Captieux, sur la Haut Lana des bergers d'antan, c'est-à-dire de la partie topographique la plus élevée des Landes de Gascogne (ligne de partage des eaux entre l'Estrigon se dirigeant vers la Douze, donc vers l'Adour, le bassin de la Leyre, et la Gouaneyre dont les eaux vont vers le Ciron, affluent de la Garonne).
(3) La roche calcaire a été longtemps exploitée dans des carrières de belle ampleur. Non seulement elles servent à la constructions de la forteresse primitive de Pènecadet, édifiée au Xe siècle à la confluence de la Douze et de l'Estampon par le vicomte de Marsan puis, longtemps, elles alimentent les environs en matériau de construction et pourvoient aussi en matière première de nombreux fours à chaux (caucina ou caucía en gascon, du latin calx, calcis).
(4) En occitan, l'aulne (notamment Alnus glutinosa ou "aulne glutineux") est appelé vèrn ou vèrnhe (du celtique verno). D'où de nombreux noms de lieux tels que Bern, Bernède, Bernet, Lavergne...
(5) Visible au Pavillon des Landes de Gascogne à la gare de Sabres (Écomusée de Marquèze), le film sur l'évolution des rivages d'Aquitaine à travers les temps géologiques (http://www.capsciences.net/aquitaine_sortie_des_eaux/ ) a été réalisé par Cap Sciences à Bordeaux.