Les gorges de l'Estampon

27 août 2012
02m 33s
Réf. 00707

Notice

Résumé :

Ballade dans les gorges de l'Estampon au cœur de la forêt de Gascogne... Cette rivière a creusé de profonds couloirs de navigation dans des parois remplies de fossiles.

Date de diffusion :
27 août 2012
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Issu des marais du Gabardan, plus précisément des confins des Landes (Parleboscq) et du Gers (commune de Cazaubon), l'Estampon a un cours de 52 km. Cette petite rivière de la pointe orientale du triangle des Landes de Gascogne est évidemment moins connue que la Leyre, deux fois plus longue (115 km exactement) et de plus grande notoriété du fait de son inscription dans le territoire du Parc naturel régional qui regroupe des communes landaises et girondines et qui y a développé, dès les années 1970, la pratique du canoë-kayak.

Cependant, passé le pont du Gua Berdat à Herré (1), le discret Estampon ressemble à la Grande ou à la Petite Leyre (2) et, tout pareillement, inscrit son cours sinueux en un thalweg bien marqué incisant la couche sablonneuse. Pourtant, dans le secteur de Roquefort, la rivière –sur laquelle se pratique aussi le canoë-kayak à partir des années 2000 – présente quelques curiosités. Avant la confluence avec la Douze elle traverse une zone encaissée ou affleure le calcaire (3). Sous un véritable couloir végétal – forêt-galerie où voisinent en particulier chênes, pins, vernhes (4) ou fougères de type Osmonde royale (Osmunda regalis) – on découvre des abrupts rocheux dans lesquels se repèrent aisément ou desquels se détachent même d'intéressants fossiles (coquillages foraminifères, mollusques, bivalves et autres gastéropodes) révélateurs des modifications climatiques et des variations des rivages aquitains (5).

À ces curiosités géologiques s'ajoute l'agrément de la découverte, dans la solitude boisée, d'un biotope favorables aux "libellules" (Anisoptera au sens strict), notamment aux demoiselles (Zygoptera) ou aux agrions tel l'Agrion jouvencelle (Coenagrion puella), ou bien – pourtant rare et peu visible – au vison d'Europe (Mustela lutreola) qui a été aussi repéré sur la Grande Leyre.

(1) De manière assez rare, dans ses premiers kilomètres, la petite rivière est d'abord sur la carte topographique appelée "Canal du Marais". En effet, les eaux incertaines de cette zone furent drainées à la fin du XVIIIe siècle sous l'autorité du gentilhomme Jean-François Capot de Feuillide (1750-1794). En ces temps où triomphaient les idées physiocratiques, on avait à cœur d'assainir les marécages insalubres et de bonifier les terres.

(2) La première prend naissance dans les marais de Luglon, la seconde est issue du camp militaire de Captieux, sur la Haut Lana des bergers d'antan, c'est-à-dire de la partie topographique la plus élevée des Landes de Gascogne (ligne de partage des eaux entre l'Estrigon se dirigeant vers la Douze, donc vers l'Adour, le bassin de la Leyre, et la Gouaneyre dont les eaux vont vers le Ciron, affluent de la Garonne).

(3) La roche calcaire a été longtemps exploitée dans des carrières de belle ampleur. Non seulement elles servent à la constructions de la forteresse primitive de Pènecadet, édifiée au Xe siècle à la confluence de la Douze et de l'Estampon par le vicomte de Marsan puis, longtemps, elles alimentent les environs en matériau de construction et pourvoient aussi en matière première de nombreux fours à chaux (caucina ou caucía en gascon, du latin calx, calcis).

(4) En occitan, l'aulne (notamment Alnus glutinosa ou "aulne glutineux") est appelé vèrn ou vèrnhe (du celtique verno). D'où de nombreux noms de lieux tels que Bern, Bernède, Bernet, Lavergne...

(5) Visible au Pavillon des Landes de Gascogne à la gare de Sabres (Écomusée de Marquèze), le film sur l'évolution des rivages d'Aquitaine à travers les temps géologiques (http://www.capsciences.net/aquitaine_sortie_des_eaux/ ) a été réalisé par Cap Sciences à Bordeaux.

Jean-Jacques Fénié

Transcription

Présentateur
Et nous quittons le canal latéral en Lot-et-Garonne pour une balade en canoë particulièrement inattendue dans les Landes. Une descente sur les gorges de l’Estampon, vous avez bien entendu, des gorges au coeur de la forêt de Gascogne. Certes, ce ne sont pas de profonds canyons, mais tout de même, cette rivière a creusé de profonds couloirs de navigation dans des parois remplies de fossiles. Ludivine Tachon et Jean-Yves Pautrat.
Ludivine Tachon
Il n’est pas facile de percer les secrets de l’Estampon. Pour le promeneur, la rivière est inaccessible à pied, seuls les chemins connus par les pêcheurs et le canoë permettent de découvrir cet écrin et ces trésors préservés.
Amaury Dufau
L’Estampon a la particularité d’avoir des enrochements calcaires sur ses bordures. C’est-à-dire que Roquefort est sur un sol calcaire, donc la rivière, en creusant son lit, a découvert des falaises aux extérieurs des virages, essentiellement pour le petit parcours ; et tout le long de la rivière, sur les deux côtés pour le grand parcours, ça fait comme des gorges dans les Landes, c’est très original et c’est ce qui fait la beauté du parcours.
Ludivine Tachon
Depuis quatre ans, Amaury, enfant de la rivière, a repris l’activité nautique sur l’Estampon. Elle tient son nom du petit village d’où elle prend sa source. Une eau à 14 degrés, pure et cristalline, comme la Leyre, son lit est de sable. Mais au bout de quelques minutes, les premières surprises apparaissent.
Amaury Dufau
On cherche dans l’érosion, il y a plein de coquillages, là c’est une moule, un coquillage, et je ne sais pas comment ça s’appelle, ce truc-là.
Ludivine Tachon
Il y a des millions d’années, la mer a laissé ces richesses fossilisées, preuves que les Landes étaient sous l’océan. La flore aussi nous ramène à la préhistoire avec ces fougères, des osmondes royales.
Amaury Dufau
Hop là ! Là ici, elle monte en touffe et c’est la touffe qui gagne un millimètre par an. Donc celle-là, elle fait 2, 3centimètres, elle doit avoir entre 10 et 15ans, voire un peu plus.
musique
(musique)
Ludivine Tachon
Toute la faune sauvage landaise fréquente les bords de l’Estampon, il n’est pas rare d’apercevoir une famille de visons d’Europe et de drôles de libellules accompagnent toujours la balade.
Amaury Dufau
On a aussi la chance d’avoir, grâce à la qualité de l’eau des agrions. Les agrions, c’est comme des libellules, c’est les cousins des libellules mais en plus petit, plus légers, plus, beaucoup plus colorés.
Ludivine Tachon
Nous n’avons pas eu la chance d’admirer le vison d’Europe ; mais au terme de deux ou quatre heures de promenade au fil de l’eau, c’est une vision inédite des Landes qui est offerte aux amateurs, de lieux encore sauvages.