Première usine au monde à fabriquer des disques compacts
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MPO, fabricant de disques vinyls, s'est lancé avec succès dans la production de disques laser il y a quelques mois. Visite de l'usine de Villaines-la-Juhel où, animation à l'appui, l'on suit la chaîne de fabrication des deux formats alors que le fondateur de l'entreprise et son fils, Pierre et Loïc de Poix, reviennent sur la genèse du CD et en expliquent les enjeux commerciaux.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
15 nov. 1985
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Contexte historique
ParDirecteur de la communication de la Communauté de communes du Pays Château-Gontier
Publication : 01 sept. 2021
Il n’y a pas que les galettes de Pont-Aven dans l’Ouest à être connues. Celles, nées à Averton dans la Mayenne, dès 1957, n’ont rien à envier à leurs voisines finistériennes, certes plus gustatives...mais moins musicales. Dans les années soixante, Averton, village de 600 âmes aux portes de Villaines-la-Juhel, a sans doute vu sortir les premiers disques vinyles des presses de l’entreprise familiale : les Moulages Plastiques de l’Ouest, MPO, avec une certaine curiosité. Bien loin de la Silicon Valley et de l’atmosphère économique bouillonnante de la côte ouest californienne, c’est au calme, en pleine campagne, que les fondateurs de MPO, Pierre et Monique Tyrel de Poix, ont décidé de s’attaquer au marché du disque. Au plus fort de son activité, l’entreprise possédera jusqu’à 72 presses pour fabriquer quotidiennement 200 000 33 tours et 45 tours. La galette noir connaît alors le succès. MPO ne se laissera pas endormir par le sillon qui tourne rond ; en 1983 elle prend le virage du numérique et devient rapidement un des principaux leaders mondiaux du Compact Disc, le CD.
Dans ce reportage diffusé le 15 novembre 1985 dans le journal télévisé régional Le Mans soir, le journaliste Eric Schings, nous ouvre les portes d’un univers digne de celui d’un bloc opératoire. La technologie y est omniprésente et on imagine aisément que MPO, sur son site de Villaines-la-Juhel, recrute du personnel qualifié ou passionné et qu’il a fallu former aux techniques nouvelles. Tellement nouvelles dans le monde que seuls les Japonnais et les Allemands ont investi dans le disque laser. 18 000 CD sont très rapidement produits chaque jour chez MPO, ce qui fait dire à son fondateur, Pierre de Poix : Il fallait faire du compact puisque c’était le produit de remplacement. C’était un peu audacieux mais ça marche... .
Pour Loic de Poix, la révolution est en marche : Sur un CD audio, le stockage d’information est de 300 à 500 fois supérieur à ce qu’on trouvait sur les disquettes informatiques. Vous pouvez y mettre 150 000 pages dactylographiées et même toute la carte de France, y compris les chemins vicinaux
confie t-il au journaliste. Le reportage se veut pédagogique avec une explication entre le procédé permettant de presser le disque noir et le process réservé au CD. En résumé, un vinyle doit faire correspondre les sons au relief du sillon tandis qu’un compact disc ne sera qu’une transposition chiffrée d’une musique. Le reportage, aidé d’un type d’infographie que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, nous explique que les informations musicales, aiguës ou graves, sont codées, traduites en nombres et gravées sur la partie inférieure du CD. Une très fine couche d’aluminium recouvre ces données pour que le rayon laser, qui n’est autre qu’un faisceau de lumière très concentrée, puisse lire les informations se réfléchissant sur le métal. Les presses qui fabriquent les CD viennent de Suisse et leur précision est digne de celle des horlogers puisque les informations doivent être gravées avec des détails qui sont de l’ordre du millionième de millimètre. Le reportage nous explique que MPO pourrait se permettre de multiplier sa production par 4 ou 5, sans avoir le moindre soucis de débouchés mais le problème vient des investissements très lourds à consentir. Pierre de Poix avoue qu’une vingtaine de millions de francs a été investie dans le CD grâce aux bénéfices du disque noir
. Le coût de revient du produit n’est pas le même non plus. Pour un disque traditionnel, vendu 70 francs dans les années 80, la fabrication était de l’ordre de 4 francs. Pour un CD, vendu en moyenne 150 francs à la même époque, il fallait compter 35 francs de coûts de production.
Ce qui est intéressant également dans le travail journalistique proposé, c’est qu’il démontre que l’analyse d’une situation, à un instant T, n’est pas toujours destinée à être gravée dans le marbre. Ainsi, on apprend qu’en 1985, passer au CD était une question de survie dans la jungle des fabricants qui voyaient chuter le disque noir de 15 à 20 % chaque année. D’ici 15 ans, un tel produit (le vinyle, nda), trop fragile et dépassé techniquement, ne sera plus fabriqué. Il fallait donc s’adapter au marché d’avenir
nous rapporte le journaliste. Coup de tonnerre dans le monde du disque, depuis 2010, ce vinyle que l'on disait moribond se refait une santé. Les plus jeunes, passionnés par le bon son, découvrent les vertus des vieux disques, amoureusement archivés par leurs parents. Avec une pureté des sonorités, puisque non compressées, la galette noir fait son retour et les platines ne restent pas longtemps en vente sur les sites d’annonces.
Le vinyle est tellement de retour que MPO en fait une de ses forces. Jusque sur son site on peut lire : Le disque vinyle constitue le porte drapeau le plus emblématique du vintage et n’a rien d’une mode passagère.La pureté du son, la beauté de l’objet ainsi que la passion de MPO pour le vinyle nous ont amené à vous proposer une plus grande liberté dans la confection de votre projet.
Au passage l’entreprise a du se rééquiper. Elle n’avait gardé qu’une quinzaine de presse, dont huit seulement tournaient quelques heures par jour dans les années 2000 pour répondre aux commandes d’indéboulonnables du vinyle comme le groupe Daft Punk. Aujourd’hui, il existe seulement quatre fabricants de vinyles dans le monde. Après être tombée à trois millions d’unités par an, en 2017, MPO a fabriqué 16 millions de disques vinyles. Selon MPO, 60 % des vinyles partent à l’export.
Alban Pingeot a intégré MPO en 1996. Président du directoire depuis juillet 2015, il explique ainsi l’engouement de la jeune génération pour le vinyle : Ils ont un besoin de matérialisation, à une époque où tout est digital. Le disque redevient un bel objet, pas uniquement un objet à écouter
.
Soulignons enfin que la coprésidence de MPO est restée familiale, et est occupée par Loic et Serge de Poix. MPO s’est diversifiée, possède 4 sites industriels en France, 6 bureaux commerciaux et est présente en Espagne, au Royaume Uni, en Allemagne et au Portugal. Forte de 630 collaborateurs, dont 500 dans l’hexagone, son chiffre d’affaires était de 80 m€ en 2019. Dans le sillon de l’aventure née à Averton un jour de 1957, la petite musique de la famille de Poix chante toujours la Mayenne.
Bibliographie
- Site mpo-international.com
- Pauline Darasse, « MPO, la renaissance du vinyl », publié sur le site capital.fr, 18/02/2018
Transcription
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