La gynécologue a trouvé un successeur

Notre vidéo d’une durée de 2’06 réalisée par Pierre-Eric Cally, François Bobet et Sophie Boismain a été diffusée sur France 3 lors du 19 20 Édition Pays de la Loire du jeudi 11 janvier 2018. La gynécologue libérale Bernadette Perrot, installée à Château-Gontier depuis 1986, va pouvoir partir à la retraite la conscience tranquille en mai sans abandonner ses patientes ! Elle a réussi à trouver un successeur grâce à ses annonces sur les réseaux sociaux postées en mars 2017. Sinon, on allait passer de dix gynécologues en Mayenne dans le secteur libéral, à seulement deux en l’espace de 9 ans ! C’est un gynécologue allemand, Dirk Borgwardt, qui prend le relais. Il a fait ses études à la faculté de médecine de Rostock (au nord-est de l’Allemagne, au bord de la mer Baltique). Ce spécialiste en échographie, obstétrique et fertilité fait référence dans sa région. Il est attiré en Mayenne par la qualité de vie locale, les châteaux… Il dit dans les journaux : Avec mon épouse, nous voulions changer de vie. Vivre en France était un rêve. Ici la vie est très agréable. Arrivés en novembre, ils suivent des cours de français. Il a débuté au cabinet le 2 janvier. Cependant, d’après les journaux locaux, une gynécologue tunisienne (Safia Djéllali, vice-présidente de l’association de gynécologie de Tunis) devait également arriver en cette fin d’année : pour des raisons administratives elle n’a pas encore passé l’équivalence de son diplôme tunisien pour exercer en France. En 2023, elle semble exercer… en Tunisie.

Ce reportage est une illustration de la question du développement des déserts médicaux. Depuis les années 2000, de nombreux médecins mayennais partant à la retraite n’ont pas été remplacés. C’est vrai pour la médecine générale comme pour la médecine spécialisée, pour le secteur libéral comme pour le secteur hospitalier. En fait, au début des années 2020 on se rend compte que la France entière manque de personnel médical, notamment d’infirmiers et d’infirmières. Aussi les conditions de travail des soignants sont de plus en plus compliquées : comment faire le travail de cinq personnes alors qu’on n’est que trois ? En faisant des heures supplémentaires, en sacrifiant les congés, la famille… En juillet et août 2023, les urgences des hôpitaux de Laval, Mayenne et Château-Gontier restent fermées la nuit (sauf urgences vitales) ! Alors, une seule solution : appeler le 15. Et le problème n’est pas limité à la France ! C’est le même constat dans la plupart des pays d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Afrique du Nord… À chaque fois qu’un médecin étranger vient en France… il dégarnit son pays. C’est un peu le brain drain américain, en français : le drainage des cerveaux. En faisant venir chez nous les gens les plus talentueux des pays émergents on appauvrit leurs pays d’origine. Pour ceux-ci cela devient la fuite des cerveaux !

Les responsables politiques tentent des choses. Des municipalités ont ouvert des maisons de santé. Certaines fonctionnent très bien, comme la première maison de santé pluridisciplinaire de Château-Gontier construite à la Motte-Vauvert (route de Segré) ouverte en 2019 près d’une pharmacie et d’un grand parking (prévu à l’origine pour un quartier commercial qui n’a pas réussi). Ce sont en juin 2023 sept médecins généralistes, quatre infirmières et un infirmier diplômés d’État, quatre masseurs-kinésithérapeutes, une psychologue, une diététicienne-nutritionniste, un rhumatologue et une sage-femme diplômée d’État qui reçoivent les patients. Une seconde maison de santé est en projet à Château-Gontier à l’autre bout de la ville. Par ailleurs, le manque de personnel hospitalier criant en Mayenne a amené certains des élus du département à lancer des idées pour changer la législation nationale. Guillaume Garot (député, PS) et François Zocchetto (ancien maire de Laval, Union Centriste) souhaitent en vain réglementer l’installation des jeunes médecins afin de combler les manques de certains départements. Guillaume Garot, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale du 27 juin 2023 a interrogé la ministre déléguée à la santé Agnès Firmin Le Bodo. Celle-ci confirme la mesure annoncée par l’ARS (Agence régionale de santé) de fermer en juillet et août les urgences nocturnes des trois hôpitaux mayennais. Dans l’allocution du député mayennais deux phrases décrivent la situation : Ce que nous vivons dans ce pays, c’est une dégradation sans précédent de l’accès aux soins et de la situation des hôpitaux, puis Notre hôpital brûle, et vous regardez ailleurs !

• Journaux : Haut-Anjou, Ouest-France
• Radio : France Bleu Mayenne
• Chaînes de télévision : La Chaîne Parlementaire, Public Sénat, France 3 Pays de la Loire