Des étudiants africains à Villaines-la-Juhel
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Résumé
Dans le cadre d'un stage en Mayenne organisé par une association d'étudiants, Florent, élève du Dahomay, découvre l'agriculture et le quotidien d'un exploitant de Villaines-la-Juhel. Au milieu de la cour de ferme, micro en main et bottes aux pieds, Françoise Dumayet confronte les impressions de l'étudiant sur la vie quotidienne des agriculteurs avec le point de vue de celui qui l'accueille.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
06 juin 1966
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège Volney, Craon (Mayenne)
Publication : 01 sept. 2021
Que font des Africains dans ce gros bourg rural du Nord-Mayenne en 1966 ? On est au lendemain de la décolonisation d’une grande partie de l’ancienne Afrique Française (surtout réalisée en 1960). Les seules colonies restantes sont alors les Comores et l’actuel Djibouti. Le maire de Villaines-la-Juhel, Robert Buron, le vicaire de la paroisse et une association malgache ont organisé un séjour d’une semaine en Mayenne pour une trentaine d’étudiants africains. Durant cette semaine, ces jeunes sont logés à Villaines-la-Juhel dans des familles de milieux divers. Leur programme est assez chargé : visites du bourg de Villaines-la-Juhel, d’abattoirs, d’une fromagerie, d’une brosserie, de la basilique d’Evron, rencontres avec le maire, avec le sacristain (chantre, ancien sabotier et érudit local), messe dominicale, sans compter toutes les découvertes faites sur les lieux de leur séjour. C’est le début de la coopération franco-africaine marquée par des sommets initiés par les présidents Hamani Diori (Niger) et Léopold Sédar Senghor (Sénégal) souhaitant mettre en place une sorte de « Commonwealth à la française », par le développement d’un important réseau diplomatique, par des accords de défense et de prévention des conflits.
Il s’agit lors de ce séjour de compléter les différentes formations. Ces étudiants viennent de pays variés : Madagascar, Côte d’Ivoire, Mali, Dahomey (actuel Bénin)… Ils sont originaires de ce que l’on nommait à l’époque « Afrique noire », depuis généralement baptisée « Afrique subsaharienne » par les géographes. Un ou deux effectuent leurs études supérieures en France. Ce sont des garçons et des filles issus de milieux parfois aisés, souvent cultivés. Ils n’ont pas, ou peu, d’accent lors de leurs conversations. Les études engagées les orientent vers tous les secteurs de l’économie. Par exemple, deux jeunes filles se spécialisent dans l’architecture, un garçon souhaite devenir ingénieur agronome…
L’ensemble du reportage dure 34’10. Les journalistes ont passé un temps considérable à suivre cette semaine de rencontres. L’extrait que nous voyons (dans une ferme) est caractéristique de l’époque : on prend son temps, le temps de réfléchir, le temps d’écouter, le temps des silences… Malgré la présence de plusieurs journalistes, de caméras, malgré le côté préparé du déplacement des personnes, chacun s’exprime de façon plutôt libérée.
Les étudiants sont accueillis dans les diverses familles ayant accepté de les nourrir et de les loger. Plusieurs garçons intéressés par l’agronomie sont placés dans des fermes des environs. D’autres sont répartis dans divers commerces du bourg. Tout se passe dans une très bonne ambiance. Les jeunes Africains et les Mayennais sont ouverts aux rencontres, à la découverte. Le seul manque apparent est l’absence de rencontres avec des jeunes de leur âge.
Les échanges sont à la fois professionnels et culturels. Les Africains avaient des préjugés sur notre pays. Pour eux, la France était le Paradis. Une fois sur place, ils se rendent compte qu’ici aussi il y a des riches et des pauvres, que les Français travaillent beaucoup, notamment à la ferme ! Certains voient des paysans mayennais soucieux de l’ordre et ayant de l’entrain dans leur travail. Un Ivoirien apprécie l’accueil des fermiers : il a aimé l’ambiance de la ferme, il ne s’est pas senti africain, mais comme un camarade. Beaucoup de découvertes se font dans le domaine de l’agroalimentaire : fabrication du beurre, organisation des ruches, conserves de légumes en bocaux. Presque tous ignoraient l’existence des rillettes ! Cet extrait du reportage nous permet de découvrir que dans une ferme mayennaise des années 1960 se côtoyaient une agriculture à l’ancienne (cour et chemin boueux, traite des vaches à la main) et une agriculture plus moderne (clôture électrique). Cette dernière étant favorisée par l’esprit du mouvement JAC (Jeunesse agricole catholique).
Enfin, pour remercier les organisateurs et leurs hôtes, tous ces jeunes Africains ont élaboré et présenté un spectacle complet avec des danses malgaches (touche culturelle exotique), des saynètes et pour conclure une pièce de théâtre de Georges Feydeau (touche culturelle bien française) !
Bibliographie
- Journaux : Ouest-France
- Charles-Robert Ageron, La décolonisation française, Paris, Armand Colin, Collection Cursus, 188 pages, 1994.
- Jean-Emmanuel Pondi, "La coopération franco-africaine vue d’Afrique", Revue internationale et stratégique (n° 45, 2002).
Transcription
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