Inauguration du stade J.C. Bouttier à Saint-Pierre-la-Cour
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Résumé
Dimanche de fête à Saint-Pierre-la-Cour où la foule s'est déplacée pour acclamer Jean-Claude Bouttier, venu inaugurer le stade qui porte son nom. Le boxeur mayennais, ému de l'hommage rendu en son honneur, livre ses impressions sur son futur combat de Championnat du monde, avant que les festivités se terminent par un match de foot amical.
Date de publication du document :
01 nov. 2022
Date de diffusion :
31 oct. 1972
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
La Mayenne figure régulièrement en bonne position dans le palmarès des départements les plus sportifs de France (voir la vidéo La Mayenne, le département le plus sportif). Les Mayennais s’illustrent à la fois par leur pratique, mais aussi par l’enthousiasme qu’ils manifestent pour leurs sportifs. On les a vus accompagner Manuela Montebrun à Paris (voir la vidéo Des supporters mayennais pour soutenir Manuela Montebrun) ou réserver un accueil triomphal aux frères Madiot à Renazé (voir la vidéo Retour des frères Madiot à Renazé après Paris-Roubaix). Et un demi-siècle avant Jordy Weiss, le Stade lavallois Boxe avait déjà produit un champion : Jean-Claude Bouttier, né en 1944 à Saint-Pierre-la-Cour. Ce reportage a été tourné le jour de l’inauguration du stade municipal « J.-C. Bouttier » dans sa ville natale en 1972. Il alterne deux types de séquences : l’interview du sportif, sur le bord du terrain, pour évoquer sa carrière et ses objectifs ; des images des festivités organisées par la ville pour l’occasion.
La famille Bouttier a rapidement emménagé à Vitré, mais Jean-Claude a toujours été considéré comme « un enfant du pays » à Saint-Pierre-la-Cour où il avait encore de la famille. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à l’âge de 15 ans, souhaitant débuter la boxe en parallèle de son apprentissage en boucherie, il prend sa licence au Stade lavallois. En une décennie, sa carrière atteint des sommets. En janvier 1971 à Paris, il l’emporte contre Pascal Di Benedetto et rafle le titre de champion de France des poids moyens (70 à 73 kg). En juin suivant, toujours à Paris, il envoie l’Italien Carlo Duran au tapis et est sacré champion d'Europe. Cette consécration lui vaut d’être élu « Champion des champions français de l'année » par le journal L'Équipe pour l’année 1971. Il accepte alors d’être le parrain du club de boxe d'Hussigny (Meurthe-et-Moselle) dont le ring prend le nom de « Jean Claude Bouttier ». L’année suivante, sa ville natale lui fait le même honneur à travers son stade municipal. Il faut dire qu’en 1972, le boxeur a continué sur sa lancée. Après avoir « tapé dans l’œil » – pour ainsi dire ! – d’Alain Delon, grand amateur de boxe, il obtient que l’acteur finance une double confrontation pour le titre mondial contre l’Argentin Carlos Monzón, considéré comme l’un des meilleurs boxeurs de tous les temps. La première rencontre est organisée en juin 1972 à Colombes ; le Français se voit contraint d’abandonner sur hémorragie. Quelques semaines plus tard, il est blessé au visage lors d’un combat à Nouméa.
C’est dans ce contexte fait de promesses et de déceptions que se déroule, le dimanche 29 octobre 1972, l’inauguration du nouveau stade municipal dont la plaque est dévoilée par Jean-Claude Bouttier en personne. Les festivités sont ouvertes par un défilé, mais le modeste bourg de Saint-Pierre-la-Cour ne dispose ni d’une troupe de majorettes ni d’une fanfare ; ce sont donc celles de la ville d’Ernée, à 30 km au nord, qui font le déplacement pour l’occasion. Le public lui-même s’est déplacé nombreux, offrant un bain de foule au héros du jour. Enfin, sur le terrain de football flambant neuf, un match amical oppose le club local aux « Va-nu-pieds », une équipe de vedettes, devenus des amis, qui parcourait la France pour des matches de gala. Elle compte alors dans ses rangs l’acteur Claude Brasseur et les athlètes Michel Jazy et Guy Drut, aux côtés de Jean-Claude Bouttier évidemment. La confrontation s’achève sur un match nul, 1 partout.
Si le boxeur français rêve alors de revanche, ce n’est pas au football mais contre le terrible Carlos Monzon. Le combat retour, financé par Alain Delon, a lieu en septembre 1973 à Roland-Garros. Hélas, Bouttier est défait aux points. Sa carrière décline : en mai 1974, il perd son titre de champion d'Europe des poids moyens, encore aux points ; à la toute fin de cette même année, il laisse échapper son titre de champion de France, cette fois sur blessure. C’est terminé : âgé de 30 ans, il raccroche les gants. Son expertise lui vaut d’être, 25 ans durant, consultant et commentateur sportif en boxe pour Canal+ (1985-2011). Fier de sa Mayenne, il y revient régulièrement ; sa simplicité et sa disponibilité sont très appréciées dans sa ville natale. Malade, Jean-Claude Bouttier décède à l’été 2019 en région parisienne. Deux équipements y portent même son nom : le Complexe Sportif Jean-Claude Bouttier de Gournay-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) et le Palais des Sports Jean-Claude Bouttier de Sannois (Val-d'Oise), qui abrite en outre un musée de la Boxe, comme un dernier hommage au champion.
Bibliographie
Des rings de boxe aux rayonnages de la bibliothèque
- Andy Dickson, Jean-Claude Bouttier : un poing, ce n'est pas tout, Paris, Solar, 1972, 255 p. (Arch. dép. Mayenne, mb 283).
- Jean Bretonnel, Mes boxeurs et moi, Paris, Robert Laffont, 1975, 356 p.
- Jean-Claude Bouttier et Jean-Philippe Lustyk, La boxe. Connaissance et technique, Paris, Denoël, 1990, 233 p.
- Yves Chaumont, Stade lavallois omnisports : mémoires de la section boxe anglaise de 1924 à 2013, Mayenne, Jouve, 2015, 344 p. (Arch. dép. Mayenne, mc 586).
- Jean-Christophe Gruau, « Les cent ans du Stade lavallois : les grandes heures de la section boxe », Laval Infos, n° 68, février 2002, p. 16-17 (Arch. dép. Mayenne, 5 pe 137/2002/68).
Des combats qui ont marqué l’histoire
- Jean Marquet, « Coup bas ? Jean-Claude Bouttier vainqueur de Griffith par disqualification », Le Monde, « Sports », 20 décembre 1972 (https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/12/20/coup-bas-jean-claude-bouttier-vainqueur-de-griffith-par-disqualification_3034824_1819218.html).
- Cyrille Beyer, « 1971 : Jean-Claude Bouttier triomphe sur le ring de Roland Garros », L’Ina éclaire l’actu, 10 septembre 2021 (https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/1971-jean-claude-bouttier-triomphe-sur-le-ring-de-roland-garros).
- Éric Michel, « "Le Tout-Paris était là" : quand Bouttier et Delon ont fait rugir la boxe à Roland-Garros », Le Parisien, « Sports », 10 septembre 2021 (https://www.leparisien.fr/sports/le-tout-paris-etait-la-quand-bouttier-et-delon-ont-fait-rugir-la-boxe-a-roland-garros-10-09-2021-3MHZI2LHEFBMPG2GYEOWKSTQ2A.php).
Un sportif entré au panthéon des Mayennais
- « Bouttier, un champion populaire », L’Équipe, « Boxe », 3 août 2019 (https://www.lequipe.fr/Boxe/Diaporama/Bouttier-un-champion-populaire/7667).
- « Saint-Pierre-la-Cour. Jean-Claude Bouttier, l’enfant du pays s’en est allé », Ouest-France, 8 août 2019 (https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-pierre-la-cour-53410/saint-pierre-la-cour-jean-claude-bouttier-l-enfant-du-pays-s-en-est-alle-6473522).
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Jean-Luc Pincemin
Saint-Pierre-la-Cour, une petite commune de 1 500 habitants dans la Mayenne.C’était la fête, dimanche, à Saint-Pierre-la-Cour, on avait fait venir les majorettes et la fanfare d’Ernée, la foule des grands jours envahissait les trottoirs.On était venu là pour l’inauguration du nouveau stade municipal, et jamais on n’avait vu autant de monde dans la localité.
(Musique)
Jean-Luc Pincemin
Bien sûr, cette inauguration à elle seule ne suffisait pas pour susciter cet engouement et cette joie dans la rue principale de la bourgade, mais les organisateurs de la manifestation avaient su y ajouter les épices.Le héros local était là, celui que tous les milieux sportifs français et européens connaissent bien, Jean-Claude Bouttier, le champion d’Europe des poids moyens, suivait la fanfare, souriait, signait les autographes, était livré à ses admirateurs et ils étaient nombreux dimanche.Alors Jean-Claude, heureux de revenir à Saint-Pierre-la-Cour ?
Jean-Claude Bouttier
Ben oui, en plus vous savez que c’est à l’occasion d’une grande manifestation qui est en mon honneur, c’est fantastique, l’accueil que l’on nous a réservé ici, c’est quelque chose que je n’avais jamais connu avant, je crois bien.C’est tellement sincère que je suis très ému.
Jean-Luc Pincemin
Oui, et si on parlait un peu de boxe, où en êtes-vous actuellement après votre combat à Nouméa ?On avait parlé de blessure.
Jean-Claude Bouttier
Eh ben, oui, Nouméa c’est plus qu’un mauvais souvenir, j’espère que ma blessure va bien se cicatriser, enfin, cicatrisé ça l’est déjà, c’est déjà fermé mais, que ça sera suffisamment solide pour le 18 décembre où je vais rencontrer Emil Griffith pour une demi-finale du championnat du monde et c’est très très important.Griffith, vous savez, c’est aussi dur que Monzon.Et il y en a un qui est champion du monde mais l’autre, il n’est pas… il est très près de lui aussi mais il faut absolument que je le passe si je veux de nouveau avoir une chance pour le championnat du monde.
Jean-Luc Pincemin
Oui, on va reparler de ce championnat du monde en 73.
Jean-Claude Bouttier
J’espère qu’on en reparlera en 73, mais pour ça, il faut attendre au mois de décembre quoi !
Jean-Luc Pincemin
Enfin, vous y aspirez toujours fermement à ce titre ?
Jean-Claude Bouttier
Oui, oh oui.Oui, j’y crois.De plus en plus.
Jean-Luc Pincemin
Un stade Jean-Claude Bouttier ?
Jean-Claude Bouttier
Puis quand je vois que j’ai autant de supporters, autant d’amis partout, je ne peux pas les décevoir, il faudra donc que je me défonce quoi !
Jean-Luc Pincemin
Oui, le stade Jean-Claude Bouttier pourra un jour porter le nom d’un champion du monde alors ?
Jean-Claude Bouttier
Ben c’est ce que je me souhaite comme mal quoi, je vais vraiment m’y employer maintenant, vous savez que le sport, c’est le plus fort qui gagne.
Jean-Luc Pincemin
Après, il y avait donc ce fameux match de football entre l’équipe de Saint-Pierre-la-Cour et les Va-nu-pieds, la formation où joue Bouttier et de nombreuses vedettes, lorsqu’ils ont envie de se détendre.Il y avait là Michel Jazy, Guy Drut, médaille d’argent à Munich qui eut d’ailleurs quelques problèmes, Guy Texereau et bien d’autres encore.Le score du match importe peu, chacune des 2 équipes marqua un but mais alors, quelle journée, n’est-ce pas Bouttier ?
(Bruit)