Lancelin, la célèbre corderie d’Ernée
- Qualité: Moyenne
- Vitesse de lecture: 1 x (normal)
Infos
Résumé
Visite d'une usine de la corderie Lancelin implantée à Ernée où l'on suit, expliquée de façon didactique, la fabrication des cordages. Interviewés dans leur cadre de travail, Henri et Jean-Claude Lancelin, fondateur et actuel dirigeant de l'entreprise, mettent en avant le caractère familial de celle-ci et évoquent l'évolution des pratiques de production et l'adaptation à la demande.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
03 oct. 1970
Éclairage
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00008
Catégories
Thèmes
Lieux
Personnalités
Éclairage
Éclairage
Contexte historique
ParDirecteur de la communication de la Communauté de communes du Pays Château-Gontier
Publication : 01 sept. 2021
Saviez-vous que l’air marin souffle fort rue Alain Colas à Ernée ? C’est dans cette rue bien nommée que la Corderie Henri Lancelin, entreprise familiale depuis quatre générations, produit des cordages dont la réputation a fait le tour du monde. Avec 72 % de la surface du globe couverts par les océans, Lancelin tient la corde. Ce ne sont pas les navigateurs du dernier Vendée Globe qui démentiront leurs illustres aînés : Eric Tabarly, Jean-Yves Terlin et autre Alain Gliskman. Lancelin c’est du solide avec aujourd’hui un banc d’essai de 25 m de long capable de tester jusqu’à 100 tonnes de résistance.
En achetant, en 1907, son fonds d’artisan à un cordier, Joseph Lancelin fonda une entreprise dont la renommée est perpétuée plus d’un siècle plus tard par son arrière-petit-fils Nicolas. Salarié dès 1990, à 24 ans, en pleine crise, Nicolas Lancelin en prend les rênes en 2001 avec Nathalie Lancelin, directrice générale adjointe. Je connaissais bien les lieux puisque depuis l'âge de 15 ans, j'y passais toutes mes vacances !
se souvient l’actuel président-directeur dont la devise est : chaque besoin est unique
. En 2001, son père, Jean-Claude, lui donne immédiatement le feu vert pour la création des nouveaux bâtiments. Ils seront inaugurés le 14 septembre 2001, équipés de matériel neuf .
Depuis quatre générations, la Corderie Lancelin a su évoluer, se développer et prospérer grâce à un savoir-faire et la transmission d’une véritable faculté d’adaptation.
Installée depuis 1939 à Ernée, elle débuta par la fabrication de chanvre pour les agriculteurs de la région. Après la Seconde Guerre mondiale, la modernisation de l’agriculture amena la corderie à développer un autre secteur d’activité : la pêche. 100 ans d’expérience et de recherche ont permis à la Corderie Henri Lancelin d’atteindre une perfection en matière de cordages technologiques et une capacité à répondre à toutes les demandes spécifiques, qu’elles soient techniques ou esthétiques
précise le site de l’entreprise en guise de mot d’accueil. Avec 35 salariés, un chiffre d’affaire de 6 millions d’€ en 2019, 45 produits et 120 000 références standards en 2021, cette corderie fabrique 80 kilomètres de cordages par jour. Elle reste le leader français dans son domaine, la conception de cordages pour les voiliers de plaisance. Parmi sa clientèle nationale et internationale, des noms qui font rêver, les visages du grand large comme le dernier vainqueur du Vendée Globe 2021, Yannick Bestaven mais aussi le "Mayennais" Maxime Sorel (voir la vidéo Polémique autour du financement du bateau V and B-Mayenne), Armel Tripon, Yves Le Blévec…
C’est déjà cet esprit qui souffle sur la maison Lancelin dans le reportage réalisé par le journaliste Jean-José Arin, diffusé dans le journal télévisé régional de la première chaîne de l’Office de Radiodiffusion-Télévision Francaise le 3 octobre 1970. Soit vingt ans après l’arrivée de la première machine qui permit de passer de l’artisanat à la semi-industrie. Et c’est clairement ce que met en lumière ce reportage en noir et blanc qui offre le temps de la compréhension grâce à des plans longs, mais larges aussi. C’est une ode à l’industrialisation, aux machines-outils mécaniques qui semblent inaltérables, qui ne connaissent pas encore les diodes et autres faisceaux électroniques. Ce reportage permet aussi de voir un journaliste en scène. Eh non, ça n’est pas Bernard de la Villardière qui a inventé le genre. Jean-José Arin, plus à l’aise que son confrère de l’ORTF en plateau pour le lancement du sujet, met en confiance M. Lancelin. Le responsable de la corderie, descendant du fondateur Henri Lancelin revient sur la saga familiale et explique qu’il gère l’entreprise avec sa femme et son fils. S’il faut un homme solide à la barre, le grémant doit pouvoir faire face, lui aussi, à tous les coups durs
contextualise le journalisme pour permettre au téléspectateur de cerner le rôle essentiel des cordes dans la navigation. On y apprend à la fois que tous les cordages des bateaux Pen-Duick d’Eric Tabarly sont fabriqués en Mayenne mais en même temps qu’il n’existe pas de différences de procédés en matière de fabrication pour les équipements des embarcations de monsieur Tout le monde. De quoi se sentir champion même pour le plus piètre des marins d’eau douce !
Avant la Seconde Guerre mondiale, les matériaux utilisés étaient le chanvre, le coton, le sisal mais ces fibres naturelles manquaient de robustesse en certaines situations. La Corderie Lancelin va se lancer dans le synthétique.
L’angle de la caméra, posé sur les bobines, sur les fils, au départ fins comme des cheveux, qui s’assemblent, sur les engrenages qui se croisent, offre une immersion totale dans cet univers industriel encore méconnu. Les bruitages, tantôt celui de l’eau et des vagues, tantôt cette musique plus jazzy donnent un côté apaisant au reportage, presque un arrêt sur image. C’est soigné et plaisant, presque paradoxal avec un environnement de machines. L’année du tournage, 75 à 80 tonnes de cordes sont sorties de l’usine. Cela représente 10 millions de mètres. Jean-Claude Lancelin, petit-fils d’Henri n’est pas peu fier de déclarer : Une maison familiale arrive à réduire les délais administratifs
. Il est vrai que la lenteur ne ferait pas bon ménage avec des challenges comme la Coupe de l’América dont Lancelin est le fournisseur. Les délais courts et les câbles longs ne font pas peur à Jean-Claude Lancelin : Pour le Jean Charcot, un bâtiment océanographique, nous en avons réalisé un de 10 000 mètres d’une seule longueur.
L’eau a coulé sous les coques des plus grands maîtres de la voile mais Lancelin est restée cette référence aujourd’hui présente même en Australie, depuis 2019, ou à Tahiti. Savez-vous d’ailleurs que les filins qui permettent aux caméras aériennes du Stade de France de se déplacer sont fabriqués à Ernée ?
Si vous essayer d’écrire 53 avec une corde Lancelin, vous verrez, votre calligraphie aura du corps et prendra de l’âge en résistant aux vents et aux marées...
Bibliographie
- site lancelin.com
- Linda Rebuffé, "La corderie Lancelin à Ernée associée à des partenaires locaux en Australie et en Polynésie", site actu.fr/le-courrier-de-la-mayenne/, publié le 13 février 2021
- Gildas Menguy, "La nouvelle éco : à Ernée, la Corderie Lancelin a su transformer la crise en opportunité", site francebleu.fr, publié le 22 mars 2021
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Gilbert Bousquet
Et puis, ne quittons pas le domaine du sport et plus spécialement le domaine de la voile, puisque c’est bien l’envoi d’un reportage réalisé à Ernée.
(Bruit)
Jean-José Arin
Éric Tabarly, Jean-Yves Terlain, Alain Gliksman, voilà des noms qui nous ont fait rêver et qui sentent bon l’aventure.Mais, l’aventure, cela se prépare, se calcule et s’il faut un homme solide à la barre, le gréement doit lui aussi pouvoir faire face à tous les coups durs.Or c’est dans notre région, à Ernée dans la Mayenne, que sont fabriqués tous les cordages qui équipent les Pen-Duick d’Éric Tabarly, le bateau de Terlain, le Raft de Gliksman, pour ne citer qu’eux.C’est une corderie où, de père en fils, on a su conserver la tradition en suivant l’évolution.
Henri Lancelin
Avant la guerre, on faisait que des cordages en chanvre.J’ai été, cinq ans, fermé par la guerre, après j’ai recommencé six ans, chanvre, coton.Et il y a une quinzaine d’années, nous nous sommes mis à fabriquer tous les cordages synthétiques : nylon, polyester, polypropylène, polyéthylène.
Jean-José Arin
Mais, ça a toujours été une entreprise familiale ?
Henri Lancelin
C’est resté une entreprise, comme chez mes parents dans le temps, ça reste une entreprise familiale, avec ma femme, ma fille et mon fils.
(Musique)
Jean-José Arin
Lorsqu’ils arrivent de fabrique, les fils sont beaucoup plus fins qu’un cheveu.C’est donc par dizaines, puis par centaines et enfin par milliers qu’ils seront regroupés, pour composer les différents cordages qui sont faits ici.Deux types de câbles, toronnés et tressés.Dans le deuxième cas, il faut charger les bobines, qui seront placées ensuite sur les machines automatiques, qui jour et nuit tournent.
(Musique)
Jean-José Arin
Suivant la fabrication entreprise, les fils sont rassemblés ou toronnés.Il y a donc, au départ, deux machines différentes, dont l’une fonctionne de manière entièrement automatique.
(Musique)
Jean-José Arin
Les machines à tresser permettent la fabrication de câbles de longueur illimitée.Nylon, tergal, propylène, toutes ces matières sont thermosoudables et chaque nouvelle bobine mise en place est soudée à l’extrémité de la précédente.
(Musique)
Jean-José Arin
Un seul homme suffit pour assurer la surveillance et l’approvisionnement de l’atelier et on peut entreprendre simultanément la fabrication d’autant de cordages différents qu’il y a de machines.
(Musique)
Henri Lancelin
Les principales fabrications, c’est toutes les écoutes, les drisses pour les dériveurs, les bateaux de course, croisière.Alors, on a une spécialité, c’est les ralingues de voile.C’est un travail qui est fait comme on faisait les cordages il y a 50 ans, mais tout en polyester.
Jean-José Arin
Et quelles sont les qualités qu’on demande à une ralingue ?
Henri Lancelin
Une ralingue ne doit absolument pas ni se raccourcir ni s’allonger.C’est un cordage qu’on fixe dans des bains spéciaux après la fabrication.
Jean-José Arin
Et c’est donc les anciennes méthodes qui priment ?
Henri Lancelin
C’est les anciennes méthodes, avec du... des matières premières nouvelles.
Jean-José Arin
Quelles sont les possibilités actuelles, c’est-à-dire quelle est votre production moyenne ?
Henri Lancelin
En kilomètre c’est difficile, ça dépasse 10 millions de mètres.Mais, en tonnage, c’est environ 75, 80 tonnes cette année, on espère.
Jean-José Arin
Le fils de Monsieur Lancelin, Jean-Claude, s’intéresse particulièrement aux fabrications spéciales.C’est lui qui apporte des modifications mécaniques aux machines existantes, pour créer des modèles nouveaux.
Jean-Claude Lancelin
À la demande de certains clients, nous avons modifié justement cette machine, qui peut se monter en 8 ou 16 fuseaux, pour créer justement ces modèles spéciaux.
Jean-José Arin
Des tressages différents ?
Jean-Claude Lancelin
Des tressages différents, oui.
Jean-José Arin
Est-ce que vous avez quelques fois des câbles de grande longueur à faire ?
Jean-Claude Lancelin
Oui, nous avons fourni, pour le Jean Charcot, un câble de 10 000 mètres d’une seule longueur.
Jean-José Arin
Et ça peut se faire ici ?
Jean-Claude Lancelin
Ça peut se faire ici, oui.Si on nous demandait demain un câble de 20 000 mètres, nous pourrions le faire aussi.
Jean-José Arin
Parce que les délais courts ne vous font pas peur ?
Jean-Claude Lancelin
Non.Dans notre... c’est une maison familiale et on arrive à faire... à réduire les délais administratifs et on passe au travail aussitôt.
Jean-José Arin
Alors, vous allez être mis à l’épreuve, puisque vous avez été retenu comme fournisseur pour la Coupe de l’América.
Jean-Claude Lancelin
Oui.
Jean-José Arin
Qu’est-ce que ça représente, ça, comme volume de cordage ou comme poids ?
Jean-Claude Lancelin
Environ à peu près une tonne de cordage.Et en ce moment, nous avons étudié deux nouveaux modèles justement, faits sur cette machine et qui sont à l’essai.
Jean-José Arin
Est-ce que ça représente…je veux dire ces modèles spéciaux, est-ce que tous les câbles vont être spéciaux, ou est-ce que vous avez des câbles standards et des modèles spéciaux ?
Jean-Claude Lancelin
Nous avons des câbles standards, qu’on fournit habituellement et justement à l’occasion de la Coupe America, on crée des modèles nouveaux qui vont pouvoir nous servir et pourvoir mettre sur le marché après.
Jean-José Arin
Des modèles que vous étudiez vous-mêmes ?
Jean-Claude Lancelin
Oui, nous-mêmes, oui.
Jean-José Arin
Lorsque vous fabriquez des cordages, par exemple, pour une course transatlantique, est-ce que vous utilisez des qualités spéciales ?
Henri Lancelin
Non, tous les cordages qu’on a fournis pour des Pen-Duick 2, 3, 4 et 5, c’est exactement la qualité que vous trouvez dans tous les magasins qui vendent pour nous, sauf les diamètres, ou le serrage du tressage ou du toronnage, mais la qualité, c’est la qualité courante qu’on livre à tous nos chantiers.
Jean-José Arin
Si bien que le Monsieur qui possède un dériveur ou celui qui a un yacht possèdent exactement les mêmes cordages, s’ils s’adressent à vous ?
Henri Lancelin
La même qualité.À la dernière course trans-Pacifique, j’ai équipé Tabarly qui a fait premier, et Terlain qui a été gréé aussi par le constructeur de son bateau, avait du cordage qui sortait strictement de série comme Tabarly.
Jean-José Arin
Cette corderie possède également un autre titre de fierté.Un type de cordage créé par elle a été agréé par la Fédération Française de Spéléologie.Voilà donc un nouveau débouché pour cette corderie mayennaise.
Sur les mêmes thèmes
Date de la vidéo: 25 sept. 1989
Durée de la vidéo: 01M 40S
Grez-en-Bouère : construction de l'usine Approchim
Date de la vidéo: 23 juin 2016
Durée de la vidéo: 01M 45S
ACMAR : une entreprise mayennaise face au Brexit
Date de la vidéo: 14 sept. 2019
Durée de la vidéo: 01M 55S
Polémique autour du financement du bateau V and B-Mayenne
Sur les mêmes lieux
Date de la vidéo: 31 oct. 1972
Durée de la vidéo: 02M 54S