Présentation d'Augustin Viseux à propos de Mineur de fond

C'est pour la très prestigieuse collection Terre Humaine, éditée chez Plon, qu'Augustin Viseux a écrit onze ans durant, à la demande de son directeur, Jean Malaurie, spécialiste bien connu des Inuits, Mineur de fond. Fosses de Lens, soixante ans de combat et de solidarité. Cet ouvrage, paru en 1991 au moment où ferment les dernières fosses, constitue une somme sur la vie et le métier de mineur, tels que l'auteur les a vécus. Son point de vue est particulier, tout comme son parcours, qui fut exceptionnel. Ce fils et petit-fils de mineurs, catholique pratiquant, a commencé sa vie de travail comme galibot, il est ensuite passé par tous les métiers du fond, y compris celui de porion, avant de finir au sommet de la hiérarchie en tant qu'ingénieur divisionnaire. C'est à force de courage et de cours du soir qu'Augustin Viseux réussira à s'extraire de son milieu d'origine, sur lequel il porte un regard respectueux.

Son livre s'efforce de dresser un panorama le plus complet possible de l'exploitation du charbon et de l'existence de tous ceux qui y contribuent, mais c'est aussi un texte qui s'inscrit en faux par rapport à l'image qu'Émile Zola donne, dans Germinal, de la communauté des mineurs. Augustin Viseux, qui a relu le roman de l'homme de lettres naturaliste, cherche à redonner de la dignité à la figure du mineur, une dignité qui, à ses yeux, leur a été retiré par le père des Rougon-Macquart. Selon Augustin Viseux, Émile Zola a caricaturé les femmes lorsqu'il les représente dépensant sans compter, mais aussi comme il l'a souligné, lors de certains entretiens dans la presse, il n'est pas juste de les dépeindre comme étant toutes enceintes hors mariage à un très jeune âge. Mineur de fond est l'un des rares exemples d'anti-Germinal émanant du milieu même des "gueules noires ". L'ouvrage n'en demeure pas moins un témoignage fort et attachant.