Le coron des 120
Notice
Reportage au Coron des 120 à Valenciennes qui menaçait d'être coupé en deux. Une association de défense du patrimoine minier se bat pour son classement en monument historique. Construit par la compagnie des mines d'Anzin en1867, c'est une barre interminable de façades.qui inspirèrent Zola pour Germinal. Patrick Roussies, conseiller municipal au patrimoine de Valenciennes souligne qu'à l'époque ces habitations avaient un point d'eau dans la maison et des toilettes à l'extérieur, ce qui était une révolution. Un couple de retraités se dit inquiet de la rénovation à venir.
- Europe > France > Nord-Pas de Calais > Nord > Anzin
Éclairage
Entièrement consacré au coron des 120, une des réalisations les plus remarquables en termes d'habitat minier, cet extrait alterne vues de la longue façade du coron et interviews. Le discours général insiste sur l'équipement de ce coron, considéré comme spartiate à la date du reportage, mais aussi sur son intérêt historique (souligné par le tic-tac d'une horloge qui sert de bruit de fond à la première partie de l'extrait), patrimonial et esthétique, qui lui vaut de faire l'objet d'un programme de réhabilitation.
Construit dans les années 1860 par la Compagnie des Mines d'Anzin, cet ensemble de 120 logements est constitué de 6 barreaux parfaitement alignés regroupant chacun 20 logements installés dos à dos. L'alignement atteint 250m sur les communes d'Anzin et de Valenciennes. Chaque logement est alors équipé d'un fournil, d'un point d'eau, de toilettes extérieures (une est visible rapidement dans l'extrait) et d'un jardin comprenant les inévitables appendices (clapiers, hangars, etc.). L'ensemble est desservi par des "voyettes", petites allées qui distribuaient les entrées des logements et les jardins.
Ce coron, qui a inspiré E. Zola pour son célèbre roman Germinal, a été présenté à l'exposition universelle de Paris, consacrée à l'économie sociale et aux logements ouvriers. Il a été distingué par une médaille d'argent en tant que "modèle de salubrité et de confort aux ouvriers". En effet, outre son équipement exceptionnel pour l'époque, il offre une architecture soignée (baies surmontées de linteaux cintrés, fausses baies, pignons – on en aperçoit un fugacement avant l'interview principal – travaillés et surmontés d'un œil-de-bœuf, etc.). Équipement et architecture tranchent avec les corons précédents, répliques de petites maisons rurales basses et inconfortables se faisant souvent face, interdisant l'aménagement de jardins, ou avec les habitations urbaines du type courées, très serrées et insalubres. Cependant, cette configuration en longues bandes, dominante dans les années 1860-70, rend les constructions plus vulnérables aux affaissements miniers et aux divers mouvements de terrain. Ainsi, les corons en bande laissent la place ensuite à des modèles plus petits, accolant les maisons deux à deux : c'est la cité dite "pavillonnaire", dominante à la fin du XIXe siècle.
Cette cité d'avant-garde en 1867 est évidemment obsolète en 1997. C'est ce qu'explique le premier interviewé, P. Roussies, alors conseiller municipal de Valenciennes chargé du patrimoine. Le coron doit ainsi être mis aux normes du confort moderne en y intégrant salle d'eau et sanitaires, mais en préservant ses façades alignées. Cette perspective inquiète certains habitants, dont un couple de retraités interviewé en fin de reportage. Ils craignent en effet une réduction de leur surface habitable et expliquent qu'ils s'accommodent bien de la situation actuelle... notamment des toilettes extérieures, sujet récurrent dans tous les reportages sur les cités ouvrières.
La réhabilitation du coron a pourtant bien eu lieu à la fin des années 1990 ; elle est considérée comme une réussite puisque l'on envisage alors l'inscription du coron à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH). Depuis, le coron des 120 a été inclus dans le périmètre inscrit au patrimoine mondial par l'UNESCO.