Le rôle des cités minières à l'époque des compagnies
Notice
Cet extrait aborde la question des cités minières appartenant aux Compagnies entre les deux guerres mondiales qui constituaient un véritable encasernement permettant un contrôle social des familles. Léon Delfosse explique le rôle que jouaient ces cités pour les patrons des Compagnies : paternalisme et outil de répression en cas de conflit.
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Éclairage
Cet extrait d'un reportage de 1977 alterne plans d'habitants du bassin, plans serrés de cités minières et plans larges présentant des éléments du paysage minier ; il se conclut sur une interview de Léon Delfosse, ancien directeur général des houillères en 1945 et responsable syndical CGT. Le propos illustré par ces vues évoque le rôle de l'urbanisme particulier des cités minières dans le contrôle exercé par les compagnies sur les mineurs.
Le paternalisme des compagnies est perçu au XXIe siècle de façon ambivalente, alliant côtés positifs liés à l'amélioration des conditions de vie par rapport aux premiers temps de la mine ou encore par rapport aux conditions de vie des agriculteurs contemporains et cotés négatifs, liés au contrôle économique et social exercé par les compagnies sur les mineurs et leur famille et ressenti comme une aliénation. À l'époque du reportage, en période de fin des Trente Glorieuses et de fortes remises en cause sociales et économiques, la perception négative domine autour d'un système minier en voie de disparition. Ce côté négatif de la politique résidentielle des compagnies est encore accentué dans ce reportage par le choix d'une musique particulièrement angoissante et par des plans serrés sur des visages d'enfants ou de personnes âgées évoluant tristement dans les corons.
Le premier témoignage est celui d'un habitant des cités minières qui n'apparaît pas à l'image. Il évoque l'encasernement que ses ancêtres ont subi sous la direction des compagnies, non seulement au moment de tensions sociales, mais aussi plus quotidiennement. Le regroupement des populations ouvrières dans des quartiers bien délimités et souvent séparés du reste du bâti de la commune, leur entourage par des murs ou des grillages, permettait un contrôle plus facile de la population. Le modèle architectural des corons en bande, que l'on appelle casernes ouvrières dans d'autres régions de France, était particulièrement bien adapté à cette configuration et le témoignage est illustré par un plan assez resserré sur un coron de la Compagnie de Vicoigne, Nœux et Drocourt (reconnaissable à sa forme globale et à ses entourages de fenêtres), justement entouré d'un impressionnant mur d'enceinte.
Le second témoignage est celui de Léon Delfosse. Il apparaît à l'écran ce qui donne plus de poids encore à son propos. Il souligne clairement les différentes facettes du paternalisme, fondé d'abord sur la nécessité pragmatique de regrouper les mineurs près de leur lieu de travail, et devenu ensuite une sorte de mélange de cocon social et de contrôle quasi-policier des mineurs et de leur famille, tant la crainte des revendications et des mouvements socio-politiques était grande. L'interview de L. Delfosse débute sur un plan serré du chevalement de la fosse n°1bis de la Société Houillère de Liévin. Ce chevalement a été préservé comme un totem symbolique du passé minier au sein de la zone commerciale centrale de la ville. Le plan s'élargit ensuite à tout le centre de Liévin avec, au second plan, de nouveau le chevalement de la fosse n°1bis et, à droite, l'église Saint-Amé, construite en 1875 pour la cité du n°3 de la Société des Mines de Lens, détruite pendant la Première guerre mondiale, puis reconstruite en 1934-35. Enfin, les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle, associé à la fosse n°11-19 (Pierre Destombes) de la Société des Mines de Lens servent de toile de fond à cette vue. Le chevalement et les terrils sont inclus dans le périmètre classé patrimoine mondial par l'UNESCO.