Les ressources énergétiques de la France
Notice
Cet extrait aborde la question des besoins énergétiques en constante augmentation dans le monde. Sur les images d'une mine à la Grand'Combe près d'Alès (Cévennes) est présenté le cas de la France dont la consommation d'électricité double tous les dix ans. Comment pourra-t-on faire face à une telle demande dans le futur, sachant que les réserves de charbon, de gaz et de pétrole ne sont pas inépuisables ?
- Europe > France > Languedoc-Roussillon > Gard > Grand'Combe
Éclairage
Ce document diffusé en 1964 a été réalisé après la grande grève des mineurs en 1963. Il adresse un message contradictoire à propos de l'avenir de l'exploitation charbonnière.
Il montre, chiffres précis à l'appui, la non compétitivité du charbon national, exploité en profondeur, au regard des pays ou l'exploitation se réalise en "découvertes" (en surface et non dans des mines souterraines). Ici, seuls les États-Unis sont cités, mais c'est le cas aussi en Australie par exemple. Ainsi, le charbon américain, livré au port du Havre, coûte un tiers de moins que le charbon français. Cette différence importante, initialement imputable aux conditions d'exploitation plus faciles aux États-Unis est aussi la conséquence de la chute des prix du transport maritime.
Le document montre aussi la non compétitivité du charbon national vis-à-vis des produits pétroliers. Ainsi, la tonne de pétrole d'Irak (allusion au début des années 1920 où la France disposait d'intérêts pétroliers en Irak) livrée à Marseille vaut le même prix que la tonne de charbon mais produit nettement plus d'énergie.
La conséquence de cette concurrence est que le déficit financier des Charbonnages de France s'accroît. Cette question est évoquée en même temps que défile l'image d'une haveuse creusant un trou. De fait, le premier déficit de la jeune entreprise apparaît en 1951 et, selon elle, il s'amplifiera pour atteindre 207 Francs par tonne en 1981.
Le document évoque de façon inattendue "les paysages souvent tristes" en montrant le Bassin de la Grand'Combe à Alès (fermé entre 1968 et 1985). Les débouchés du charbon se rétrécissent, ainsi les locomotives à vapeur cesseront de circuler en 1970. Le coup de chapeau aux efforts de la modernisation et l'évocation respectueuse de la grève de 1963 sonnent comme un discours d'enterrement.
Puis, assez brusquement, le message se veut plus rassurant en affirmant que pour certains débouchés, en particulier ceux des cokeries pour la sidérurgie, l'industrie du gaz et la chimie, "le charbon restera irremplaçable". Il est vrai qu'au-delà de la fermeture des mines, les usines sidérurgiques, les cokeries ou les centrales thermiques continueront d'utiliser du charbon...importé.
En 1964, le plan de récession de l'activité charbonnière est adopté et mis en œuvre par les pouvoirs publics et par l'entreprise nationale. Le document, comme les médias, entreprennent de convaincre les Français de la pertinence de ces choix. Il s'agit aussi de convaincre de la durabilité de certains débouchés comme ceux des cokeries ou de la sidérurgie. Les décisions à propos d'une cessation complète de l'activité des mines viendront plus tard (en 1983), après celles du plan Bettencourt de 1968 qui prévoit une production de 25 millions de tonnes par an en 1975.