François Mitterrand à un meeting du PS italien à Florence

17 juin 1976
02m 03s
Réf. 00010

Notice

Résumé :
Lors d'un meeting socialiste à Florence, François Mitterrand déclare : "Nous ne sommes animés d'aucune colère contre les forces conservatrices, mais les vieilles structures du XIXe siècle doivent disparaître au profit du progrès".
Date de diffusion :
17 juin 1976
Source :
TF1 (Collection: JT 20H )

Éclairage

François Mitterrand se rend à Florence le 16 juin 1976 pour participer au meeting prévu comme le point culminant de la campagne du Parti socialiste italien pour les élections générales (législatives) des 20 et 21 juin. L’Italie est alors en pleines « années de plomb » et la campagne se déroule dans un climat assez tendu, du fait notamment de la multiplication des actes terroristes, des difficultés économiques et de scandales touchant la classe politique italienne.

Les deux forces politiques italiennes les plus importantes sont alors la Démocratie chrétienne (DC), en léger recul, et le Parti communiste (PCI), en nette progression. Le Parti socialiste italien (PSI) apparaît largement à la traîne, mais il peut avoir un rôle clé d’appoint. C’est ainsi le choix du PSI de ne plus soutenir le gouvernement démocrate-chrétien d'Aldo Moro en avril 1976 qui provoque la démission du gouvernement et ces élections anticipées.

Surtout, le PSI est (comme le tout petit Parti social-démocrate italien), le « parti frère » du PS français dans le cadre de l’Internationale socialiste. Ce voyage prend ainsi place dans une campagne globale de soutien du PS au PSI, et plus largement, dans la promotion d’un « eurosocialisme » du Sud, tel qu’il avait été impulsé par François Mitterrand lors d’une rencontre des différents leaders des partis socialistes d’Europe du Sud dans sa propriété landaise de Latche en mai 1975 ; et lancé lors d’une conférence de ces mêmes partis à Paris en janvier 1976. C’est ainsi que Felipe Gonzalez, leader socialiste espagnol, assiste pour cette même campagne italienne à un meeting du PSI à Turin, tandis que Mario Soares, leader socialiste portugais, le fait à Rome. On retrouve cette parenté politique dans les symboles brandis : au symbole italien de l’œillet et du poing levé, partagé avec le socialisme portugais, répond ainsi « le poing et la rose » des socialistes français, espagnols ou encore belges.

A l’issue de ces élections, la DC et le PSI maintiennent globalement leur poids avec respectivement 38,7% et 9,6% des suffrages exprimés, tandis que le PCI fait une poussée sans précédent à 34,4%. Giulio Andreotti forme alors un nouveau gouvernement démocrate-chrétien, minoritaire, qui est investi grâce à l’abstention des communistes. Un accord sera conclu entre la DC et le PCI sur les grandes questions intérieures le 4 juillet 1977, marquant l’officialisation du « compromis historique », qui prend fin au printemps 1978 avec l’assassinat d’Aldo Moro, président de la DC, par des terroristes d’extrême gauche.
Judith Bonnin

Transcription

Roger Gicquel
Campagne électorale en Italie, jour J-3. C’est toujours vers les communistes que l’on regarde. Ils sont en tête dans les sondages, devant les démocrates chrétiens, mais, naturellement les socialistes peuvent éventuellement jouer un rôle d’appoint, soit avec la démocratie chrétienne, soit avec les communismes, soit dans une coalition, que, semble d’ailleurs souhaiter Monsieur Berlinguer. Hier soir, justement, François Mitterrand participait au meeting socialiste italien de Florence. Lui bien sûr, a exclu toute possibilité de voir en France, la gauche participer à un compromis historique avec les forces conservatrices, contrairement à ce que le parti communiste italien semble rechercher en Italie. Sur ce meeting de François Mitterrand, notre envoyé spécial permanent, Jacques Hébert.
Jacques Hébert
L’emblème des socialistes italiens, l’œillet rouge remplaçait la rose et le poing fermé lorsque François Mitterrand et son homologue italien, Francesco de Martino, ont fait leur apparition au meeting. Apparemment surpris par un accueil, il faut le dire, assez chaleureux, François Mitterrand s’est adressé aux militants socialistes de Florence. Je suis venu vous apporter le soutien de vos camarades français, a-t-il dit, et ensuite, il a évoqué la situation en Italie, mais aussi la situation en France.
François Mitterrand
Nous ne sommes animés, dans notre pays, d’aucune colère, d’aucune haine, contre les forces conservatrices. Mais nous pensons, qu’il ne peut y avoir de justice, d’égalité, de liberté, que si l’on met fin aux structures d’oppression d’une économie bâtie au cours du XIXe siècle pour le service de quelques grands intérêts privés.
Jacques Hébert
C’était ensuite l’intervention de Francesco de Martino, avant que le meeting ne se termine. Meeting qui a au moins prouvé une chose : c’est que la gauche française suit avec beaucoup d’intérêt ces élections, qui pourraient, et elle le sait, avoir des répercussions au-delà des frontières de la péninsule italienne.