François Mitterrand appuie le PSOE à Madrid

08 mai 1977
01m 28s
Réf. 00011

Notice

Résumé :
François Mitterrand à une Conférence des partis socialistes d'Europe du Sud à Madrid.
Date de diffusion :
08 mai 1977
Source :
TF1 (Collection: JT 20H )

Éclairage

Du fait de la guerre civile espagnole, puis de la dictature franquiste, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) est persécuté et interdit jusqu’à sa légalisation, avec d’autres partis d’opposition, en février 1977. De 1932 à 1976, il ne peut tenir de congrès en terre espagnole et se reconstruit dans la clandestinité en France, accueilli par le Parti socialiste français. En 1944 le siège du PSOE s’installe à Toulouse, et jusqu’au milieu des années 1970 le PSOE est matériellement très dépendant de la SFIO. Ces liens forts expliquent notamment l’adoption du symbole commun du « poing et la rose ».

Au-delà de ces liens bilatéraux, le PS et le PSOE sont partenaires au sein de l’Internationale socialiste (IS). En mai 1975 François Mitterrand réunit chez lui à Latche les dirigeants des principaux partis socialistes d’Europe du Sud (Belgique, Espagne, France, Italie, Portugal), au nom des problématiques communes auxquelles ils sont confrontés : de forts partis communistes et une aspiration à exercer le pouvoir après une longue phase de marginalisation ou d'opposition. Dès lors, sont organisées dans le cadre de l’IS des « Conférences de leaders » spécifiques à l’Europe du Sud, dont la première a lieu à Paris en janvier 1976. La seconde, qui motive ce reportage, a lieu ici à Madrid, les 7 et 8 mai 1977 à l’invitation du PSOE. Elle réunit notamment Mitterrand à la tête d’une délégation importante (comprenant notamment Jacques Delors, Lionel Jospin, Antoine Blanca), le portugais Mario Soarès et l’italien Bettino Craxi.

Le choix de Madrid répond d’abord pour le PSOE à une stratégie nationale d’affichage de soutiens internationaux pour ces premières élections libres depuis 1936. Ce sont ainsi plus de quarante mille personnes qui assistent ce soir du 7 mai à la « fête de la liberté ».

Pour le PS l’enjeu est aussi de taille. Symboliquement d’abord, c’est une manière d’atténuer la culpabilité persistante de la non-intervention de la SFIO en faveur du Front populaire espagnol durant la Guerre civile. Politiquement ensuite, François Mitterrand et Felipe Gonzalez partagent la même vision de partis destinés à la conquête et à l’exercice du pouvoir. Les deux hommes sont ainsi alliés, même si le PSOE cherche alors déjà à s’émanciper de son parrain français et à se rapprocher de la social-démocratie allemande.

Le PSOE obtient finalement 29,3% des voix, arrivant second derrière l’Union du centre démocratique d’Adolfo Suárez (34,4%).
Judith Bonnin

Transcription

Jean-Claude Bourret
François Mitterrand est à Madrid, le premier secrétaire du Parti socialiste participe à la conférence des Partis socialistes d’Europe du sud. De Madrid, l’envoyé spécial de TF1, Bruno Masure.
Bruno Masure
Un an et demi après la disparition du Général Franco, et un mois avant les premières élections libres, ici en Espagne depuis 40 ans, le paysage politique a bien changé à Madrid. Les jeunes anarchistes et les maoïstes peuvent déployer, en toute quiétude, leur drapeau noir et le drapeau républicain, le parti communiste légal depuis un mois tient meeting sur meeting, et ici, dans une atmosphère de kermesse, des dizaines de milliers de personnes se retrouvent pour scander "Socialisme, Liberté". Le parti socialiste espagnol a copié son grand frère français, même sigle, poing et rose, et mêmes gadgets. François Mitterrand, accompagné de Mário Soares, et du leader socialiste italien, est venu soutenir le jeune dirigeant socialiste espagnol, Felipe González.
(Bruit)
Bruno Masure
Vous êtes optimiste sur les chances de la gauche aux prochaines élections ici en Espagne ?
François Mitterrand
Je ne sais pas moi. Vous le voyez comme moi, il semble bien, que, dans cette première épreuve de la marche vers la démocratie, le socialisme a une existence qui paraît sérieuse. Beaucoup de jeunesse, beaucoup d’entrain, beaucoup d’enthousiasme, donc, l’avenir avec eux, et peut-être le présent.