L’affaire de l’Observatoire

16 octobre 1959
01m 25s
Réf. 00131

Notice

Résumé :
Danièle Breem interviewe François Mitterrand dans son bureau de l'UDSR. Il s'exprime sur l'attentat de la rue de l'Observatoire qui s'est déroulé la nuit précédente.
Date de diffusion :
16 octobre 1959
Source :
RTF (Collection: JT nuit )
Personnalité(s) :

Éclairage

Opposé au retour du général de Gaulle et à la nouvelle Constitution de 1958, battu lors des élections législatives de novembre 1958, François Mitterrand apparaît en 1959 comme l’un des opposants au régime gaulliste et à sa politique algérienne. Comme d’autres, il fait d’ailleurs l’objet de menaces.

C’est dans ce contexte tendu que, à Paris, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1959, la voiture de François Mitterrand est mitraillée. Il échappe aux tirs en se précipitant dans le parc de l’Observatoire tout proche. Interviewé le lendemain, il reste très prudent.

Et pour cause ! L’auteur des coups de feu - un certain Robert Pesquet, ancien député de droite - accuse quelques jours plus tard François Mitterrand d’avoir commandité l’attentat pour se faire de la publicité. Si François Mitterrand reconnaît avoir eu des contacts avec Pesquet, il dément en revanche s’être entendu avec de dernier et affirme qu’on lui a tendu un piège, ce que Pesquet reconnaîtra des années plus tard.

Toutefois, l’affaire déclenche une campagne de presse contre sa personne. Le Sénat vote d’ailleurs la levée de son immunité parlementaire et il se trouve traduit en justice. Bien qu’un non-lieu soit rendu en 1966, l’affaire de l’Observatoire nuit gravement et pendant de longues années à sa réputation. François Mitterrand, pour sa part, a toujours cru à un complot mené par les milieux gaullistes, notamment Michel Debré.
Georges Saunier

Transcription

(Silence)
Danièle Breem
Monsieur le Ministre, vous avez bien voulu nous recevoir dans votre bureau de l’UDSR au soir de l’attentat auquel vous avez échappé grâce à votre sang-froid, que pouvez-vous nous dire ?
François Mitterrand
Ce que j’ai déjà déclaré à vos collègues de la presse. Je ne dirais rien qui puisse ajouter au désordre des esprits. Mais il est logique de penser que le climat de passion politique créé par des groupements extrémistes explique cette affaire. Je suis, comme mes amis politiques, un patriote. Je ne lutte que pour le meilleur service de la France, il est triste que des campagnes d’excitation aient pu dresser à ce point les Français contre les Français. C’est cette déclaration que j’ai faite, qu’y puis-je ajouter ? Je pense qu’il appartient désormais aux services qualifiés de faire l’enquête qui convient.
(Silence)