Intervention radiophonique avant les législatives
Notice
Éclairage
Trois jours avant le scrutin, lors de la campagne pour les législatives du 2 janvier 1956, François Mitterrand présente la formation politique qu’il a rejointe en 1947 et préside depuis 1953, l’UDSR.
Directement issue de la Résistance, celle-ci, depuis sa fondation en juin 1945, ne pèse guère électoralement. Cependant, dans une IVe République où les majorités reposent sur des formules diverses et instables, elle s’est imposée comme une force-charnière et est toujours représentée dans les gouvernements. Pour ces législatives, elle est divisée mais s’inscrit majoritairement, derrière son président et avec la SFIO et les radicaux, dans le Front républicain, coalition de gauche dont l’âme est Pierre Mendès France. Elle s’oppose principalement – signe d’une bipolarisation encore timide puisque le PCF, ici dénoncé comme « parti totalitaire », reste isolé et qu’une poussée poujadiste menace – à celle du centre-droit menée par le président du Conseil sortant Edgar Faure.
Au cœur de la stratégie de différenciation de l’UDSR et du Front républicain figure la politique à mener au sein des territoires de l’Union française et en Algérie où le conflit, ouvert en novembre 1954, n’a cessé de prendre de l’ampleur au cours de l’année 1955. C’est là le « thème principal » du discours de François Mitterrand, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Mendès France (juin 1954 à février 1955). Il plaide, sans toutefois précisément les définir, pour des solutions ambitieuses car sortant de « la routine » et appelle avant tout à « la paix » mais n’envisage certainement pas une indépendance algérienne, qui n’est alors ni du domaine du dicible, ni sans doute du pensable.
A l’issue du scrutin, le Front républicain remporte une courte victoire, qui le laisse très éloigné de la majorité absolue, et le socialiste Guy Mollet devient président du Conseil alors que François Mitterrand est nommé ministre de la Justice.
L’incapacité de ce gouvernement et de ses successeurs à mettre un terme au conflit algérien va entraîner, après la crise du 13 mai 1958, la chute de la IVe République. Le processus de bipolarisation, esquissé lors de législatives de janvier 1956, est brutalement freiné. Grâce notamment au rôle-clef joué par François Mitterrand, il va à nouveau se développer sous la Ve République.