L'architecture des stations de sports d'hiver

17 avril 1974
02m 17s
Réf. 00097

Notice

Résumé :

Le reportage présente l'architecture de montagne et ses différentes évolutions. Celle-ci a s'est transformée au fil des années notamment car le nombre de touristes augmente constamment. Divers types d'architecture ont donc vu le jour suivant les périodes : chalets ou immeubles. Les stations sont elles aussi différentes suivant les époques de construction : intégrées au village ou créées de toute pièce.

Date de diffusion :
17 avril 1974
Source :
ORTF (Collection: Actualpes )
Personnalité(s) :

Éclairage

Dans ce reportage de l'ORTF en date d'avril 1974, Claude Francillon revient sur les évolutions de l'architecture en montagne, en utilisant comme point de repère les différentes générations de stations. En effet, pour illustrer la diversité des stations de sports d'hiver, de leur modèle d'aménagement et de leur architecture, l'ingénieur des Ponts et Chaussées Georges Cumin, ayant également été à la tête du SEATM (Service d'Études et d'Aménagement Touristique de la Montagne), a proposé une classification distinguant 3 « générations » de stations. Ce reportage s'ouvre avec une succession de plans de la caméra sur des bâtiments typiques des stations de 3ème génération : Flaine, les Arcs ou encore la Plagne, sont bien ces stations à l'architecture novatrice et audacieuse qui fascinent. Cependant, avant de s'attarder sur celles-ci, le journaliste préfère une approche chronologique de l'aménagement touristique en montagne.

Les stations de 1ère génération se créent au début du XXe siècle autour de villages existants : Megève ou la Clusaz en sont autant d'exemples. Ici, le développement du tourisme s'articule tant bien que mal avec la vie de village existante, et c'est bien cette articulation entre modernité et tradition qui est ici filmée. Sur une musique rythmée, les maisons traditionnelles en pierre et les mulets, symboles des temps anciens aujourd'hui révolus cohabitent avec la présence de touristes et l'agrandissement du village qui laisse place à des formes d'architectures plus modernes.

Peu à peu, le développement des stations s'organise, et l'initiative des acteurs locaux dans les premières stations laisse place à l'action des promoteurs. A Courchevel comme à l'Alpe d'Huez ou Chamrousse, des bâtiments sont construits en sites vierges, rompant avec l'architecture montagnarde traditionnelle. Ici, le journaliste est on ne peut plus critique : « on a construit n'importe quoi n'importe comment », « des stations sans âme et sans unité » mettant l'accent sur les prémices de la planification conduisant malgré tout encore à une « croissance désordonnée ». Cependant, si ces stations sont particulièrement décriées, il est intéressant de relever que ces critiques dénotent avec le concerto pour violon joué en fond sonore, qui intuitivement conduirait à sublimer ces réalisations.

Le véritable tournant vient avec l'avènement des stations de 3ème génération, réalisées ex nihilo par un promoteur unique. Ici, il ne s'agit plus simplement de doter le domaine skiable de lits touristiques : la station devient, comme le mentionne le journaliste, un produit qu'il faut vendre. Et pour cela, les architectes vont rivaliser d'imagination pour donner naissance à des ensembles auxquels leur nom demeure aujourd'hui associé : Charlotte Perriand et Gaston Regairaz aux Arcs, Jacques Labro à Avoriaz, Marcel Breuer à Flaine ou encore Michel Besançon à la Plagne. Dans ces stations de 3ème génération, tout a été fait pour parvenir à une cohérence du temps et du lieu, et les promoteurs sont présentés comme leurs vrais patrons. A cette période en effet, la Loi Montagne, bouleversant les leaderships en place en reconnaissant les collectivités locales comme les pilotes du développement touristique, n'est pas encore adoptée (1). Pour parvenir à la réalisation de tels ensembles, le rôle de l'architecte est fondamental. C'est bien ce que détaille l'architecte Jean Claude Bernard interviewé dans le reportage. Ainsi, bien loin des contextes de ZUP ou de ZAC urbaines, les constructions devront relever le pari d'une intégration dans ce milieu si particulier, conduisant in fine à la création de véritables villes à la montagne construites de toutes pièces pour le séjour tout confort d'une clientèle découvrant ces espaces d'altitude. Malgré tout, si cette architecture séduit encore aujourd'hui skieurs et profanes, l'intégration paysagère estivale conduit quant à elle à nuancer ces éloges, en renvoyant les bâtiments à leur vocation première, le ski.

(1) Cette loi sera finalement adoptée le 9 janvier 1985

Pour aller plus loin :

- Cumin Georges (1970) Les stations intégrées. Urbanisme, 116, p.50-53.

- Wozniak Marie (2006) L'architecture dans l'aventure des sports d'hiver : stations de Tarentaise, 1945-2000 (Vol. 109) : Société savoisienne d'histoire et d'archéologie.

Coralie Achin

Transcription

(Musique)
Claude Francillon
Le tourisme en montagne est né en 1860, on découvrait alors les villages d’altitude, c’est-à-dire, de petites maisons en pierres rassemblées autour d’une église.
(Musique)
Claude Francillon
Et situés entre 1000 et 1500 mètres, ces villages accueillaient les premiers skieurs dès la fin du XIXème siècle, deux exemples, Megève et la Clusaz.
(Musique)
Claude Francillon
C’est la première génération de l’équipement touristique, il se réalise avec la collaboration des habitants, le village s’est agrandi, mais sans perdre son cachet.
(Musique)
Claude Francillon
Le grand tournant, et bien, ce sont les années 30, le ski commence à attirer beaucoup de monde. Avec ce second assaut naissent les stations dites de la deuxième génération, Chamrousse, Courchevel, l’Alpe d’Huez, plus tard Tignes.
(Musique)
Claude Francillon
Ici, les promoteurs achètent, remembrent, lotissent des terrains valorisés par des remontées mécaniques, puis ils les revendent.
(Musique)
Claude Francillon
Souvent, on a construit n’importe quoi, voire n’importe comment. Le résultat, des stations sans âme et sans unité qui continuent, aujourd’hui encore, leur croissance désordonnée.
(Musique)
Claude Francillon
A partir de 1960, les promoteurs renoncent à vendre des hectares aménagés pour s’orienter vers le mètre carré. C’est la création des stations en site vierge, Flaine, Avoriaz, les Arcs, le Val-Claret. Leurs vrais patrons, les promoteurs, leur station est un produit, un produit qu’il faut vendre, eh bien, on soignera l’emballage.
(Musique)
Jean Claude Bernard
Ce qui est intéressant là pour un architecte, je pense, c’est quand même, ça sert un peu, ça peut servir de bonne expérience, hein ! On fait là des tentatives architecturales et urbanistiques qui sont très différentes de celles qu’on peut avoir à faire dans un contexte normal de ZUP, de ZAC.
(Musique)