La Vendée militaire

06 novembre 1974
01m 50s
Réf. 00124

Notice

Résumé :
Valentin Roussière, historien vendéen, dessine sur une carte les contours de la Vendée militaire, territoire insurgé de la guerre de Vendée.
Type de média :
Date de diffusion :
06 novembre 1974
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

En 1974, la télévision française diffusa une série intitulée Les grandes batailles du passé, réalisée par Daniel Costelle et Henri de Turenne. Elle faisait suite à une autre série consacrée aux batailles du XXe siècle. C’est dans cet ensemble, qui rassembla des conflits allant de Carthage (146 av J-C) aux Dardanelles (1915) en passant par Hastings (1066) que fut présentée la bataille de Cholet, du 16 décembre 1793. Si le site est situé en Maine-et-Loire, la bataille concerne bien toute la Vendée et bien entendu les habitants du département engagés dans la lutte contre la Révolution. Ce fut aussi aux lendemains de cette bataille qu’une colonne très importante de combattants, mais aussi de femmes, d’enfants et d’hommes sans armes s’engagèrent dans une longue marche jusqu’au port de Granville en Normandie. Cette « virée de Galerne » (du nom d’un vent soufflant du nord-ouest) à la recherche du soutien de l’Angleterre s’acheva par une déroute et un repli sur la Loire. A partir de janvier 1794, sous l’autorité du général Turreau, douze colonnes se mirent en marche pour exterminer « les brigands de la Vendée », commettant des exactions et des massacres dans nombre de villages et de petites villes. Cet épisode, très violent, a profondément marqué les mémoires. Les colonnes furent baptisées « infernales » et de nombreux monuments furent érigés au XIXe siècle en souvenir des personnes tuées. Après la IIe guerre mondiale, on parla d’Oradours pour qualifier ce qui s’était passé, avant que, au moment du bicentenaire, soit lancé la querelle autour du « génocide » ou du « populicide ». Le bilan précis de ces opérations est impossible à établir, le chiffre global du nombre des tués est estimé à 170 000 personnes.
Le film mêlait reconstitution des combats et interviews d’historiens, parisien, comme François Furet, ou locaux, comme ici, Valentin Roussière. Ce dernier (1910-1983), originaire des Herbiers, avait été photographe et journaliste au Phare de la Loire. Il avait entre 1935 et 1939 réalisé des milliers de photographies de la Vendée constituant un fonds documentaire important. Ami des frères Martel, il participe à la vie intellectuelle en publiant plusieurs ouvrages autour de l’évolution contemporaine de la Vendée, notamment Haut-Pays et ­Dieu meurt-il en Vendée ?
Jean-Clément Martin

Transcription

bruit
(bruit)
Journaliste
Et les Vendéens se souviennent, comme Valentin Roussière.
Valentin Roussière
Ce pays a été très longtemps chargé de mystères, on le comprend quand on pénètre dans cette région de bocage, on voit des haies partout. On a l’impression que ce sont des palissades, vous savez, comme dans un camp romain. On a l’impression que le pays est réfractaire, qu’il vous observe, qu’il digère presque ceux qui arrivent. Il y a des chênes qui ont des formes étranges, on dirait des gnomes. On raconte l’histoire d’un évêque qui était presque aveugle, et qui est rentré à la nuit tombante. Fait-il, ce sont mes diocésains, et par la porte de son carrosse, il leur donnait de grands gestes de bénédiction. Mais il y a quelques années, en abattant ces arbres, on trouvait encore, dans ces arbres qui souvent étaient creux, quelquefois, on trouvait des squelettes ; et même des squelettes qui portaient des armes et sur leur veste, on trouvait encore quelquefois des traces d’un sacré coeur. Que s’était-il passé, évidemment, c’est là où s’est passé le grand drame national de notre province, de la Vendée, ce qu’on a appelé la Vendée Militaire. Qu’est-ce que c’était que la Vendée Militaire ? La Vendée, c’est une province de l’histoire qui couvre quatre parties du département au sud de la Loire et à l’ouest de l’océan. Le sud de la Loire-Atlantique, le sud du Maine-et-Loire, le nord des Deux-Sèvres et le nord de la Vendée. Ça représente, au point de vue frontière 100 kilomètres de long de carré, vous voyez ? Et puis, de la population qui y habitait, s’élevait sensiblement à 600000 habitants.