L'identité vendéenne

29 avril 1999
05m 01s
Réf. 00113

Notice

Résumé :
La question de l'identité vendéenne est posée. Elle s'appuierait sur des particularités historiques, économiques et sociales. Mais entre ancrage réel et façade, les avis sont partagés parmi les personnes interrogées.
Type de média :
Date de diffusion :
29 avril 1999
Source :
FR3 (Collection: 12-13 Ouest )
Lieux :

Éclairage

L’identité de la Vendée n’a jamais cessé d’interroger et de diviser. Est-elle enracinée dans le souvenir de la guerre qui a eu lieu entre 1793 et 1796 ? A-t-elle entraîné la constitution d’une société communautaire prolongeant le souvenir des capitaines de paroisse ? Est-elle liée à une volonté partisane qui a entretenu un souvenir légendaire ? Les opinions différentes qui sont présentées ici représentent les différents courants existants. Il n’est pas question de trancher en quelques lignes mais de relever les points d’accord et de désaccord.
La guerre de Vendée est pour tous le moment clé, qui comme le rapporte le commentaire a transformé le département en province. Les illustrations présentées le montrent puisque certaines d’entre elles font écho à des événements qui se sont déroulés dans les Mauges voisines, dans le département de Maine-et-Loire. L’unité est née indiscutablement de la cohésion locale face à Paris et aux villes de la région partisanes de la Révolution. La vitalité du tissu local a indéniablement permis l’essor d’un artisanat et d’une industrie dans les localités vendéennes qui marque la région aujourd’hui. L’écho du spectacle du Puy du Fou a largement dépassé les limites régionales. Faut-il invoquer la foi religieuse des habitants du XVIIIe siècle ? Est-ce l’action d’un missionnaire Grignion de Montfort en délicatesse avec sa hiérarchie qui les a ainsi façonnés ? Quel rôle a joué l’entretien de la mémoire régionale dans la constitution et l’entretien des relations communautaires ? Nous laisserons le spectateur se faire son idée en suivant les différentes interventions.
Jean-Clément Martin

Transcription

Présentateur
Alors dans l’ouest en tout cas, il y a une autre région, une autre, un autre espace qui a une forte identité à côté de la Bretagne, c’est la Vendée. Et là, bien sûr, ça repose aussi sur des aspects historiques, politiques, religieux. Voici l’enquête signée par Evelyne Garcia-Jousset et Antoine Ropert de France 3, Pays de La Loire.
musique
(musique)
Alain Gérard
Je crois qu’il faut remonter à la Révolution, et reprendre la belle formule de Jean Yole. Alors que toutes les provinces sont devenues des départements, la Vendée, c’est le seul département à être devenu une province, tout est dit, je crois.
musique
(musique)
Alain Gérard
Qu’y a-t-il avant la Révolution ici ? Il y a un bocage qui est sans doute plus solidaire, on trouve des communautés plus affirmées, on trouve peut-être une religion plus sensible ; et puis, et puis rien d’autre finalement. Et c’est la Révolution qui crée, en 1790, les départements, donc ce Bas-Poitou devient la Vendée ; et en 1793 se crée cette Vendée disons insurgée, cette Vendée qui s’étend finalement sur tous les bocages du sud de la Loire. Les Vendéens vont au combat sous la direction de leur capitaine de paroisse qu’ils ont nommé eux-mêmes, et puis il y a cette identité globale donnée par la religion. Les vendéens combattent pour la foi, ils se donnent ce drapeau.
Evelyne Garcia-Jousset
Y a-t-il une identité vendéenne, ils sont nombreux, les historiens, à plancher sur la question. Tous ne sont pas d’accord car tous n’ont pas la même lecture de l’histoire et de ses effets. L’identité vendéenne est peut-être trop récente et trop intérieure pour s’imposer d’elle-même à l’image de l’identité bretonne, portée par une culture très forte.
Alain Gérard
Tout l’aspect folklorique, si vous voulez, n’est pas du tout revendiqué en Vendée. Par contre, ce qui est revendiqué, c’est une, un sens de la communauté.
Evelyne Garcia-Jousset
Rechristianisée par Grignion de Montfort, un prêtre progressiste, la Vendée devient communautaire avec des élites locales formées au sein de l’Institution Saint-Gabriel à Saint-Laurent-Sur-Sèvre ou dans le réseau des maisons familiales rurales. Communautaire, le monde agricole, c’est ici que l’on trouvera le plus grand nombre de sociétés de battage, puis de GAEC. La confection, la chaussure, la construction navale, la briocherie, l’identité vendéenne va s’exprimer à travers l’économie. La façade extérieure du stade de France, c’est le Groupe Briand, une entreprise familiale des Herbiers, 863 salariés, 900 millions de Francs de chiffres d’affaires, une progression annuelle de 20 %.
André Liébot
Les patrons d’aujourd’hui, les chefs d’entreprises sont tous issus du milieu du, du terrain, du milieu ouvrier, du milieu technicien, agent de maitrise, commercial ou agricole, donc par conséquent, ils ont gardé ces relations étroites avec leur personnel.
Patricia Brochard
On estime qu’on a en Vendée une main-d’oeuvre qui nous permet vraiment de travailler dans d’excellentes conditions. Ils s’investissent à fond, ils sont capables de donner pour l’entreprise et quelque part, au bout du compte elle leur appartient. Il y a une véritable notion d’appartenance et de fierté. Et je pense que ça fait partie de la qualité des Vendéens, effectivement.
Evelyne Garcia-Jousset
La Sodebo, numéro un français de la pizza fraîche, créée il y a 26 ans par un charcutier de Montaigu, 25 % de progression, toute la famille travaille dans l’entreprise.
Patricia Brochard
On préfère payer bien la main-d’oeuvre, mais justement, elle soit capable de s’investir. Au bout du compte, tout le monde y est gagnant.
André Liébot
Le département de la Vendée est un département dans lequel il y a plus de contrats d’intéressement du personnel au bénéfice de l’entreprise que dans n’importe quel autre département. Ce qui montre à quel point il y a une relation confiante entre les dirigeants d’un côté et le personnel de l’autre.
Evelyne Garcia-Jousset
Un état des lieux que réfute Michel Gautier, membre de l’association une Vendée pour tous, pour qui l’identité vendéenne n’est qu’une façade.
Michel Gautier
Lorsqu’on parle de miracle économique, il y a une réalité, puis il y a aussi toute une part de propagande. Alors la réalité, c’est que des petits artisans locaux sont devenus des chefs d’entreprises, mais on trouve ce phénomène-là dans beaucoup d’autres régions ; ça a été le cas de, c’est un peu comme cela qu’une grande partie de l’ouest de la France s’est industrialisée, ce n’est pas un particularisme vendéen. Mais on a voulu absolument raccrocher ça aux capitaines de paroisses, de la grande guerre de Vendée de 93, et donc on a voulu établir une sorte de lien entre les nouveaux chefs d’industries et puis les capitaines de paroisses. Tout cela fait partie de la légende, il est bien clair qu’il y a un besoin d’identité, que les gens ont besoin de se rattacher à une histoire. Mais malheureusement, les notables de ce pays ont orienté l’histoire, ils ont donné une explication des guerres de Vendée qui est une explication très partisane.
Evelyne Garcia-Jousset
Et pourtant, le spectacle du Puy-du-Fou, grâce à des centaines de bénévoles issus du mouvement associatif, le plus dense de France, se veut depuis plus de 20 ans le symbole de l’identité vendéenne, et ça marche.