Retour de Philippe Jeantot aux Sables-d'Olonne

09 juin 1987
01m 55s
Réf. 00315

Notice

Résumé :
Philippe Jeantot vient de remporter la Course autour du monde à la voile en solitaire sur Crédit agricole. Il est revenu ce dimanche aux Sables-d'Olonne, triomphant, devant une foule enthousiaste venue l'accueillir malgré le mauvais temps. Interviewé, le navigateur affirme vouloir se reposer et évoque la préparation d'une nouvelle course autour du monde en solitaire sans escale.
Date de diffusion :
09 juin 1987
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Thèmes :

Éclairage

Ayant appris un peu par hasard le lancement en 1982 du BOC Challenge, une course à la voile avec escales autour du monde, Philippe Jeantot - ex-plongeur de la Comex, avec laquelle il atteignit, en 1977, la profondeur record de 501 m - parvient à convaincre le Crédit Agricole de la Vendée de lui financer un bateau pour disputer cette épreuve. Afin d’affronter avec le maximum de réussite les aléas de la course, il en définit lui-même le cahier des charges : suffisamment solide pour résister aux rigueurs du Grand Sud et suffisamment léger pour aller plus vite que ses concurrents. Le tout, bien entendu, au coût le moins élevé possible.
Un triptyque qui va s’avérer payant puisque, en s’imposant au Cap, à Sydney, à Rio de Janeiro et enfin à l’arrivée à Newport d’où il était parti 159 jours plus tôt, Philippe Jeantot, alors âgé de 30 ans, réalise le grand chelem en remportant la totalité des étapes du Boc Challenge. Il ne laisse que des miettes à ses adversaires, le meilleur d’entre eux terminant l’épreuve avec plus de dix jours de retard.
Quatre ans plus tard, le skipper réalisera le doublé à la barre de Crédit Agricole III en améliorant de 25 jours sa précédente performance.

Un pari à l’origine du Vendée Globe

C’est durant cette seconde épreuve, à l’occasion d’une escale à Noël 1986, et à la suite d’un pari entre le Sud-Africain Bertie Reed, Guy Bernardin et Philippe Jeantot, qu’est née dans un bar de Sydney l’idée du Vendée Globe. A l’arrivée à Newport, à un journaliste qui lui pose la question de son avenir, le Vendéen d’adoption évoque ce pari mais sans, à l’époque, en faire un réel projet.
L’idée est cependant lancée et reçoit rapidement un accueil favorable du côté des navigateurs. Après avoir un temps hésité, Philippe Jeantot finit par céder face à l’insistance de ces derniers et se transforme alors en organisateur. Moins de trois ans plus tard, et grâce au soutien de multiples partenaires privés et institutionnels, à l’instar entre autres du Conseil Général de la Vendée et de son président d’alors, Philippe de Villiers, le pari devient réalité. La course - sans escale, donc sans assistance - peut s’élancer des Sables d’Olonne en novembre 1989. Parmi les navigateurs au départ, le créateur Philippe Jeantot en personne. Lequel, tout en surveillant la bonne marche de son bateau, continue durant les premières heures de course à passer des coups de fil afin de finir de boucler son budget.

L’Everest des mers

Disputée tous les 4 ans, l’épreuve devient rapidement l’événement majeur de la voile sportive, tant chez les passionnés que près du grand public. Les retombées médiatiques sont rapidement analysées. Du coup, les sponsors s’intéressent davantage à la course, notamment les entreprises vendéennes, telles Fleury-Michon, PRB, Sodebo ou encore Akénas Vérandas, passé de 250 salariés en 2004 lors de son premier engagement auprès de Raphaël Dinelli à 700 sept ans plus tard. « Je n’y connais rien à la voile, j’y suis entré seulement pour le business, avouait sans ambages Christophe Chabot le PDG d’Akéna Vérandas. Mais le Vendée Globe, c’est LA course, la seule en voile qui ait un véritable écho dans le grand public. »
''Terre'' de voile et plus généralement ''terre'' de sports nautiques (surf, kite-surf, plongée, canoë-kayak, stand-up paddle, voile légère, voile habitable, aviron, char à voile, planche à voile, etc.), la Vendée vit une véritable histoire d’amour avec son Vendée Globe. Une histoire d’amour qui a bien failli s’arrêter au début des années 2000 suite aux ennuis judiciaires de Philippe Jeantot.
A l’initiative de Philippe de Villiers est alors créée une Société d’Economie Mixte - au capital majoritairement contrôlé par le département - mais à laquelle sont associées les principales entreprises vendéennes, la ville des Sables d’Olonne, le Conseil régional des Pays de la Loire et la Chambre de Commerce et d’Industrie.
La SEM reprend les rênes de l’épreuve, fédérant tout un département derrière cet événement sportif majeur dont les retombées jaillissent sur toute l’économie locale.
Philippe Beauvery

Transcription

Présentateur
Le retour triomphal de Philippe Jeantot, c'était également aux Sables-d’Olonne, mais hier. En dépit du mauvais temps, des milliers de personnes sont venues saluer celui qui, à deux reprises, a gagné la course au tour du monde en solitaire.
bruit
(bruit)
Journaliste
Il y a cinq ans aux Sables-d’Olonne, on baptisait un voilier du nom de Crédit Agricole. Le skipper, un illustre inconnu, Philippe Jeantot. Avouez que depuis, les choses ont bien changé. Malgré un temps de chien, Philippe Jeantot est rentré dimanche aux Sables-d’Olonne en triomphateur avec un accueil à la mesure de l’exploit qu’il a accompli pendant son second tour du monde. Quant aux dirigeants du Crédit Agricole, ils se frottent encore les mains d’avoir parier un jour sur un scaphandrier qui voulait rester à la surface. Retour symbolique pour Jeantot, c’est des Sables-d’Olonne qu’il est parti il y a moins d’un an.
Philippe Jeantot
Pour moi, c’est vraiment la fin du tour du monde, parce que je suis parti des Sables il y a plus de 8 mois maintenant. Et pour moi, le tour de monde, se termine ici aux Sables. Donc aujourd’hui, ça y est, j’ai fini mon tour.
Journaliste
Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? C’est peut-être un peu tôt pour vous le demander, mais on n’y résiste pas.
Philippe Jeantot
Ah ben, demain, je vais me reposer un petit peu, parce que je viens de passer 8 mois sur Crédit Agricole. J’aime bien naviguer, j’aime bien mon bateau, mais bon, j’ai envie de me reposer un petit peu. Là, je vais partir pendant une semaine aux Seychelles avec ma femme pour me reposer un petit peu. Mais sur un bateau encore, mais sur un privilège, un bateau de croisière. Puis après, bien, on est en train d’étudier une autre course. Alors bon, il y a le Crédit Agricole qui est intéressé, il y a la Vendée qui est intéressée.
Journaliste
Ce sera le tour du monde sans escale ?
Philippe Jeantot
Tour du monde en solitaire sans escale oui, avec départ bon certainement des Sables-d’Olonne.
Journaliste
Ce nouveau tour du monde sans escale cette fois quitterait les Sables en octobre ou novembre 1989, c’est déjà demain.