L'élevage des chevaux en Vendée

11 avril 1973
07m 47s
Réf. 00018

Notice

Résumé :
Hippolyte Bernereau, l'éleveur de la Une de Mai, est un bel exemple de l'élevage vendéen, ancré dans un territoire qui doit faire face aux éleveurs étrangers. C'est la raison pour laquelle le Haras National de la Roche-sur-Yon a été créé, avec pour rôle pilote le développement de la qualité de la production chevaline.
Date de diffusion :
11 avril 1973
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

L’importance accordée à l’élevage équin dans le Bas-Poitou remonte à l’époque moderne puisque les étalons poitevins sont nommément cités dans le premier décret royal des races chevalines présentant un intérêt national de 1665. Jusqu’à la Révolution, la sélection des meilleurs étalons reproducteurs poitevins s’effectue au dépôt de chevaux de l’armée de Fontenay-le-Comte, puis aux dépôts de Saint-Maixent et de Saint-Jean-d’Angély à partir de la création des Haras nationaux par Napoléon 1er en 1806 avant d’être transférée aux nouveaux haras de La Roche-sur-Yon et de Saintes en 1845 et 1849 quelques temps après leur ouverture.
Dès le milieu du XIXe siècle, les chevaux originaires des départements du Centre-Ouest compris entre la Loire et la Gironde sont appréciés pour leur caractère équilibré, leur puissance et leur endurance par le Service des remontes de l’armée et convoités lors des foires. Le cheval vendéen acquiert définitivement ses lettres de noblesse en faisant l’objet du premier recueil généalogique des races équines françaises rédigé par Louis de Cormette, inspecteur général de l’Agriculture et directeur des Haras nationaux dans les années 1880. Cette première étude est suivie par les stud-books du chroniqueur hippique Louis Hamon et de René de Réal, directeur du haras de La Roche-sur-Yon, qui paraissent respectivement en 1889 et 1913.
A l’aube du XXe siècle, l’élevage vendéen-charentais se spécialise vers le cheval de selle grâce à l’apport de purs-sangs anglais et des « Concours Epreuves » d’étalons qui se déroulent chaque printemps à compter de 1913 au haras La Roche-sur-Yon et au centre de dressage de Rochefort-sur-mer dont la création remonte à 1857. A partir de la Belle Epoque, les étalons vendéens acquièrent une cote aussi élevée que leurs homologues normands et les premiers chevaux de course issus de la lignée vendéenne remportent des prix lors de prestigieuses courses hippiques au cours de l’entre-deux-guerres. Malheureusement tous ces efforts sont ruinés par la Seconde guerre mondiale qui voit les étalons dispersés ou tués. L’amour des Vendéens pour le cheval va permettre une lente renaissance de la filière équine après 1945, sous le patronage bienveillant du haras de La Roche-sur-Yon qui retrouve une partie de son lustre d’antan. A la fin du XXe siècle, le département compte autour de 1500 éleveurs de chevaux. En 2006, dans le cadre d’une restructuration des haras nationaux, le haras de La Roche-sur-Yon est repris par le département de la Vendée qui le transforme en « Haras de la Vendée » deux ans plus tard. Tout en demeurant une antenne des haras nationaux, en particulier son très réputé atelier de sellerie, le haras transformé offre 28 formations liées au cheval et s’affirme comme un pôle patrimonial, culturel et touristique majeur dont les activités et spectacles attirent un public nombreux.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

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Hippolyte Bernerau
Le prix d’Amérique, on y croyait, la jument Une de Mai était en condition, comme on ne peut pas espérer mieux, elle était très, très, très bien. La course n’a pas voulu se dérouler en sa faveur du tout. La jument a eu un très mauvais numéro au tirage au sort, il y a eu un départ à l’autostart qui a été soi disant très mauvais, ils sont partis au 2700 mètres ; déjà, les chevaux étaient lancée à 2700 mètres que de, réglementairement, ils démarrent à 2600. Alors, tout ça, c’est un petit peu imprévu, alors ça a faussé toute la course.
Journaliste
Monsieur Bernereau, vous êtes certainement l’un des éleveurs les plus connus en Vendée, dites-nous pourquoi ?
Hippolyte Bernerau
C’est Une de Mai, comme de bien entendu. Sans Une de Mai, on m’aurait sûrement moins connu.
Journaliste
Est-ce que lorsqu’elle a gagné les grands prix, est-ce que pour vous, ça a changé quelque chose ?
Hippolyte Bernerau
Ben, ça a tout changé, oui. Ça a transformé ma vie quand même ! Puisque j’étais boucher avant, comme vous saviez, et maintenant, je me suis mis dans l’élevage. On a une vie plus indépendante, on est plus libre de soi, c’est surtout ça.
Journaliste
La carrière d’un éleveur tient à la réussite d’un seul cheval ?
Hippolyte Bernerau
Ah, ça, c’est tout, c’est la réussite qui compte d’ailleurs, pour un éleveur. Et on travaille un peu pour ça, on vit d’espoir un petit peu dans ce métier-là. Vous savez, quand vous avez un poulain qui naît, c’est comme un billet de loterie. Vous croyez toujours avoir le gros lot au bout des doigts.
musique
(musique)
Journaliste
Le cheval vendéen s’élève non seulement en Vendée mais aussi dans les départements voisins de la Loire Atlantique et des Deux-Sèvres. Sous des modèles différents, reflet de la variété des sols de cette région selon qu’il sera né dans le bocage ou dans la plaine, il se caractérise par de l’équilibre, du calme et de la puissance. En dépit des perturbations de la période de guerre 39-45, les meilleures souches régionales furent jalousement conservées, permettant ainsi à l’élevage du cheval vendéen de s’améliorer au fil des années.
Hippolyte Bernerau
L’élevage vendéen, on a eu beaucoup de réussites. D’ailleurs, on est très bien côtés, aussi bien que les normands, mais à l’heure actuelle, je crois qu’on est dominés sur le plan mondial avec les chevaux américains. Il va falloir y remédier, choisir des étalons américains pour, pour remettre de la souche, du sang davantage dans notre élevage.
musique
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Journaliste
Pour surveiller l’élevage de la race et effectuer un contrôle permanent des origines, un établissement dépendant du Ministère de l’Agriculture a été installé dans la circonscription d’élevage. Il s’agit du Haras de La Roche-sur-Yon, fondé à la fin de la Restauration. Il doit répondre aux besoins variés d’une région où se pratiquent trois types d’élevage : course, selle, trait. Pour sa propre clientèle, qui est numériquement la deuxième de France, le Haras dispose actuellement de 135 étalons de différentes races. Cet effectif de grande valeur qui compte dans ses rangs quelques reproducteurs de réputation nationale, est entretenu par 55 gradés et gardes. Une mission importante que l’on ignore souvent car le Haras de La Roche-sur-Yon a avant tout comme principal objectif le soutien de la production chevaline et sa mise en harmonie avec les besoins de la région.
musique
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Intervenant 1
Eh bien, le Haras de La Roche-sur-Yon joue en effet un rôle pilote dans la production de cette, de ces chevaux. Et il entretient dans ses écuries des étalons, qui comme Popov et d’autres, assurent la continuité de cet élevage et la continuité en qualité d’un élevage dont la réputation dépasse largement les frontières du département. Et dans la mesure où on trouvera pour fournir à l’administration des haras des étalons de qualité, on peut espérer que avec les souches excellentes qui sont, qui ont été maintenues dans la région, espérer que de nouveaux succès illustreront la Vendée à l’avenir, aussi bien en courses qu’en concours hippiques. Nous tenons la généalogie très exacte des chevaux produits dans la région, ce qui nous permet en étudiant les origines, de voir quels sont les croisements les meilleurs pour l’usage recherché.
musique
(musique)
Intervenant 1
L’élevage des chevaux en Vendée, qui est d’une ancienne réputation, se pratique pour différentes, différents usages. Il se pratique pour la course, pour l’équitation et pour la traction animale, maintenant avec une issue boucherie qui est devenue nouvelle ces dernières années. Mais l’essentiel, la caractéristique essentielle de la Vendée, c’est son cheval de selle. Actuellement, il y a environ 1500 éleveurs de chevaux en Vendée, mais sur ce chiffre, on ne compte guère que 4 à 500 éleveurs de chevaux de sang. Ce sont eux qui sont les pilotes de cet élevage du cheval vendéen, hein, dont je vous parlais.
Intervenant 2
L’élevage du cheval vendéen, disons, parce qu’il ne faut pas confondre, c’est bien l’élevage du cheval vendéen, pour nous, c’est plutôt un amour du cheval qu’un rapport, disons, hein ! Le cheval, nous l’élevons parce que nous l’aimons, il y a l’amour du cheval vraiment chez nous.
Journaliste
A quoi ça tient ?
Intervenant 2
A quoi ça tient, ça tient tout à fait au départ, nos parents élevaient les chevaux pour s’en servir, pour travailler en culture, surtout. Nous travaillons uniquement avec des demi-sangs. Vous voyez très facilement des attelages de trois chevaux en file, disons, et nos parents étaient appelés à ce moment-là avant la guerre de 14 et beaucoup avant dans les régiments de cavalerie, soit hussards, chasseurs, cuirassiers. Ce qui nous a permis, nous, leurs enfants disons, de continuer et d’aimer ce cheval comme nous l’aimons actuellement.
Journaliste
Ça fait combien de temps que vous montez à cheval ?
Inconnu
J’ai 77 ans maintenant, ça fait toujours, ça fait 70 ans, il faut bien le dire.
Journaliste
C’est une tradition vendéenne ?
Inconnu
Toutes les sorties avec les jeunes, par exemple, depuis 30 ans, tous les dimanches, je n’en ai jamais manqué une. On s’en allait quelquefois le samedi soir, on faisait une partie en couchant en cours de route quelquefois, chez un ami. On faisait une partie de palet jusqu’à minuit, en chemise quelquefois, ça nous est arrivé des coups comme ça. On a goûté le vin nouveau, on se mettait à trois heures du matin dans le plumard, une heure après, c’était le café, le jus, et on re-sellait, et on repartait. Puis, le lendemain, ben, on revenait dans la nuit, dans la nuit encore souvent !
Journaliste
Aujourd’hui, avec l'essor de l’équitation, la production du cheval de selle en Vendée, en Loire-Atlantique, dans les Deux-Sèvres, est en plein renouveau. Héritiers du demi-sang d’hier, le selle vendéen de la circonscription de La Roche-sur-Yon est un parfait cheval de sport de plus en plus apprécié des amateurs, tant Français qu’étrangers. Et puis, n’oublions pas que sont nés en Vendée de grands chevaux d’hippodrome, alors pourquoi l’avenir ne nous offrirait-il pas un nouveau crack comme Une de Mai ?
musique
(musique)