Un cargo échoué aux Sables-d'Olonne

10 mars 2008
01m 39s
Réf. 00504

Notice

Résumé :
Le cargo Artémis s'est échoué suite à la tempête sur la plage des Sables-d'Olonne. Alors que les curieux affluent pour voir le spectacle, la sous-préfète précise qu'il n'y a pas de risque de pollution et le commandant se dit rassuré pour son équipage. Le remorquage s'avère pour l'instant vain, tant les conditions météo restent difficiles.
Date de diffusion :
10 mars 2008
Source :
A2 (Collection: 20 heures )

Éclairage

Le littoral vendéen possède une riche histoire de naufrages mais la majeure partie d’entre eux appartient au passé révolu de la marine à voile. Chaque tempête s’accompagnait alors de risques importants, les vents dominants d’ouest poussant à la côte des navires désemparés, dont le gréement était devenu impossible à manœuvrer. Les gens de mer sablais et chaumois payèrent par exemple un lourd tribut à la tempête des 27-28 janvier 1881, avec 52 victimes parmi les pêcheurs. De nos jours, ce type d’accident est devenu exceptionnel. D’une part, le modernisme, avec la motorisation des bateaux mais aussi l’amélioration des prévisions et de la géolocalisation, en a limité la fréquence. D’un autre côté, la population sablaise s’est éloignée de ses racines maritimes : le naufrage est désormais devenu un fait divers dont la dimension dramatique est atténuée.
C’est ce qu’illustre le naufrage du cargo caboteur L’Artémis. Pris dans la tempête qui frappait alors l'ouest français, le cargo s’est échoué le lundi 10 mars 2008 vers 6 heures du matin sur la grande plage des Sables-d’Olonne, par forte houle et alors que la marée, d'un coefficient très élevé (106), était haute. Remontant aux causes de l’échouage, l’analyse du Bureau Enquête Accident (BEA) a pointé l’absence de suivi attentif de la navigation, dans de mauvaises conditions météo qui rendaient l’accès au port difficile. De plus, l’équipage du caboteur de 88 mètres de long ne comptait pas de timonier, si bien que le capitaine était seul pour pouvoir barrer le navire et gérer une situation complexe. Enfin, le pilote sablais, dont la fonction est de faire entrer le navire dans le port, était intervenu trop tard, suite à une défaillance du système de localisation du navire, qui n’émettait pas correctement sa position.
Chaîne de défaillances humaines et techniques, l’échouage du navire n’a pourtant pas entraîné la moindre victime. Navigant à vide (sur ballast) et avec sa seule cargaison de carburant, son échouage sur la sable de la plage n’a pas provoqué non plus la moindre pollution, ainsi que le confirme, dès les premières heures, la sous-préfecture des Sables-d’Olonne. Loin d’un drame du littoral, le cargo L’Artémis est devenu durant quelques semaines une véritable attraction touristique. En effet, dans les jours qui ont suivi, le remorqueur d'assistance Abeille-Languedoc a tenté en vain de le remettre à flot, mais les conditions météo étaient trop difficiles pour réaliser cette opération de manière sécurisée. Le déclin rapide des coefficients de marée (morte eau le samedi 15 mars) a ensuite interdit le renflouement, faute d’eau pour seulement envisager de faire flotter à nouveau ce caboteur.
Le dénouement de cet échouage très médiatisé révèle la révolution intervenue de nos jours dans la représentation du naufrage. En effet, il a d’abord fallu dépêcher la police pour éloigner les badauds. Ensuite, le maire des Sables-d’Olonne, Louis Guédon, a fait constater par huissier l'état de la plage avant et après les opérations de renflouement, qui ont nécessité le creusement d'un chenal dans le sable, vers la haute mer. Enfin, renfloué le jeudi 20 mars après-midi, en profitant d’une marée de coefficient 88, L’Artémis a valu au commandant Claden, qui a dirigé les opérations, la médaille de la ville des Sables-d’Olonne, dont l’image touristique, nullement écornée, s’est finalement enrichie de la publicité réalisée autour de ce fait divers.
Thierry Sauzeau

Transcription

David Pujadas
Et autre conséquence de cette tempête, un cargo s’est échoué sur une plage en Vendée. Il n’y a pas de risque de pollution, un étonnant spectacle pour les habitants des Sables-d’Olonne. Sur place, François Privat, Alain Darrigrand.
Journaliste
L’attraction du jour aux Sables-d’Olonne, l’infortune de mer d’un cargo de 88 mètres pris dans la tempête qui s’offre une escale inconfortable sur le sable fin de la plage centrale et des badauds qu’il faut mettre en sécurité.
Inconnue
S’il vous plaît, vous évacuez le bord du bateau, on ne sait pas quelle est la stabilité, allez !
Inconnu
C’est beau à voir, sinon, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?
Journaliste
On pense qu’il en a pour un moment sur la plage ?
Inconnu
Oh oui, certainement, oui.
Journaliste
Les six hommes d’équipage et le pilote du port monté à bord sont sains et saufs. Pris dans la houle ce matin, vers 7 heures 45, le navire est devenu incontrôlable. Est-ce qu’il y a risque de pollution, est-ce qu’il y a…
Patricia Willaert
Il n’y a pas de risque, non. Non, c’est un bateau qui a 40 mètres cubes de gazole dans ses réservoirs.
Journaliste
Inspection rapide de la coque de l’Artémis, elle n’a pas souffert, son capitaine est rassuré.
Intervenant
Everybody happy !
Journaliste
En fin d’après-midi, à marée haute, évacuation du front de mer pour une tentative de renflouement, mais les conditions météo s’avèrent trop difficiles. Le remorqueur ne peut s’approcher de la côte pour tenter de tirer le cargo vers le large.
Pierre Sarrazin
Bon, il y a trop de mer, si vous voulez, trop de conditions, c’est trop difficile pour essayer une tentative en toute sécurité et sérieuse, quoi !
Journaliste
Un nouveau remorquage pourrait être organisé à la haute-mer de 6 heures demain matin. Si elle échoue, le cargo restera sur la plage jusqu’au 7 avril, date de la prochaine grande marée.